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ACTUALITÉS : Facturer n’est pas prouver !
 
Le 20-02-2012
de Business Montres & Joaillerie

Personne ne remet en cause le principe d’un renforcement de la valeur ajoutée suisse dans le « Swiss Made ».

Passer cette qualité Swissness à 60 % n’a rien de révolutionnaire pour les montres.

Encore faut-il ne pas transformer ce débat stratégique décisif en fantastique bal des hypocrites !

Business Montres évoquait hier (16 février) les non-dits du soudain emballement pro-60 % de la FH et les vrais cibles tactiques de l’opération.


Il faut quand même recadrer la discussion : beaucoup de marques – qui approuvent et défendent médiatiquement ces 60 % – s’avèrent parfaitement incapables, aujourd’hui, d’en respecter l’esprit, voire même seulement la lettre [ça ira mieux demain, quand les usines annoncées un peu partout auront poussé comme des champignons]...

Faute de capacités industrielles, la Suisse est incapable de produire elle-même, sur place, les trois-quarts de ses composants d’habillage, d’où son recours à la sous-traitance asiatique, à la périphérie de l’empire chinois (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, etc.). Trois boîtiers Swiss Made sur quatre ne sont pas réalisés en Suisse ; il en va de même – à peu de choses près – pour les bracelets, les aiguilles, les cadrans ou certains composants des mouvements.

On cherche en vain, du côté des marques et des groupes qui produisent des centaines de milliers, parfois même des millions de montres suisses, les copeaux d'usinage, les chaînes et les fabriques capables de les produire, qu'on parle de 100 %, de 80 % ou même de 60 % des volumes annoncés : les équations économiques sont plus fortes que les effets d'annonce...

Argument de ces marques : les factures de leurs fournisseurs suisses ! Impeccablement rédigées et plus suisses que nature, elles donnent un indéniable parfum « Swiss Made » à toute la production. Mais qui fournit ces fournisseurs ? Et où passent-ils commande pour les demandes de leurs grands donneurs d’ordre ?

Plus fort : qui contrôle quoi à la FH, dont on vient de découvrir qu’elle est consciente de la « multiplication des abus » de la part de ces « nombreux opportunistes qui veulent leur part de gâteau ». Aveu fatal d’une « érosion qui menace la place industrielle » suisse : « Malgré tout, des montres Swiss Made continuent d'être vendues légalement aujourd'hui alors qu'elles présentent une valeur suisse d'à peine 20 % ». Malgré quoi ou malgré qui ? On aimerait savoir...

Et la FH ne fait rien ? On imagine la rigolade de ceux qui sont à 40 % ou qui atteignent – uniquement sur le papier – la barre fatidique des 60 %...

Présenter des factures en ordre n’est pas une preuve absolue et certaine de suissitude vraiment China proof : il faut qu’un censeur indépendant, doté de moyens d’investigation crédibles et d’une autorité légitime, puisse contrôler l’origine industrielle réelle des différents composants d’une production, en dehors de toute pression des grands donneurs d’ordre de la branche horlogère. Pour envoyer un message fort aux consommateurs du monde entier et restaurer la confiance dans le « Swiss Made », il faut prendre des mesures fortes et lisibles...

Quand on voit ce qui est dédouané dans les ports-francs suisses, de quelle provenance c'est dédouané et par qui c'est dédouané, on se dit que ce censeur ne manquera pas de travail dans les années à venir. Ce gendarme de la suissitude sera même des plus gros employeurs de la branche...

 



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