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Des tortues qui dansent dans le soleil, des magazines horlogers qui arnaquent les marques, des chaises musicales, des hameçons pour la pêche au gros et des centaines de bougies d'anniversaire à souffler : elle n'est pas belle, la vie des montres ?

POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER DU VENDREDI A...

1)
••• ESSAYÉ DE COMPRENDRE LES STRATÉGIES
À L'OEUVRE DANS LES DATES DES ENCHÈRES HORLOGÈRES DU MOIS DE MAI 2012...
Généralement, tout se passe autour du deuxième week-end de mai (12-13-14 mai), mais, cette année, Antiquorum et Sotheby's avaient annoncé, fin 2011, des dates autour du 20 mai (troisième week-end). Officiellement parce que le salon de l'aviation privée (EBACE) se tenait à Genève le deuxième week-end de mai et qu'il mobilisait trop les hôtels. Même Christie's semblait avoir hésité (ou aurait fait semblant d'hésiter) en faveur du 21 mai, avant de reconfirmer le 14 pour cause de vente trop rapprochée de montres et de bijoux à Hong Kong, fin mai. On était en pleine partie de poker menteur, chacun cachant ses batteries aux autres...
••• In extremis, Christie's maintient le 14, alors même que Sotheby's, qui a décidé de tout miser sur le mardi (analyse Business Montres du 10 février) en tient encore pour le 22. Sentant le piège, puisque les marchands ne se seraient pas déplacés deux semaines de suite à Genève, Sotheby's s'empresse alors de se caler sur le mardi 15, toujours dans la foulée de la vente Christie's. Victime collatérale de ce bras de fer : Antiquorum, pris à contrepied, qui a failli ne pas pouvoir trouver de salle pour le dimanche 13 et dont quelques clients auront du mal à trouver une chambre à Genève le samedi soir (toujours pour cause de salon de l'aviation privée).
••• Question sans réponse : qui conduit les violons du bal et qui mène la danse ? Qui est en mesure d'imposer son agenda et son tempo ? Apparemment, et de façon incontestable, c'est encore Christie's. Toutefois, s'il se confirmait qu'il y a bien eu, dans les coulisses de ce poker menteur, une tentative de piéger Sotheby's et Antiquorum à une semaine d'écart, on pourrait en déduire que la bataille est âpre, impitoyable et même sournoise : elle ne fait que commencer pour le leadership sur ce marché des enchères


2)
••• AIMÉ (BEAUCOUP) LA DANSE DES TORTUES
PROPOSÉE PAR LA NOUVELLE « WHITE SEA TURTLE » DE BLACKSAND...
L’histoire n’est pas forcément facile à comprendre : quatre tortues qui dansent sur un cadran. La carapace de l’une d’entre elles, à 12 h, indique les heures (sautantes). Entre les deux premières, à 6 h, un guichet avec des minutes défilantes (disque). A 3 h, un indicateur jour/nuit qui allume tantôt le soleil, tantôt les étoiles. Le tout avec un cadran saphir aussi complexe que torturé, mais semé de poudre de diamants, la lunette elle-même étant sertie (image ci-dessus). Mouvement automatique « manufacture » (réalisé à l’extérieur, ce qui ne sera bientôt le cas chez Blacksand). Impossible de tout raconter de cette montre en or rose : il faut regarder et tomber (ou ne pas tomber) sous le charme de cette poésie mécanico-animalière, qui tendrait à prouver que le design pur et dur revendiqué par Blacksand peut aussi avoir le cœur tendre...


