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La trentaine de procédures juridiques entamée par l’instance propriétaire de Romain Jerome contre Yvan Arpa ont toutes échoué. Licencié sur le champ le 6 juin 2009, avec quatre membres de son équipe rapprochée, celui qui en fut le CEO entre 2006 et 2009 sort entièrement blanchi au sortir de trois ans d’une bataille sans merci menée contre lui, par tribunaux interposés, vraisemblablement au nom de l’ego barbouillé d’un puissant. Le pot de fer s’est acharné, le pot de terre a résisté, il ne s’est pas laissé salir. Trois ans de procédures, ça doit valoir son pesant de paperasse! Non pas pour cocoricoter sur sa victoire, mais visiblement pour tourner définitivement une page au goût amer, Yvan Arpa a, au cours d’une cérémonie improvisée pour ses proches, brûlé théâtralement l’ensemble des dossiers de ces procès, après en avoir au préalable récupéré les agrafes métalliques -ça a pris tout de même plus d’une semaine. Avec son éternel sens du happening et pour sa marque Artya, il en a créé une pièce unique, la Rust & Dust is a Must (à découvrir en clair à BaselWorld). Une pièce dont la rouille du boîtier -il fut le premier à introduire dans le luxe cette ennemie publique de l’horlogerie- ne provient pas cette fois de la coque du Titanic, mais du métal récupéré des agrafes. Quant au cadran, il s’est vu saupoudré de poussières non pas de lune, mais de cendres encore brûlantes des jugements rendus. Un garde-temps sulfureux, libérateur. Qu’on le veuille ou non, qu’on s’en agace ou pas, l’histoire horlogère contemporaine, à la veille de célébrer le 100ème anniversaire du célèbre naufrage, continuera d’associer le nom d’Yvan Arpa à la collection Titanic DNA. Car ce créateur est à l’horlogerie défiante de déjante et d’insolite ce que Gérald Genta est à la Royal Oak. Or, viendrait-il à l’idée d’Audemars Piguet de renier feu le père de l’un de ses modèles phare? |