La marque en mains de Swatch Group devrait dépasser le milliard de francs de ventes cette année

Exactement 37 salons horlogers à son actif. Plus de 40 ans de carrière dans l’horlogerie, dont 23 à la tête de la marque Longines. C’est dire si Walter von Känel, le patron de la marque de St-Imier âgé de 70 ans, est immunisé contre les aléas conjoncturels, les soubresauts économiques éphémères, les oscillations courtes ou les éternuements conjoncturels. Or, à l’évocation de l’évolution du chiffre d’affaires de l’entreprise qui fête en 2012 ses 180 ans, ses sourcils broussailleux esquisseraient presque, peut-être imperceptiblement, un mouvement de surprise. Motif de ce léger étonnement? L’an dernier, Longines – marque de Swatch Group – a frôlé le milliard de francs de chiffres d’affaires, comme l’a révélé en janvier Nick Hayek. Pour un volume d’environ un million de pièces. Longines est ainsi dans l’antichambre des rares entreprises horlogères blockbuster. C’est-à-dire qui génèrent des ventes à dix chiffres. «On a apporté notre contribution aux résultats du groupe, tant au niveau des ventes que de la rentabilité», n’infirme ni ne confirme Walter von Känel. Et comme le groupe prévoit une croissance de 5 à 10% cette année, le cap du milliard devrait être franchi.

Le discours du patron reste imprégné de termes militaires. En tant qu’ancien colonel de l’armée suisse, la rhétorique semble s’adapter aux conquêtes horlogères. «Cette année, nous sortons la grosse artillerie.» C’est-à-dire que la marque envisage à nouveau une croissance «appréciable», avec le lancement de différents produits aux prix qualifiés d’agressifs. Tout en restant fidèle à sa gamme, comprise entre 1000 et 4000 francs. «Nous enregistrons un début d’année fantastique, même si l’inflation des prix sur l’or et les diamants devient quelque peu problématique.»

Dans le top cinq

Longines, toujours sis sur son site historique, y emploie 407 collaborateurs. Mais, pour faire face à la demande et aux prévisions de croissance, la société va recruter à tour de bras cette année. «Nous allons engager entre 40 à 60 personnes», selon le directeur général. A l’évocation du poids des différents marchés pour la société, Walter von Känel élève tout à coup la voix. «Ne me parlez pas que de la Chine. Nous sommes présents presque partout, avec des points de vente même à Bakou, Hanoï, Saigon ou encore ­Phnom Penh. Alors oui, la Grande Chine, donc Hong Kong, Macao et Taïwan compris, pèse plus de 50% de notre chiffre d’affaires. Mais ce n’est pas nouveau.» Ce qu’il l’est en revanche: «J’ai l’impression que Longines est devenu au niveau des ventes la quatrième ou la cinquième marque du secteur, après Rolex, Omega, Cartier et, peut-être, Patek.»

Bastien Buss
LE TEMPS