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PRÉCISION : le sniper du vendredi n'est pour rien dans l'issue tragique de l'affaire de Toulouse !
Les bonnes idées appartiennent à l'ensemble de la communauté horlogère : on le vérifiera bientôt avec la campagne qui se dessine pour la promotion du 12e art (les beaux-arts traditionnels de la montre, de la joaillerie et des métiers annexes) !
POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L'ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER DU VENDREDI A...
1)
••• AIMÉ LA BONNE IDÉE DE RELANCER
LA CAMPAGNE POUR FAIRE DES BEAUX-ARTS DE LA MONTRE LE « DOUZIÈME ART »...
Deux Français, actifs dans le milieu horloger, s’apprêtent à lancer une campagne sur le thème du « 12e art », défini comme celui des beaux-arts de la parure personnelle (horlogerie, joaillerie, bijouterie et orfèvrerie), métiers connexes indissolublement liés depuis cinq siècles dans les cultures ouest-occidentales. Souvenons-nous que l’horlogerie genevois est née de la fusion des traditions d'une l’orfèvrerie locale mise au chômage par Calvin et des traditions de l’horlogerie française emportées à Genève par les huguenots chassés de France par les Guerres de religion...
••• Idée de base : faire mettre en place par les autorités de Bruxelles une « Journée européenne du 12e art », les industries suisses de ces spécialités étant naturellement intégrées dans ce périmètre européen. Pourquoi pas, demain, une « journée mondiale » du douzième art ? On imagine déjà les animations possibles ce jour-là dans les rues marchandes, mais aussi dans tous les ateliers spécialisés. Un site consacré au 12e art existe déjà : 12th Art (image ci-dessus). On y trouve un « manifeste » pour la défense et l’illustration du « 12e art ». L’idée est de fédérer un maximum d’énergies autour de la célébration annuelle d’un savoir-faire unique au monde par sa concentration, ses traditions et son rayonnement international. Date de lancement symboliquement retenue pour un certain tapage médiatique : le triple 12 du 12 décembre 2012...
••• Tiens, vous avez dit « 12e art » ? Ça nous rappelle la proposition d’un certain Carlo Lamprecht, lors de la onzième édition du Grand Prix de Genève (compte-rendu Business Montres du 20 novembre 2011, info n° 2). Notre conclusion de l’époque : « L’horlogerie ne peut que s’imposer à la douzième place - de ces arts traditionnels - : il suffit de le vouloir très fort, et de le communiquer encore plus fort. Comptez sur nous pour en reparler aussi souvent que possible ! ». Voilà qui est fait...
••• Problème : l’équipe française a déposé l’idée de ce « douzième art » six bons mois avant le discours de Carlo Lamprecht, aujourd’hui repris dans GMT Magazine, qui en fait sa Une et son fil conducteur pour 2012. Terrain miné : dur pour Edipresse ! Peu importe, puisqu’on peut considérer que ce concept de « douzième art » appliqués aux métiers de la parure appartient désormais au patrimoine collectif de l’humanité et à toute la communauté horlogère et joaillière...
2)
••• ÉCOUTÉ LES DRÔLES DE RUMEURS
QUI NOUS PARVIENNENT DES ÉTABLIS HORLOGERS DE MORTEAU (FRANCE)...
Mais que se passe-t-il dans la cité horlogère de Morteau, où le « génie des alpages mortuaciens » semblait ces jours-ci dans tous les états ? Les fournisseurs de son entreprise paraissaient au bord de la crise de nerfs tellement ils craignent pour le paiement de leurs factures. Et les revendeurs harcèlent le SAV pour avoir des nouvelles des montres de leurs clients retournées à la manufacture...
••• Toujours à Morteau, on a beaucoup apprécié, ce matin, l’entretien donné sur France Bleu Besançon par un des responsables « familiaux » de Péquignet (maison dirigée familialement) : on y annonçait la mise en fabrication de 40 000 mouvements manufacture et l’embauche de 250 employés pour les monter. Un signal manifestement très encourageant après Baselworld (surtout pour une marque dont le dernier bilan publié n'est que de 5 millions d'euros de chiffre d'affaires). Une affirmation sans doute d’autant plus crédible et d'autant moins complaisante sur France Bleue Besançon que Péquignet offre une montre à 6 000 euros pour parrainer un jeu-concours organisé ces jours-ci sur... France Bleu Besançon (fréquence radio du réseau public français France Bleu-Radio France).
