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Baselworld dans pratiquement dix jours : trop tard pour ceux qui sont en retard !

Ils se rattraperont l'année prochaine, puisqu'on décomptera quatorze mois entre deux éditions de Baselworld...

POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER DU VENDREDI A...


1)
••• LES HABITUELLES RUMEURS PRÉ-BÂLOISES
ET LA MÉFIANCE À GARDER SUR LES MANIPULATIONS DES UNS ET DES AUTRES...
Comme toujours, à la veille des grandes messes horlogères, quelques âmes charitables tentent de distiller quelques informations et quelques intoxications qui feront leur chemin dans les conversations sous cloche de la profession. A croire que certains chercheurs en psychologie tiennent à étudier la dynamique des rumeurs contemporaines en milieu clos : imaginez, servez, agitez, c’est gagné. A défaut d’être original - c’est même assez répétitif à chaque veille de Bâle -, c’est au moins salutaire pour garder les bons réflexes...
••• Rumeurs de chaises musicales : on pourrait constituer plusieurs équipes du tournoi des Six Nations avec les patrons de marque qui « ne-passeront-pas-Baselworld » et qui sont toujours en place l’année suivante. C’est vrai pour certains, mais on remarque l’extraordinaire attentisme des conseils d’administration, dans les groupes ou chez les indépendants. Donc, question à ne pas poser : « Alors, il paraît que c’est ton dernier salon ? ». Ce qui n’enmpêchera pas certains « transferts » dans les semaines qui viennent...
••• Rumeurs de rachats : là, c’est plus consistant, et il y aura, ce printemps, une, sinon deux grosses poignées de changements de propriétaire, qu’on parle de marques (grandes et petites), de réseaux de distribution (locaux ou exotiques) ou de fournisseurs (plus ou moins stratégiques). C’est normal dans une activité aussi résolument cyclique que l’horlogerie : les grandes manœuvres sont permanentes – ce qui est pris n’est plus à prendre. Pronostic Business Montres : six cessions notables dans le Monopoly horloger avant l’été - non comprise la consolidation verticale qui est annoncé dans l’info n° 4 ci-dessous...
••• Rumeurs de création de marques : on est loin de l’intox, puisque le compteur de Business Montres en est déjà, pour les huit premières semaines de l’année, à 33 nouvelles marques de la génération 2012 - voir, ci-dessous, info n° 4 -. On annonce d’autres lancements dans les mois qui viennent, en Suisse ou ailleurs...
••• Rumeurs de variations saisonnières : viendront, viendront pas ? - rayez les mentions inutiles : les Arabes, les Américains, les Russes, les Chinois, les Latino-Américains, les autres -... Le début de cette année a envoyé des signaux plutôt positifs sur tous les marchés : il n’y a donc pas de « dépression post-SIHH » et Baselworld s’annonce serein, conquérant et positif. Autant se concentrer sur la fête de la famille, même s’il est certain que les affaires seront moins volumineuses qu’en 2011 – dont toutes les commandes sont loin d’avoir été livrées...


2)
••• « LES STRATÉGIES DISRUPTIVES FONT LA FORCE D’UNE MARQUE »
(À PROPOS DE LA « NÉCESSITÉ ABSOLUE D’AVOIR DES IDÉES »)...
Rien de commune entre l’industrie alimentaire et l’horlogerie, sauf que le directeur marketing de Canderel et Pure Via, Olivier Badinand (interrogé par INfluencia) a des choses à nous dire. D’autant que le marketing de l’ersatz de sucre est tout sauf évident, et il y faut des idées fortes : « Le meilleur exemple est ce que nous avons été capables de faire avec l’un des plus grands créateurs de mode, Karl Lagerfeld, qui a accepté d’habiller une de nos références Canderel avec une série complète de photographies prise par lui sur le thème des péchés capitaux.
Une collection incroyablement reprise et une stratégie qu’aucune marque alimentaire n’avait jamais été capable de mettre en place sauf peut-être une célèbre marque de sodas, mais plusieurs années plus tard ». Beaucoup d’humilité face au marché, encore plus de travail pour comprendre ce qui s’y passé et des convictions fortes, même et surtout pour des « sucrettes » : « Les femmes et les hommes de marketing se doivent d’être des instinctifs, des émotifs. Des émotifs pour autant un peu particuliers qui doivent être aussi à même de mesurer, de chiffrer, d’analyser… donc en résumé des émotifs analytiques… Notre métier reste avant tout orienté et mené par les idées. Nous devons être capables de nous entourer de gens qui vont nourrir cette nécessité absolue d’avoir des idées. Pour cela l’affect, l’instinctif est primordial. Mais les enjeux sont tels qu’il faut à un moment ou un autre mesurer tout cela »...


