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«L’horlogerie va doubler ses exportations»
 
Le 14-03-2012

Jean-Claude Biver, président de Hublot, affiche sa confiance pour le secteur

Le succès de l’horlogerie suisse va se poursuivre. Rencontré à Basel­world, le président de la marque Hublot – en mains de LVMH –, se montre très optimiste pour l’avenir. Selon lui, la branche va entrer dans une nouvelle dimension.

Le Temps: Le secteur a atteint un niveau record en 2011 à 19,2 milliards de francs d’exportations. Cette croissance va-t-elle se poursuivre à l’avenir?

Jean-Claude Biver: Assurément. La progression n’est pas limitée pour l’instant. Notre secteur va continuer de croître massivement. J’en veux pour preuve que partout le niveau de vie s’améliore, que les revenus progressent, le bien-être en général ne cesse de croître presque partout sur la planète. Depuis que la montre est devenue un signe extérieur de richesse, de communication et non plus seulement de mesure du temps ou un instrument de précision, nous avons un bel avenir devant nous. Un garde-temps n’est plus seulement fait pour indiquer l’heure, mais c’est un symbole de réussite, d’exclusivité, un objet unique.

– Où en sera-t-on dans dix ans?

– Durant la dernière décennie, les exportations sont passées de 10 à 19 milliards. A nouveau, l’horlogerie suisse a le potentiel de doubler sur les dix à quinze prochaines années et de parvenir à 40 milliards de francs d’exportations. La croissance ne sera pas forcément aussi forte en volume, mais en valeur sans aucun doute. La qualité des produits ne cesse de progresser. Il faut préciser que l’horlogerie a adopté le mode de fonctionnement et le rythme de la mode. La mode nous aide beaucoup en cela. Il faut vite, toujours et encore assouvir de nouveaux désirs. La montre s’est muée en un objet de consommation indissociable du plaisir, parfois immédiat. Mais qui se répète, s’entretient, peut être suscité ou provoqué, comme les différentes collections de mode.

– Sera-ce suffisant pour parvenir à 40 milliards?

– Nécessaire mais pas suffisant. Il est aussi de notre devoir d’attirer les jeunes vers notre branche. Ce sont surtout eux qui aiment suivre la mode, être habillés avec des vêtements dernier cri. En fait, ils apprécient de se faire dicter leurs codes par la mode. Il doit en être de même avec l’horlogerie.

– La mode peut aussi rimer avec uniformisation ou piètre qualité…

– Je ne partage pas tout à fait ce point de vue. Dans l’horlogerie, si nous maintenons la qualité de nos produits, leur authenticité, assurons le service, restons innovateurs et conservons notre exclusivité suisse, alors on ne peut être que serein pour l’avenir.

– A-t-on vraiment les capacités pour doubler les exportations?

– Il y a une décennie, on se posait déjà les mêmes questions. La réponse, à mon avis, est oui. Prenons les marchés. Ils ne cessent de se développer et il reste encore des territoires à défricher, comme l’Amérique latine ou l’Inde, sans parler de la Chine. Les marques continuent de se développer partout, tant en termes de production que de réseau. Par la force des choses, le marché va s’autoréguler. Des nouveaux moyens seront investis, de nouveaux acteurs vont apparaître, il y a aura des fusions et des acquisitions et la création de nouvelles entreprises. Il y aura une réponse, quelle que soit la forme qu’elle prenne, aux besoins de notre branche. L’appel d’air se fera automatiquement. Nous allons au-devant d’une nouvelle dimension qui est palpitante.

– Aura-t-on vraiment assez de main-d’œuvre? La Suisse forme-t-elle assez?

– Ce sont là aussi des thématiques entendues il y a vingt ou trente ans déjà. A l’époque, on parlait aussi de risques ou de menaces de pénurie de main-d’œuvre. Et pourtant, la progression des exportations s’est avérée impressionnante. L’horlogerie déploiera toujours des trésors d’imagination pour s’adapter, pour faire face à ses besoins. La montée en puissance et en régime est programmée. C’est inéluctable, comme les lois du marché. Cela n’empêchera bien sûr pas quelques trous d’air passagers.

Bastien Buss
LE TEMPS

 



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