3)
••• TENTÉ DE COMPRENDRE SUR QUEL TERRAIN
JEAN-CLAUDE BIVER (HUBLOT) ALLAIT MAINTENANT ESSAYER DE REBONDIR...
Hublot et le basket ? Pas évident, même s’il y a un bon moment que la marque tourne autour des Miami Heat (magnifique décoration du lounge VIP et de son accès par un parking spécial (Business Montres du 17 février, info n° 4). Alors que la pression commence pour l’Euro 2012, dont Hublot est partenaire, la marque ne se disperse-t-elle pas en courant derrière plusieurs ballons ronds à la fois ?
• Pour Jean-Claude Biver, le basket est un complément stratégique, pas un pilier central comme le football et la F1, qui bénéficient d’audiences planétaires (avec le renfort de Ferrari pour en remettre un couche). Le basket, c’est avant tout une audience américaine, pays où le football et la Formule 1 tardent à faire leur percée, avec une forte visibilité en Asie pour les tournois de la NBA. Donc, derrière les paillettes médiatiques et dans le sillage de Dwyane Wade, l’investissement dans le basket est stratégiquement très cadré pour conquérir à la marque – au moins en termes de notoriété – de nouveaux publics sur des nouveaux marchés. Une fois les Miami Heat mis sous contrôle et conquis - difficile de trouver mieux sur le marché américain -, qui pourra se risquer sur le terrain du basket américain, sinon mondial, autrement que d’une façon anecdotique : la machine Hublot possèdera, sur ce territoire, assez de puissance pour couvrir toutes les autres voix...
• On retrouve dans cette « opération basket » les ingrédients de la « stratégie à la Rolex » dont Jean-Claude Biver s’inspire de plus en plus ouvertement : déceler les forts potentiels d’audience internationale, investir le terrain, s’en faire un territoire exclusif (au besoin en y frappant de ridicule les incursions des concurrents) et capitaliser sur ce thème dans la durée. Avec les codes opératoires chers à Jean-Claude Biver (Business Montres du 20 février, infos n° 1 et 2) : la concentration, la répétition et la multiplication. Exemple concret : il ne serait pas étonnant de voir bientôt des clients chinois de Hublot co-invités par Ferrari dans les loges VIP pendant les matchs des Miami Heat. C'est la technique Hublot du 1+1+1 : 10 !
• Ceci dit, il n’y a pas que le sport dans la vie ! Hublot se pose de plus en plus en « marque à 360° », capable de rebondir dans chaque compartiment de la vie de ses clients pour créer la répétition recherchée. Qu’est-ce qui serait tentant, hors du sport ? Pas assez d’audience pour la culture en général, ni la littérature. Trop de concurrence sur le cinéma. Tiens, un terrain en déshérence chez les horlogers, alors qu'il structure en profondeur la vie quotidienne des porteurs de montres : la musique ! Abandonnons les orchestres philharmoniques à toutes les marques qui jouent au polo, évitons le débraillé ehtnique de la musique folklorique et méfions-nous des bad boys du rock contemporain autant que des profils trop lisses de la pop marchande. Hublot avait tenté – et réussi – un coup avec Depeche Mode. C'était sans doute un test. A quand une incursion sur le terrain du... rap, puisque ce sont déjà d’excellents clients de l’horlogerie suisse, et des adorateurs de la Big Bang ? Il reste aussi le terrain de la nuit : on sait que David Guetta ne manque pas une occasion de poser avec sa collection de Big Bang. Bibi au sampler, en T-shirt fluo, casque sur les oreilles : ça va faire le tour du monde...
4)
••• CONSTATÉ QUE LE « SCANDALE D’IMAGE » (ESPÉRÉ PAR LES CONCURRENTS)
N’AVAIT PAS ÉCLATÉ POUR L’AFFAIRE DES SPIRAUX SEIKO CHEZ TAG HEUER...
Jean-Christophe babin a soigneusement déminé le terrain sur les médias sociaux avant de lancer ses communiqués, dans une transparence qu’on pourrait qualifier de « massive » et qui tranchait avec la précédente bévue du Calibre 1887 (horresco referens !). Du coup, cette histoire de spiraux dans une montre Swiss Made est passée comme une lettre à la poste (Business Montres du 21 mars), alors que les concurrents espéraient bien voir TAG Heuer trébucher sur l’obstacle et Jean-Christophe Babin disparaître sous les huées de la profession et les tomates pourries jetées par les amateurs. Là, rien de rien, quasiment pas de critiques, mais il est vrai, si peu d’analyses... Comme quoi le culte du secret – l'omerta chère aux horlogers – est aujourd’hui plus toxique que la pratique habile de la transparence !
