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L’après-midi du mardi et la matinée du mercredi, c’est ce moment délicieux où les CEO sont en col roulé, les attachées de presse en jeans et les ouvriers en sueur : c’est le moment d’échanger quelques nouvelles qui vont pimenter les conversations ces jours-ci…
POUR BIEN ENTAMER BASELWORLD, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPER A ZAPPÉ SUR…
1)
••• LES CHAISES MUSICALES DU JOUR (1)…
Rien ne va plus chez Ralph Lauren (montres), puisque Guy Châtillon (ex-Piaget) s’est fait débarquer assez sèchement par Ralph Lauren en personne, sans que ses anciens copains du groupe Richemont lui évitent le fauteuil éjectable. Ce n’est bien entendu « ni officiel, ni autorisé ». Pas de nomination d’un remplaçant en vue, mais le malheureux Guy Châtillon, qui n’avait sans doute brillé par excès d’honneur - il avait pris la marque au pire moment -, ne méritait pas non plus cette indignité. Aux dernières nouvelles, c'est le pauvre Callum Barton qui va devoir renoncer à ses parties de golf pour reprendre le collier...
2)
••• LES CHAISES MUSICALES DU JOUR (2) : toujours « non officiel et non autorisé », mais il semblerait pas non plus très fort chez Ladoire, jeune marque indépendante dont le co-leader, le financier Richard Piras, semble avoir raccroché les gants après l’arrivée d’un nouvel investisseur. Au même moment, un coup de torchon interne a réduit l’équipe à sa plus simple expression (Lionel Ladoire lui-même et sa fidèle Joana Budzik), sans même un horloger pour la maintenance exigeante et complexe de mouvements plutôt capricieux…
3)
••• LE VRAI PRINCE DE BASELWORLD…
Un vrai de vrai, Gotha et quartiers de noblesse allemands compris ! C’est York, prince de Schaumburg-Lippe, le dernier comte régnant de toute l’aristocratie germanique. Il a donné son prénom à une nouvelle marque, York, dont on découvrira les montres néo-classiques (dans le goût d’outre-Rhin) dans le Hall 4 : ce matin, chiffon à la main, le prince dépoussiérait ses vitrines d’un air nostalgique en regardant ses voisins. Le stand à côté est celui de Cyrus, un grand empereur, un vrai, d’il y a vingt-cinq siècles…
4)
••• LES BONNES SURPRISES CHEZ GRAFF…
La marque n’expose pas dans les halles de Baselworld, mais dans une suite du Ramada : c’est bien dommage ! D’abord, parce que ce n’est pas facile à trouver. Ensuite, parce que la collection 2012 est pleine d’heureuses découvertes, dans le style hyper-serti (magnifique répétition minutes) comme dans le style hyper-mécanique (incroyable tourbillon deux axes agrémenté d’une lune sphérique entièrement gravée de cratères comme la vraie, face cachée comprise, sauf qu’elle n’est pas cachée !). On ne regrettera que l’esthétique très austère de ce concept très horloger…
5)
••• LES CARTOUCHES D’YVAN ARPA (ARTYA)…
On trouve sur le stand Artya (Palace) de quoi soutenir un siège : non seulement contre les vampires (les fameuses balles en argent de son dernier chef-d’œuvre armurier : Business Montres du 1er mars), mais aussi de quoi riposter contre tous les faisans et tous les malfaisants de Baselworld. Dans ses vitrines, des bandes de mitrailleuse, histoire de créer un rapport de forces immédiat…
6)
••• LES AMUSANTS CHICHIS-POMPONS DES MONTRES ELLE :
C’est au cœur du Hall 1.1 : un stand plus girlie que nature, dans l’esprit des « Parisiennes » de Kiraz, l’une avec son chat, Moustache, l’autre avec son chien, Balthazar. Les montres Elle Girl sont chargées de détails cocasses sur les fashionistas parisiennes, telles qu’on les imagine (et qu’on les moque) à Hong Kong…
7)
••• LA BONNE IDÉE « TU VEUX OU TU VEUX PAS » (PETER TANISMAN)…
On connaît le principe de la montre Carrousel imaginé par Peter Tanisman, avec son cylindre mobile logé dans le bas du boîtier. Les hommes adorent que les femmes y passent leurs nerfs plutôt que sur eux ! Pour Baselworld, une montre « Yes-No » : le cylindre est serti de diamants, pour dévoiler, en roulant sous les doigts, l’accord ou le désaccord à une question posée. Faut-il croire les femmes quand elles disent « non » du bout des doigts ? C’est – pour l’instant – une des montres les plus amusantes des premières heures du salon : à découvrir dans le Hall 4…
