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La marque genevoise parle de «désaccords et de résultats jugés insuffisants»
La responsable des relations publiques de la société genevoise Montres DeWitt ne manque pas de travail. Dans la plus grande urgence, elle doit décommander des dizaines d’entretiens prévus entre la directrice générale de l’entreprise horlogère et des journalistes, à quelques heures de Baselworld, salon horloger qui ouvre demain jeudi ses portes. Raison de ces annulations de toute dernière minute? Nathalie Veysset, l’une des rares femmes aux commandes d’une marque horlogère en Suisse, a été débarquée avec effet immédiat moins d’une semaine avant le rendez-vous capital de Bâle. Officiellement très peu d’éléments ont filtré. Si ce n’est que «des désaccords sur la stratégie de la société ainsi que des résultats insuffisants ont poussé la maison à se séparer de Madame Veysset», déclare-t-on à l’interne. Cette ancienne de Credit Suisse avait pris les rênes de la société en avril 2008, quelques mois à peine avant le déclenchement de la dernière crise financière, et par ricochet, celle de l’horlogerie.
Jérôme de Witt à la tête
C’est Jérôme de Witt, fondateur en 1999 de cette marque de niche, qui reprend le flambeau en tant que président exécutif. Il assurera toutes les interviews durant le salon et la nouvelle organisation se mettra en place petit à petit, après Bâle, affirme-t-on encore à Meyrin. La marque n’est toutefois plus à vendre, alors que son dossier a circulé durant plusieurs mois dans les coulisses horlogères.
Cette reprise en main semble confirmer les difficultés des petites marques indépendantes face aux grands groupes. La société a ainsi souffert de la crise et de ses suites, nécessitant notamment des injections de fonds – dont une hausse du capital de 7,5 millions de francs. Pudiquement, dans une interview donnée l’an dernier au Temps, Nathalie Veysset ne cachait pas les effets sévères de l’après-récession. «Il a fallu faire preuve de stoïcisme, de philosophie, de patience, faire un travail introspectif sur la marque, ses valeurs et son positionnement et se concentrer sur les fondamentaux», disait-elle. Bref, tout revoir de fond en comble, simplifier et réorganiser les structures, ainsi que le réseau de distribution. Apparemment, cet assainissement n’était pas suffisant aux yeux du propriétaire de la marque, le baron Jérôme de Witt. Connue pour ses montres techniques dont le prix s’échelonne de 20 000 francs à plus d’un million, Montres DeWitt emploie quelque 70 personnes à Meyrin. L’entreprise écoule entre 1000 et 1200 montres par an, pour un chiffre d’affaires un peu en deçà de 40 millions de francs.
Bastien Buss
LE TEMPS
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