••• Comme quoi, aussi, Business Montres avait sans doute raison de mettre en avant une étude « quanti » Ipsos datée de 2011, selon laquelle le Swiss Made n’est pas, et de loin, un discriminant majeur dans le reconnaissance des qualités d’une montre suisse (article du 22 mars, point n° 5, premier paragraphe). L’ensemble balancier-spiral n’étant qu’un sous-ensemble relativement mineur du mouvement, techniquement peu différenciant et médiatiquement encore moins mobilisant, Jean-Christophe Babin a eu raison de passer en force et de remettre en cause le dogme du « spiral suisse » comme élément-clé de la suissitude horlogère. Ce n’est manifestement sur ce terrain qu’on pourra tenter d’en découdre avec TAG Heuer, qui retrouve donc, avec Seiko, une capacité technique qui lui manquait pour assurer son développement commercial. On peut imaginer que, chez Seiko, on ne boudera pas ce partenariat, qui permet au groupe nippon de régler quelques comptes avec ses vieux adversaires du Swatch Group : joli coup stratégique de Jean-Christophe Babin, cette stratégie d'alliance à revers, qui a longtemps été une des spécialités de la diplomatie française face aux empires continentaux. Pour paraphraser Clausewitz, 'horlogerie serait-elle la géopolitique continuée par d'autres moyens ?
••• Précision du même Jean-Christophe Babin à propos de ces spiraux japonais et de la fin du contrat avec Nivarox : « À travers les très hautes fréquences (Mikrograph 100, Mikrotimer 1000), nous avions noué d'excellentes relations avec Atokalpa, à qui nous avions demandé en 2010 d'étudier – en deuxième source – un assortiment à 4Hz compatible avec le Calibre 1887. Mais en deuxième source, en complémentarité avec Nivarox. Pas en première à la place de Nivarox. De plus, les Atokalpa n'arriveront qu'en deuxième partie d'année, nous laissant donc sans assortiments sur six mois ou plus - du fait de la fin du contrat avec Nivarox. Chômage technique, perte de chiffre d'affaires, démotivation et angoisse des équipes. Seiko s'est posé en fournisseur providentiel et extrêmement sérieux, ne cherchant pas à profiter d'une situation contingente, mais mobilisant des moyens colossaux pour nous aider, malgré Fukushima et le tsunami qui leur a créé de gros problèmes au Japon. Alors, bien sûr, face à un tel fair play, on ne peut pas dire “merci“ et arrêter un an plus tard ! Ce ne serait pas correct. Donc, nous travaillerons avec Seiko pour de nombreuses années et nous aurons des assortiments esthétiquement différents des autres marques suisses, tout en ayant et la qualité et le Swiss Made. Je parle du futur - Swiss Made -, bien entendu, celui que nous cherchons à renforcer dans le cadre de la Fédération horlogère suisse. C'est donc un partenariat sur une fourniture très précise, comme dans le cas d'Atoklapa, mais en rien un rapprochement des deux marques... » (source : Chronomania)...
••• Business Montres maintient tout de même une des conclusions de son analyse : une solution suisse aurait été préférable, avec le choix de spiraux haut de gamme (réalisés grâce aux nouvelles technologies de production) et de balanciers suisses, pour réaliser des échappements qui auraient sans doute coûté deux à trois fois plus chers que ceux de Nivarox, mais qui auraient eu au moins une génération d’avance. Une telle industrialisation de 250 000 assortiments (estimation Business Montres pour le besoin réel sur l'année 2012) était réalisable à court terme, même en urgence, mais elle aurait sérieusement plombé les comptes horlogers du groupe LVMH : a-t-on seulement tenté d’en parler aux autres concurrents du Swatch Group, eux aussi directement concernés par la baisse des livraisons de Nivarox (Breitling, notamment, mais aussi beaucoup d’autres marques) . On pouvait envisager de créer une sorte de pool industriel du nouveau spiral suisse. Pas sûr qu'on ait tenté une telle démarche, mais on peut être certain que beaucoup des concurrents de TAG Heuer se réjouissaient déjà, par avance, de ce faux-pas de la marque – cette « naïveté » face à Nivarox admise par Jean-Christophe Babin (point n° 2, troisième paragraphe de notre analyse du 21 mars)...