8)
••• L’ESPACE LE PLUS FERMÉ DE TOUT LE SALON…
On le trouve au Palace et c’est le stand Badollet, qui pousse l’understatement et le refus de toute ostentation jusqu’à n’avoir aucune vitrine extérieure. Seulement le nom de la marque, et une porte où les Petits Chaperons Rouges devront tirer la chevillette pour faire choir la bobinette et avoir l’honneur, sinon le privilège, d’être admis à découvrir la nouvelle Ivresse – avec Eric Giroud et Philippe Dubois dans le rôle des Grands Gentils Loups…
9)
••• LA BELLE INCONNUE QU’IL NE FAUT PAS RATER (1)…
Première indiscrétion sur la répétition minutes que devrait nous présenter Corum : un calibre totalement original, avec quatre timbres dont la sonnerie est une première mondiale. Ils sonnent simultanément en si et en do (heures, quarts, minutes) avec une harmonie très travaillée qui rend à la fois le tintement puissant, élégant et ludique…
10)
••• LA BELLE INCONNUE QU’IL NE FAUT PAS RATER (2)…
Au rez-de-chaussée du Hall 3, Jacob & Co affirme sa nouvelle identité horlogère avec un calibre tourbillon d’une complexité très étudiée : heures sautantes et minutes rétrogrades ! La solution technique est d’une ingéniosité horlogère remarquable : pas la moindre chute d’amplitude au passage des heures et une réserve de marche de 100 heures pour un seul barillet ! Du velours mécanique, avec une sorte de common rail unique pour assurer par levier les changements d’heures. Les finitions sont exemplaires (image ci-dessus, l’arrière du mouvement) pour une marque décidée à expier ses péchés bling-bling de naguère par une sévère pénitence dans la plus intégriste des philosophies horlogères. On ne dira pas de l’Ouzbek Jacob Arabov qu’il a trouvé son chemin de Damas, mais ça y ressemble...
11)
••• LA VRAIE BELLE TRÈS CONNUE QU’IL SERA IMPOSSIBLE DE RATER…
D’après vous, pourquoi Mlle Cameron Diaz visitait-elle hier la manufacture TAG Heuer, à La Chaux-de-Fonds, au fond des montages neuchâteloises ? Comme Business Montres l’avait indiscrètement révélé - on avait même pris les paris que c’était elle - le 2 mars (info n° 6), il est fort probable que la belle comédienne sera associée –avec ou sans hair gel, au lancement du « tourbillon tourbillonnant » dédié aux femmes par TAG Heuer…
12)
••• QUELQUES INFORMATIONS SUR L’OPUS 12 (HARRY WINSTON)…
On avait dit qu’on n’en parlerait plus, maintenant qu’on avait identifié le constructeur et son atelier, ainsi que son designer (Business Montres du 2 mars, info n° 5). Les lecteurs sont trop curieux pour attendre de la découvrir jeudi. Pour faire patienter tout le monde, disons que le millésime 2012 de la série des Opus ne sera sans doute pas le plus mémorable, ni le plus charismatique. Comme on l’a déjà précisé, cette Opus 12 ne joue pas la complication mécanique (on se contentera des heures, minutes, secondes et réserve de marche), mais la complexité technique grâce à un affichage par aiguilles dont on peut dire, sans trahir de secret, qu’il est… renversant sans être rétrograde : à chacun de se demander comment on peut avoir 24 aiguilles pour les 12 heures de la montre ! A chacun de se demander pourquoi la montre affiche moins de deux jours de réserve de marche en dépit de ses deux barillets, pourtant montés sur une base de « tracteur » endurant ! Disons – encore une fois sans trahir de secret – que ces coquines d’aiguilles dansent le slow en frottant… Pour finir, à chacun de se demander quel est aujourd’hui l’identité des Opus. Pour simplifier aux limites de l’épure, est-ce du côté de l’Opus 7 ou du côté de l’Opus 3 ? Dans la mécanique, dans la technique ou dans l’esthétique ? Réponse demain…
13)
••• LE CONCOURS DE LA PLUS GRANDE DE LA COUR DE RÉCRÉATION…
Louis Vuitton en a-t-il une plus grande que Rolex ? Bonne question à propos de leurs péniches amarrées au pied des Trois-Rois ? Décamètre en main, il semblerait que Louis Vuitton l’emporte de quelques centimètres sur Rolex, ce qui relève du crime de lèse-majesté : du temps de la marine en bois, on a pendu des capitaines pour moins que ça !
