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Que faut-il pour réjouir les cœurs ? Un peu de rhum, les cordes d’une guitare, une danse qui fait s’envoler les jupes des femmes, un crooner latino et, surtout, beaucoup d’amitié...
Les ananas baignaient dans le rhum. Le groupe « El Guajiro y su son » avait empoigné ses guitares (sans changer de chapeau). Rafael Gonzalez faisait virevolter la jupe très échancrée de Katja Savastano (tandem Fusion Caribe) dans des cadences vertigineuses…
On avait aussi le meilleur crooner latino de tout Baselworld, notre ami Aldo Noriega (Aldo & Co), qui distribue à Lima (Pérou) les plus belles marques suisses, à commencer par Patek Philippe, et qui sait filer mieux que personne la romance et les ritournelles pour tous les amoureux de leur palomita. On n’imagine pas Helmutt Wempe ou René Beyer en Franck Sinatra, mais, au Pérou, ça se fait et on en redemande…
Pour ce qui est de l’amitié, le réseau Cuervo y Sobrinos, réuni à Baselworld pour les 130 ans de la maison, n’en manque pas. Au Safran Zunft de la Gerbergasse (Bâle), les uns et les autres avaient l’autre soir de poignantes anecdotes à raconter : Cuervo y Sobrinos, c’est la mémoire horlogère et joaillière du peuple cubain, aujourd’hui éparpillé par l’exil dans les deux Amériques.
Pour beaucoup de personnes qui ont connu la grande époque de la marque, c’est un nom sur une alliance. Pour d’autres, c’est une signature sur une « montre de famille ». Un détaillant expliquait comment un vieux monsieur, qui habitait, enfant, en face de la boutique Cuervo y Sobrinos à La Havane, lui avait raconté le départ précipité de la famille, dans un cortège de voitures, le jour de la prise du pouvoir par le lider maximo Fidel Castro…
Eh oui ! 130 ans pour Cuervo y Sobrinos, comme c’est écrit sur le cadran de la montre anniversaire (Business Montres du 00 février), et une marque qui a retrouvé ses racines, comme en témoigne le stand dans le style « vieille Havane » du Hall 1.0 (comme il est orienté vers le stand Chanel, on ne profite malheureusement pas assez de son architecture décalé dans les allées du salon).
130 ans qui autorisent tous les espoirs pour l’avenir, avec une distribution qui se globalise : comme la marque vient d’ouvrir le marché sud-africain, on a fait monter sur scène la gracieuse Melinda Bam, « Miss Afrique du Sud 2011 » ! C’est bien connu, les Miss font toujours monter la température…
En pays latin, tout se termine toujours par des chansons, et on n’a pas échappé à la tradition : avant le gâteau d’anniversaire, sous les fresques à la gloire des lansquenets bâlois de la Renaissance, le presidente Marzio Villa s’est fendu d’un hymne à la gloire de sa maison, Cuervo y Sobrinos va.
Rythme hispano-héroïque de la musique et lyrisme sentimentalo-institutionnel des paroles :
« Cuervo y Sobrinos va
Con sus amigos,
Llevando un viaje de
Recuerdos preciosos,
Donde no hay olvido,
Olvido del placer
Por las cosas bonitas,
Aquel sentimiento que
Hace grata la vida
Y se conserva por que
Tu sabes lo que vale
Y no lo quieres perder. »
C’est touchant, mais ça marche toujours et ça met la larme à l’œil quand vient l’heure du premier cigare et du dernier rhum. Il est comme ça, Marzio Villa, le plus Espagnol des Italiens (originaire de la péninsule italique, mais il est aussi le distributeur de Hublot dans la péninsule ibérique), lui qui a entrepris de faire renaître en Suisse (Lugano) une marque de tradition cubaine.
C’est ça, les vraies fêtes de l’amitié bâloise, une parenthèse entre copains venus du monde entier autour de cet objet magique qu’est la montre. A première vue, un détaillant polonais et un détaillant californien n’ont pas grand-chose en commun : avec des marques aussi sentimentales que Cuervo y Sobrinos, ils y parviennent : c’est cette convivialité transculturelle qui fait tout le charme de Baselworld, irremplaçable creuset de l’horlogerie internationale…
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