5)
••• RELEVÉ QUELQUES RÉFLÉXIONS INTÉRESSANTES
DE NICK HAYEK (SWATCH GROUP) À PROPOS DE CES SPIRAUX JAPONAIS...
L’interview date de Baselworld, mais elle éclaire bien le débat (ou plutôt le non-débat) sur ces spiraux japonais commandés par TAG Heuer à Seiko : « Franchement, si un horloger équipe sa montre d’un mouvement semblable à celui que l’on trouve dans une Tissot et qu’il la vend cinq fois plus cher sur le marché, je ne crois vraiment pas que le fait de payer un échappement 60 au lieu de 30 francs chez Nivarox-FAR écorne sa marge bénéficiaire. La plupart des marques concernées, qui se situent dans le très haut de gamme, auront peut-être moins d’argent pour le marketing et les grands événements et pour les dividendes de leurs propriétaires. Ce n’est pas la catastrophe... (...) Depuis les années 2000, il y a un engouement général pour les mouvements mécaniques. Mais il y a encore un grand intérêt des consommateurs pour les montres à quartz, aussi en Chine. Pourquoi les quelques marques plus petites qui se plaignent de la décision de Swatch Group, ne développent-elles pas davantage de montres à quartz ? Ce serait une alternative intéressante. Les marques de Swatch Group le font depuis longtemps » (source : L’Hebdo). Allez jouer ailleurs ! L’ironie est cinglante...
••• Précisions supplémentaires, au cas où on n’aurait pas bien compris : « Les grandes marques et grands groupes comme Rolex ou Richemont ont clairement soit une culture soit une volonté industrielle. Certaines marques indépendantes, plus petites, déploient beaucoup d’efforts novateurs afin de prendre un peu plus en main leur outil industriel. Mais pas tous le font. Il y a un autre grand groupe qui affiche clairement une culture plutôt orientée sur une stratégie financière. C’est d’ailleurs tout à fait légitime. C’est juste un peu malheureux que quelques marques continuent à raconter des contes de fées sur les merveilleuses choses qu’elles produisent elles-mêmes, alors que tous les professionnels savent que cela ne correspond nullement à la vérité. Cela pourrait en effet nuire fortement à la crédibilité de notre Swiss made... (...) On nous dit que si Swatch Group diminue ses livraisons de mouvements et d’organes réglants, l’horlogerie suisse est en danger, des marques doivent disparaître. Cela sonne faux... (...) Nous avons toujours dit que nous continuerions à livrer mouvements et organes réglants à nos fidèles clients. Mais nous exigeons que tout le monde ne puisse pas se servir comme dans un supermarché ». On en déduira logiquement que TAG Heuer n’était pas un « fidèle client » de Nivarox – ce qui s’appelle avoir du culot !
••• Nick Hayek insiste également sur un thème récurrent dans les éléments de discours qu’il présente à la presse depuis quelques mois : « Je regarde les chiffres d’exportations suisses de mouvements mécaniques haut de gamme, au-delà de 80 francs l’unité qui ont atteint au total 1,17 million de pièces en 2011. Les exportations de ces mêmes mouvements fabriqués par notre société ETA se sont chiffrées à environ 98 000 pièces. Donc d’autres acteurs, et la société Sellita l’a confirmé dans la presse, ont exporté la différence, à savoir plus d’un million de mouvements mécaniques. Quant aux mouvements livrés à Hong Kong, ils ont globalement atteint un peu plus de 911 000 pièces alors que ceux vendus par ETA n’ont pas excédé 17 000... (...) - Les 894 000 mouvements restants sont - vendus comme un produit de masse à qui veut exploiter le Swiss made pour son propre intérêt. On les retrouve dans les imitations de grandes marques, et aussi dans les marques qui ne respectent pas le Swiss made comme on le connaît dans l’ordonnance des années 1970. Il faut savoir qu’à Hong Kong et aux USA, il suffit de mettre un mouvement suisse dans une montre, peu importe où elle est assemblée, pour qu’elle puisse porter le label Swiss made, tout légalement. Pourquoi ces acteurs préfèrent-ils vendre leurs mouvements à Hong Kong ? Et non pas à ces braves horlogers suisses qui déplorent une pénurie et critiquent ETA ? (…) A chacun d’en tirer ses conclusions. On pousse Swatch Group à produire plus que nécessaire pour alimenter un marché à l’étranger qui fait du tort à l’horlogerie suisse. C’est de la folie ». Querelle compliquée à comprendre pour les initiés - la plupart de ces mouvements reviennent en Suisse pour y être habillés dans des montres Swiss Made tout-à-fait honorables -, débat marginal et mauvais procès fait à un future concurrent gênant des usines ETA : autant dire que c’est une façon élégante de botter en touche en priant les médias d’aller fouiner ailleurs…
6)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE INDÉPENDANCE...