3)
••• LA TENTATION INSTRUMENTALE (VARIANTE : STYLE TABLEAU DE BORD)
COMME TENDANCE HORLOGÈRE MAJEURE DU PRINTEMPS 2012...
On sort du vintage pour entrer dans un registre plus « instrumental », avec des montres qu’on pourrait poser sur une planche de bord et qu’on prendrait pour des compteurs de navigation. Bell & Ross avait créé la tendance avec sa BR « Instrument », si disruptive lors de son lancement et transformée depuis en quasi-standard de l’horlogerie à vocation militaro-mécanique. Dans une gamme ultra-accessible, où seuls comptent l’allure de la montre, Offshore Limited (une jeune marque française) nous propose cette saison une gamme « Force 4 Sonar » directement inspirée par les écrans radar (là encore, Bell & Ross avait ouvert la voie avec sa Radar). Spectacle assuré grâce au design de Christian Martial, détails de finitions ou de matériaux qui consonnent bien avec ce concept « instrumental », effets lumineux garantis (mouvements électroniques) et forte impression au poignet (image ci-dessus). La marque ne se prend pas au sérieux, mais les amateurs qui aiment ces montres prendront très certainement très au sérieux leur veille sonar : ça fait quand même 60 mm au poignet ! Perdreaux de l’année s’abstenir : c’est Steven Seagal ou rien...


4)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ ÉDITORIALE...

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (1) : sister brand de CX Swiss Military Watch (montres étanches à 20 000 pieds), Das Boot se positionne sur le créneau des « plongeuses » militaro-nostalgiques, avec le sous-marin U96 pour icône, celui de la bataille de l’Atlantique et du film éponyme (référence # 32/Génération 2012). On a les nostalgies qu’on peut...

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (2) : dans la série des nouveaux concepts monochrome,-monomatière personnalisables (créneau de plus en plus encombré), voici Sismeek, qui sera la référence # 33/Génération 2012. Un cadran et deux, trois ou quatre bracelets : ça part tout seul en boutique, c’est amusant, c’est pas compliqué (chacun joue selon ses idées, sur la base de la gamme Pantone) et, pour des montres monochromes, c’est tout sauf... monotone ! Design plutôt léché...

••• NOUVELLES MARQUES 2012 (3) : le nom de la marque est probablement dérivé du finnois, mais la marque Sisu est californienne, virile, musclée (54 mm) et destinée à séduire des machos qui « en ont » – et qui aiment le design un peu brutal, les angles marqués, les codes couleurs simples et les finitions mollettées (référence # 34/Génération 2012). Pour voir ces montres en mains et en taille réelle, un repérage d’Ariel Adams pour A Blog to Read...

••• ARTYA : Yvan Arpa lance la montre « Rust and Dust » (pièce unique) pour « fêter son triomphe » dans le différend qui l’opposait à son ancienne marque, Romain Jerome (son départ état un révélation Business Montres du 6 juillet 2009). La justice genevoise aura mis trois ans pour donner totalement raison à « l’ingérable Mr Titanic », qui demeure – incroyable ! – actionnaire de son ancienne maison ! L’acier de sa nouvelle montre incorpore le métal des agrafes de toutes les paperasses judiciaires accumulées en trois ans de procédures et, comme il a tout brûlé, le cadran de la « Rust and Dust » contiendra des cendres de cet autodafé symbolique. La montre du Jugement dernier ?

••• BELL & ROSS : pour une fois, les bracelets, pas les montres. Le fournisseur officiel de la marque travaille toutes sortes de cuirs, y compris des peaux tatouées, des « cartouchières suisses » ou « des étuis de chargeurs français » (belles peaux à « cicatrices »). Comme son nom ne l’indique pas, 01struments Straps est un atelier français qui travaille quasiment sur mesures et à la commande...

••• CHRISTOPHE CLARET : c’est parti pour la « concept watch » X-Trem-1 supposée reculer les frontière du monde horloger. Business Montres avait déjà évoqué (10 février) la « tuyère latérale de cette montre. Sur une vidéo (à découvrir sur la chaîne images du Quotidien des montres), on distingue clairement le « boulet » de ce canon, en liaison probablement fonctionnelle avec une chaîne des heures (marquée 2-12), ainsi qu’un tourbillon « incliné » par rapport au plan de la montre. Pas encore de quoi reculer les limites du monde connu de l’horlogerie : tout le mystère doit être dans le « tube » : quelle est l’énergie déployée ?

••• CVSTOS : tout s’exporte à Doha (Qatar), même le fottball parisien, sachant que l’équipe du PSG appartient désormais à un fonds qatari. C’est pour ça que Cvstos mouille son maillot à Doha...

••• CYRUS : la jeune marque de Laurent Lecamp prend son métier très à cœur et investit sur l’avenir. Ne serait-ce qu’en signant un partenariat à long terme (dix ans) avec son motoriste préféré, Chronode (Jean-François Mojon) : un message fort et crédible adressé à la communauté des distributeurs. L’actionnaire suisse de la marque va plus loin : il vient de racheter quelques-uns de ses fournisseurs pour « sécuriser ses approvisionnements (décolletage, roulage, etc.). Détails complémentaires à venir, mais la verticalisation n’est pas l’apanage des grands groupes : au moins, quand on se rachète entre indépendants, la tentation du monopole agressif s’estompe...