14)
••• LA PRÉCISION INUTILE À PROPOS DE LA PLUS BELLE VITRINE DE BASELWORLD…
On s’y attendait, mais c’est évidemment la vitrine de Xavier Dietlin pour le stand Hublot, avec son concept ultra-avancé de « montre en lévitation » par la magie des supra-conducteurs. A voir absolument – inutile de rêver, vous n’y trouverez pas la « Five Millions BB » (Big Bang à cinq millions de dollars : révélation Business Montres du 3 mars)…
15)
••• LA FOLIE MASERATI DANS LES RUES DE BÂLE…
Cette année, Baselworld promène ses VIP en Maserati : comme quoi les Suisses allemands considèrent qu’il y a une vie après BMW, Mercedes ou Audi…
16)
••• LES ENGINS BIZARRES QUI TRAÎNENT SUR LES STANDS…
Premier recensement rapide, dans la catégorie « engins à moteur » : une Harley Davidson très très spéciale sur le stand Bell & Ross - c’est plus transportable que le cockpit d’avion récemment acquis par la marque pour décorer l’entrée de son hôtel particulier, à Paris -, une F1 de compétition chez TW Steel et un sous-marin de poche chez Luminox. Il y a sans doute mieux ailleurs…
17)
••• LA NOUVELLE « AÉRO-GUERRIÈRE » DE BELL & ROSS…
On ne voit plus qu’elle dans les rues de Bâle, où les horlogers concurrents ont pourtant « mis le paquet » pour ce qui est de l’affichage : après la collection WW1 de 2011, il était fatal qu’on passe à la WW2, avec un boîtier qui rappellera des bons souvenirs aux collectionneurs de montres militaires. C’est vraiment l’année de l’aéronautique pour Bell & Ross, marque lancée dans une grande instrumentalisation de nos poignets (Business Montres du 5 mars)…
18)
••• LES DEUX BOULES DE CHRISTOPHE CLARET…
Si, si, il en a deux, et bene pendentes, comme on dit au Vatican : il les exposera même à la curiosité de la foule ce matin, en dévoilant son concept mécanico-magnétique X-Trem-1 (deux sphères de métal qui indiquent les heures et les minutes par induction magnétique : Business Montres du 3 mars). N’allez pas lui dire qu’il a les boules : on lui a déjà fait le coup !
19)
••• LE SEUL VRAI SUJET DE CONVERSATION EN ARRIVANT À BASELWORLD…
« Et pour 2013, comment ça se passe ? » Il y a ceux qui sont déjà casés dans le Hall 1.0, qui sera plus que jamais la « cour des grands ». Ceux-là s’en vantent quand ils ont failli ne pas y être ou ils font semblant de trouver ça tout naturel. Les autres se retrouvent dans le Hall 1.1. : ceux qui sont au plus près du 1.0 plastronnent en vantant la surface doublée de leur stand, quand ceux qui n’y sont pas affirment - et ils ont totalement raison - que le cœur du 1.1 sera horlogèrement très fréquentable en 2013. Quelques chiffres pour pimenter la conversation :
• On parle d’une facture de 22 millions d’euros pour le stand Hermès (architecte japonais), qui va pratiquement tripler de surface au dessus de l’actuel 1.0, face à la grande « place » qui mènera au troisième étage (Hall 1.2)…
• 2 400 mètres carrés pour le groupe Festina au 1.2, tout autour de l’atrium : Miguel Rodriguez aura de la place pour tailler son jamon iberico. Ceci sans compter le doublement de surface de l’espace Perrelet-Leroy (à l’actuel emplacement d’Harry Winston et Hysek)…
• 500 mètres carrés pour Jacob & Co au 1.1, derrière les bunkers français (Hermès, Dior, Chaumet, Boucheron, Leroy) et les fortifications suisses (De Grisogono ou Harry Winston, qui doublent pratiquement leur surface)…
20)
••• L’AUTRE SUJET DE CONVERSATION À LA SUITE DU PREMIER…
Il tourne – on s’en doute – autour des « chaises musicales » et du Monopoly horloger. On parle des CEO dont c’est le dernier Baselworld, qu’ils le sachent ou pas - pour certains, fraîchement promus, c’est le premier dans cette fonction -, et de ceux qui ne seront pas cette année de notre fête de famille. On discute surtout des rachats récents, comme celui de La Joux-Perret par les Japonais de Citizen, et des non-rachats récents – ces grandes marques qui ne parviennent pas à trouver un investisseur en dépit de multiples tentatives…
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