••• CHAISES MUSICALES : nouveau départ chez Harry Winston Genève, où Frédéric de Narp achève la reconstitution d’une équipe « à la sa main ». Luis Andre (directeur commercial international Europe, Amerique du Sud et Afrique) quitte une maison où il avait passé près de dix ans, avec un bilan personnel qui frôle les 500 % d’augmentation du chiffre d’affaires pour la période de son passage...
••• MONOPOLY HORLOGER : une nouvelle rafale de rachats, passée inaperçue pendant Baselworld, mais pourtant intéressante à garder en mémoire. Côté cadrans, Hermès s’est offert Natéber (La Chaux-de-Fonds), après s’être offert le fabriquant de boîtiers Joseph Erard au Noirmont. Toujours côté cadrans, Louis Vuitton a racheté le cadranier Leman Cadrans (Genève). Pour les bracelets, Ange Alez Martin, qui dirigeait Créations J.-C. Perrin, rachète l’entreprise à ses propriétaires, Philippe Lebet et Jean Blanc, en la consolidant avec Schweizer & Schoepf, entreprise qui appartenait aux mêmes propriétaires : au total, 180 emplois sont sécurisés, pour une production annuelle d’environ 200 000 bracelets...
••• FÉDÉRATION HORLOGÈRE (1) : un avis officiel après l’approbation du taux minimum de 60 % par le Conseil national (source : FHS). Précision intéressante : « Les frais de recherche et de développement peuvent dorénavant aussi être pris en compte » - dans le calcul de ces 60 % du prix de revient. Autant dire que quasiment toutes les marques installées en Suisse seront largement au-dessus des fatidiques 60 % : il faut se préparer à des conceptions très extensives des « frais de recherche et développement ». Même la machine Nespresso sur le bureau de la secrétaire affectée à cette « R&D » sera décomptée...
••• FÉDÉRATION HORLOGÈRE (2) : mais, alors, qui sont les vraies cibles de la FH dans ce débat ? Commentaire officiel, à relire à la lumière des infos n° 4 et 5 ci-dessus : « Aujourd’hui, des montres presque entièrement produites en Chine sont vendues légalement sous le label “Swiss made“. C’est un abus contre lequel s’élève la présente décision. Dans le contexte des délibérations parlementaires, la règle des 60 % est donc aussi combattue par des entreprises qui ont 90 % (!!!) de leurs emplois en Asie. Cela doit changer. Les nombreuses petites, moyennes et grandes entreprises de la FH ont à cœur de maintenir l’existence d’un tissu industriel de fabricants et de sous-traitants en Suisse. Une marque Suisse forte et crédible crée des emplois dans toute la chaîne de création de valeur, tant chez les horlogers que chez les sous-traitants, ce qui permettra également de développer et de renforcer durablement la production en Suisse... Une marque Suisse bien protégée empêche aussi que des sociétés étrangères achètent des entreprises horlogères suisses, délocalisent la production dans des pays étrangers à bas salaires et puissent malgré tout offrir légalement leurs produits avec le label “Swiss made“. La mise en œuvre du projet Swissness n’empêchera pas le déroulement de processus de travail dans des pays où les salaires sont moins élevés et l’importation de pièces détachées en provenance de ces pays. Mais le label “Swiss made“ ne doit plus être utilisé de façon abusive ». Merci de ne pas demander à Jean-Daniel Pasche ce qu’attend la FH – dont c’est la mission ! – pour sévir contre ceux qui abusent du label suisse et qu’il semble si bien connaître...