3)
••• RIGOLÉ EN DÉCOUVRANT CERTAINS HABITUDES
DE LA PRESSE MAGAZINE HORLOGÈRE AVANT BASELWORLD...
Business Montres notait ces jours-ci (15 février, info n° 6) qu’il y aurait au moins six marques sud-coréennes à Baselworld, malheureusement dans trois halles différentes, mais qu’elles présenteraient toutes des produits « Swiss Made ». Une précision qui méritait d’être vérifiée, d’où les contacts et les demandes d’entretien avec ces groupes coréens, qui possèdent effectivement certaines marques « suisses », dont certaines seront présentées pour la première fois à Baselworld. Question angoissée des Coréens à propos de ces demandes : « Est-ce que ces entretiens sont “gratuits“ et “sans frais“ rédactionnels ? Certains magazines nous réclament de l’argent pour publier ces interviews ». On ne donnera pas les noms...
••• En revanche, tant qu’à parler des montres coréennes (celles du Sud, encore qu’il existe un embryon d’horlogerie au Nord), il faut quand même savoir qu’il y a là-bas 80 « manufactures » et 220 entreprises de distribution horlogères, qui emploient environ 3 200 personnes, pour un chiffre d’affaires annuel d’à peu près 1,7 milliard de dollars. Cette industrie coréenne est désormais très faiblement exportatrice (203 millions de dollars en 2000, mais seulement 78 millions en 2010), mais très fortement importatrice (177 millions de dollars en 2000 pour 403 millions en 2010. Les Coréens importent pour 242 millions de dollars de montres suisses, contre 130 millions de montres chinoises. Le niveau technique de la production coréenne équivaut sensiblement à celui de la production japonaise, mais les produit sont moins chers : on peut positionner cette industrie horlogère coréenne entre celle de la Chine et celle du Japon...


4)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ...

••• CHAISES MUSICALES (1) : le Dr Jürgen R. Lange quitte la présidence de la marque H. Moser & Cie, qu’il dirigeait depuis 2005 et dont il avait piloté la résurrection depuis 2002 (en même temps que Precision Engineering). Alors qu’il voyait s’ouvrir un véritable boulevard devant lui, sur le marché – relativement disputé – des montres néo-classiques, cet ancien lieutenant de Günther Blümlein, formé à l’école IWC, n’a jamais vraiment réussi à y imposer sa marque – à la fois par un excès de timidité et un éloignement fâcheux du mucrocosme horloger suisse. Schaffhouse, c’est très (trop) loin des watch valleys et ça finit par se payer cher en termes d'isolement culturel !

••• CHAISES MUSICALES (2) : Beat Weinmann, qui dirigeait les boutiques Embassy (Lucerne), rend son tablier pour diriger la nouvelle marque Ochs und Junior, lancée par Ludwig Oechslin, qui ne devrait lui-même pas tarder à renoncer à ses fonctions de conservateur du musée international d’Horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds.

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (1) : la marque Ochs un Junior commençant réellement à se structurer, à décoller et à ressembler à une vraie marque à part entière, ce qu’elle n’était pas encore tout-à-fait (voir ci-dessus), on peut en faire la référence # 27/Génération 2012 et lui souhaiter bonne chance

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (2) : sortie de nulle part et repérée sur les réseaux sociaux, la maison QRVE Design (qui sera la référence # 28/Génération 2012) se distingue, comme son nom l’indique, par un design assez léché, très propre sur lui, sans qu’on distingue clairement ce qui relève du pur concept graphique et de la collection réellement consistante...

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (3) : pour changer, on nous vante, avec les montres Égard (Los Nageles), des « luxury timepieces qui, à défaut de l’être (il faudrait vérifier montre en main), se distingue par un design amusant, des aiguilles jaunes et des chiffres romains oranges, les parties visibles du mouvement étant elles-mêmes traitées en orange, ce qui allume de réjouissants incendies sur le cadran (référence # 29/Génération 2012)...

••• HERITAGE WATCH MANUFACTORY : pour partir à la pêche au gros, c’est-à-dire à la super-complication « jamais vue » qu’il dévoilera à Baselworld, Karsten Frasdorf (Heritage Watch Manufactory) utilise de drôles d’hameçons : on ne sait pas encore si ça marche aussi sur les rives du Rhin, à Bâle (Business Montres du 16 février)...

••• HUBLOT : impressionnante (et très remarquée) présence de la marque au stade des Miami Heat (AmericanAirlines Arena de Miami), dont la superstar, Dwyane Wade, est « ambassadeur Hublot ». Les photos du Hublot’s VIP Lobby ressemblent plus au stand Hublot de Baselworld qu’à un espace VIP. La nuit (voir les autres images sur le lien ci-dessus), c’est encore plus impressionnant...

••• NORD ZEITMASCHINE : drôle de nom de marque pour une drôle de montre à « embiellage contre-rotatif excentrique ». Daniel Nebel, son créateur, était une des bonnes surprises de Baselworld 2011. Il revient à Bâle cette année avec une version plus travaillée de sa « Variocurve », dont on peut découvrir le fascinant cadran sur un film d’animation de la chaîne images de Business Montres (animation indispensable pour bien comprendre le fonctionnement de cet embiellage contre-rotatif)...

