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L’horlogerie s’apprête à vivre dès jeudi son examen annuel durant huit jours sur les bords du Rhin. Une édition de Baselworld moins débridée, qui pourrait être celle de la confirmation.
«On répare maintenant les voitures avec un ordinateur. La montre est quasiment le dernier dispositif nous permettant d’apprécier la fine mécanique», lance Kalust Zorik, grand connaisseur des stratégies horlogères.
Et ces belles mécaniques trôneront aux côtés des quartzs et métaux précieux pendant huit jours à Baselworld. Tout le petit monde horloger, doublé des bijoutiers, a rendez-vous sur les bords du Rhin. 1815 exposants, 3000 journalistes, 100'000 visiteurs attendus.
Après un solide creux de la vague en 2009, le secteur sort de deux années record en termes d’exportations. Et cette 40e édition du salon bâlois devrait être celle de la confirmation, juge le co-fondateur de l’Institut du Marketing horloger de la HES ARC.
«Les retours après le Salon International de Haute Horlogerie de Genève ont été bons et je pense que nous en verrons la confirmation à Bâle. Ce qui en sortira donnera le trend de l’année qui suivra et de la suivante.»
Un œil sur les nouveaux marchés
Kalust Zorik surveillera en particulier l’accueil réservé aux nouveautés horlogères par les professionnels de «territoires émergents» comme l’Inde, le Vietnam, la Corée et l’Amérique du Sud.
D’autant que, selon lui, tous les segments de l’offre ont pris le train de l’innovation. «Ça bouge beaucoup dans le design extérieur comme au niveau des mouvements, dans les squelettes et les complications», observe-t-il.
Le «bling-bling» d’il y a quatre ou cinq ans, c’est fini, selon lui. «On est aujourd’hui dans l’ostentation reposant sur la culture horlogère, juge Kalust Zorik. Et les entreprises adaptent leurs modèles aux cultures de leurs différents marchés, dont ils commencent à bien comprendre les exigences propres.»
La Chine par exemple, eldorado actuel des fabricants suisses, apprécie les produits «classiques contemporains», loin des excentricités techniques et autres produits décalés recherchés par des marchés plus mûrs.
Un autre sur les «newcomers»
Cette dernière famille d’objets horlogers a connu une véritable explosion ces dix dernières années, avec de nouveaux acteurs qui «apportent beaucoup» au Swiss made sous l’angle de la créativité, constate Kalust Zorik.
Toutefois, ce «renouveau flagrant» interroge l’homme de marketing. «Les grands groupes horlogers comme Swatch Group ou Rolex feront d’excellentes affaires à Baselworld. Mais il faudra voir comment les nouveaux arrivants seront acceptés par la clientèle».
Une incertitude très actuelle. Car l’horlogerie, dans l’environnement actuel d’incertitude économique globale, n’envisage plus cette année qu’une croissance à un chiffre.
Par Pierre-François Besson
24heures
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