••• DELANEAU : joli coup, l’histoire de l’« espace containers » imaginé par DeLaneau au centre du Hall 2 de Baselworld (information Business Montres du 24 février) ! On regrette que Baselworld n’institutionnalise pas cette tendance en créant, à la place du Palace ou sur la Piazza, un vrai village éphémère de containers...

••• HEBE : on n’a pas tous les ans 111 ans, mais c’est la chance des montres Hebe (Alle, dans le Jura suisse), qui s’affirme « experts en montres suisses depuis 1901 »...

••• HERITAGE WATCH MANUFACTORY : on commence à en savoir un peu plus sur la montre « révolutionnaire » que Karsten Frasdorf devrait révéler à Baselworld. Pour y comprendre quelque chose, il va falloir réviser ses classiques de la culture horlogère, en commençant par les « équatoires » du Moyen-Age pour finir du côté des explorateurs de l’espace (hors système solaire), en passant par John Harrison et ses chronomètres de marine. Prise de tête garantie, mais ça semble effectivement plutôt fracassant (dernière information : Business Montres du 23 février)...

••• ICE-WATCH : déjà perdant face à la marque Lego, qui lui reprochait d’avoir imité ses fameuses briques pour créer les emballages de ses Ice-Watch, Jean-Pierre Lutgen, le créateur de la marque Ice-Watch, vient de perdre une deuxième manche face aux marques qu’il accusait de copier ses collections et de concurrence déloyale. Le tribunal de commerce de Liège vient de lui donner tort, en considérant que les Ice-Watch n’étaient pas elles-mêmes des « créations originales », mais un « choix marketing ». Avec cet argument massue : « Ice-Watch ne peut pas s’approprier ce qui est banal ». Reste à présent l’affaire pendante en Suisse contre le Swatch Group, qui veut lui interdire d’exploiter Ice-Watch, marque jugée trop consonnante avec Swatch...

••• ROGER DUBUIS : Gerard Butler, le héros excaliburien de la marque, avait le nez un peu trop poudré. Il est en cure de désintoxication (source : TMZ), ce qui fai un peu désordre pour un chevalier des temps modernes. Le célébrity marketing est une pratique à risques...

••• SINCERE WATCH : suspension surprise de la cotation de l’action Sincere Watch (distribution de montres suisses) à la Bourse de Hong Kong, dans « l’imminence d’une annonce susceptible d’influer sur le prix de l’action ». Les grandes manœuvres avaient commencé autour du titre depuis quelques jours, avec une remontée assez spectaculaire du cours. Les gendarmes de la Bourse devenant plus méfiants, il aura fallu calmer le jeu en attendant cette « annonce officielle », dont on ne sait si ce sera une bonne ou une mauvaise nouvelle, l’hpothèse la plus probable circulant à Hong Kong étant celle d’un rachat – hostile ou défensif ? – de Sincere Watch, soit par des intérêts économiques singapouriens, soit par des Hongkongais, soit par des Chinois. Ou par les trois à la fois, allez savoir ! A suivre... la semaine prochaine !

••• ENTENDRE LE TEMPS : un vieux rêve, mais, par curiosité, on peut jeter un œil sur une vidéo et écouter cette « Time Melody ». Les amateurs de musique expérimentale contemporaine vont se régaler : « Pour la réalisation de cette vidéo, un instrument de musique a été spécialement créé : un moteur fait tourner un heurtoir qui percute une corde unique à chaque révolution, soit une note jouée toutes les 6 secondes. Le sample d’une révolution a été dupliqué 12 fois, augmenté d’un demi-ton et accéléré d’un douzième de son temps initial à chaque fois. Les douze samples ont été disposés en étoile autour d’un axe central, celui du moteur. Chaque rayon du cercle ainsi obtenu correspond à une note différente, plus aigüe l’une que l’autre dans le sens des aiguilles d’une montre. La composition musicale, purement mathématique, est basée sur les intervalles : la fondamentale joue d’abord seule (correspondant à midi), suivie de l’intervalle fondamentale – quinte diminuée (correspondant à 6 heures), suivi de l’ intervalle fondamentale – tierce majeure – quinte augmentée (correspondant à 4 heures et 8 heures), suivi de l’ intervalle fondamentale – tierce mineure – quinte diminuée – sixte (correspondant à 3 heures, 6 heures et 9 heures) et ainsi de suite jusqu’à jouer toutes les notes de la gamme. C’est dans la différence de vitesse des aiguilles, renversant systématiquement la mélodie jouée et provoquant des déclenchements de notes simultanés, que réside le caractère aléatoire de la composition ». Les amateurs de Mozart sont déjà loin...