••• ROLEX (1) : une nouvelle boutique, la première en Suisse (hormis celle de Genève, qui est d’ailleurs directement gérée par Rolex). Elle sera ouverte cet automne, à Zurich par Bucherer, dans la Bahnhofstrasse (n° 17).

••• ROLEX (2) : rumeurs de plus en plus consistantes autour du lancement d’une « petite » complication à Baselworld – certains allant même jusqu’à promettre un calendrier perpétuel, mais un retour à la « triple date phases de lune » comme dans les années 1950 s’avère plus que probable. Dans quel boîtier : Oyster ou Prince ? That is the question : effectivement, Rolex aurait tout intérêt à vouloir réanimer sa ligne Prince, qui n’est pas vraiment un best-seller, mais qui autorisait à la marque beaucoup plus de fantaisies au-delà des rigides codes Rolex...

••• TUDOR : apparemment, pour Baselworld, on n’y coupera pas d’un « Big Crown » Heritage Black Bay modern style, directement inspirée par un très ancien modèle de la collection (la légendaire réf. 7922). Ce serait parfaitement logique après le succès de la réédition de l’Advisor en 2011 : une stratégie de rétro-créativité justifié par jachère dans laquelle la marque est trop longtemps restée, mais qui risque de s’avérer rapidement trop défensive face aux nouvelles générations d’amateurs que l’âge d’or des fifties ne fait guère rêver...

••• VAN CLEEF & ARPELS : retour sur les bancs de l'école pour un « parcours d'initiation au monde de la joaillerie ». C’est la mission de la nouvelle Ecole Van Cleef & Arpels, qui nous invite à partager l'expertise des métiers d'art, pour initier les amateurs à l'excellence de la joaillerie. Une école ouverte à tous les amoureux de la beauté, amateurs avertis ou professionnels. Il s'agit, pour Van Cleef & Arpels, de partager son joyau le plus inestimable : son savoir-faire. Donner des clefs, faire comprendre, en un mot, initier à ce qu'est l'âme de ce métier d'exception. Film d’animation et de présentation à découvrir sur la chaîne images de Business Montres...

••• NOUVEAU « SWISS MADE » : effet d’annonce de la FH autour du passage aux 60 % de valeur jaoutée suisse, mais « qui exige de la FH qu’elle exige un renforcement de ce Swiss Made ? Business Montres (16 février) veut bien parier qu’il s’agit là d’une offensive télécommandée par les grands commanditaires de la FH, comme le Swatch Group, qui vient d’achever sa mutation industrielle (celle qui lui permet d’afficher un honorable 60 % suisse pour ses fournitures industrielles) et qui savonne ainsi la planche des marques et des groupes qui lui font concurrence...

••• « SWATCHGATE » (supposé) : mais pourquoi les hauts dirigeants du Swatch Group ont-ils l’interdiction de se rendre en Inde, alors que le groupe proclamait récemment, ubi et orbi, l’intérêt stratégique de ce marché-clé pour les industries du luxe ?
••• Et pourquoi trouve-t-on actuellement, dans la presse indienne (exemple : India Wires), autant d’articles téléguidés par le CBI (Central Bureau of Investigations) pour raconter que la Suisse est le principal refuge des capitaux offshore et de l’argent sale des « évadés fiscaux » indiens ? L'ambassade de Suisse en Inde conteste (source : DNA)...

••• CONSOMMATION DE LUXE : étude américaine intéressante chez Unity Marketing (Pam Danziger), qui a remarqué un curieux effondrement de l’indice de confiance chez les riches consommateurs de luxe. Un décrochage est en cours et le refus de tout « engagement » prévisible est notable : ce n’est pas un manque d’entrain pour consommer, mais une mutation vers une forme de consommation de luxe plus discrète et moins ostentatoire. Un « signal faible » à surveiller de près...

••• ANNIVERSAIRES HORLOGERS : samedi et dimanche prochain, dans « Goûts de luxe » (radio BFM Business, France), on va souffler quelques centaines de bougies pour saluer les grands anniversaires que l’horlogerie fêtera en 2012 (des 190 ans de Bovet aux 20 ans de Franck Muller). Une chronique horlogère de Grégory Pons (Business Montres)...