••• BVLGARI : on en a relativement peu parlé - les annonces faites pendant Baselworld sont souvent noyées dans la masse -, mais Bvlgari s’est trouvé un nouveau partenaire automobile, Maserati (qui roulait auparavant pour Audemars Piguet). Bvlgari chez Maserati, Hiblot chez Ferrari : l’horlogerie LVMH a décidément des goûts automobiles italiens...
••• CARTIER : fantastique opération de « placement » dans le film Cloclo, où on assiste à un défilé de montres Cartier sur tous les poignets, la amrque étant mise en évidence par différents artifices de mise en scène. Cerise sur le gâteau, ce dialogue entre deux musiciens (citation de mémoire) : « T'en fait pas, Cloclo m'a déjà viré cinq fois ; le lendemain, il te reprend et t'offre une montre Cartier ». Félicitations au product placement manager, c’est du cousun main ! Pour mémoire, ce n’est pas un viol de l’histoire du chanteur français, qui portait effectivement et qui offrait des Cartier : Alain Dominique Perrin, l’ex-président de Cartier, a d’ailleurs été le tuteur des orphelins du chanteur après sa disparition...
••• DE GRISOGONO : quelques précisions sur les racheteurs de la manufacture et la personnalité du nouveau président de la marque (à lire sur le site de notre ami Fernando Correia de Oliveira, Estação Chronográfica...
••• SWATCH GROUP : « Pourquoi Swatch a toujours un temps d’avance ». Un article de Thiébault Dromard pour Challenges.fr, avec plusieurs citations des analyses de Business Montres à ce sujet...
••• CHINE (1) : « L’Asie confirme sa domination dans le shopping français » (une dépêche de Reuters sur les dépenses des touristes « chinois » – au sens large – dans les achats de luxe en France). L’essentiel y est, mais l’information stratégique est escamotée : si les touristes asiatiques « viennent chercher en France des produits de luxe dont les prix sont 30 % inférieurs à ceux pratiqués dans leur pays, pour cause de taxes et droits de douane », que se passera-t-il le jour où les prix chinois seront alignés sur les prix internationaux, comme semble se dessiner dans les intentions du gouvernement ? Cette mesure a été annoncée dans le China Daily : « Il y aura au moins deux séries de réduction cette année sur un large panel de produits », a expliqué Wei Jianguo, membre du CPPCC (Chinese People’s Political Consultative Conference). « Les biens de consommation et de luxe aideront à promouvoir la consommation intérieure, et la Chine a besoin de réduire ses droits à l’importation »...
••• CHINE (2) : Les Chinois à Baselworld selon Jing Daily, avec une interview de Su Han, éditeur de magazines de luxe en Chine (Elle China, GQ China et Target, que les connaisseurs considèrent comme référent). Précision utile : Su Han porte une... Bell & Ross BR 01 « Airborne » !
••• BÉNÉLUX : les statistiques de la FH sont toujours un grand moment de détente. Regardez, pour les mois de janvier-février 2012, les exportations vers la Belgique et les Pays-Bas : + 85 % par rapport à 2010 pour la Belgique et + 90 % pour les Pays-Bas. Ou bien c’est un déstockage, ou bien c’est un afflux massif (et clandestin) de touristes chinois ! Un score qui n’est battu, pour ces deux mois de l’année, que par celui de la Corée du Sud (+ 95 %), qui réussit à faire mieux que les Chinois ( + 71 %). Et, bien sûr, par le score de l’Ukraine : + 102 %. Restockage ?
••• STATISTIQUES : sans les exportations horlogères, on s’ennuierait (voir ci-dessus) ! Pour le seul mois de février, allez comprendre quelque chose aux+ 137 % constatés au Koweit (l’émir a dû faire quelques cadeaux), aux + 139 % affichés par le marché sud-coréen (un transfert des touristes chinois qui abandonnent le Japon ?) ou aux 160 % de montres supplémentaires exportées en Ukraine ? Des chiffres qui laissent rêveur, mais qui n'ont probablement rien à voir avec la présence ostensible de plusieurs déstockeurs/nettoyeurs ukrainiens au dernier SIHH - venus à Genève pour travailler très largement au-delà du périmètre SIHH...
••• TENDANCES : celles de la mode, pas celles de l’horlogerie, mais les connexions ne manquent pas entre les deux univers, la fashion influençant de plus en plus ouvertement (et bousculant) le conservatisme des horlogers. Un décryptage intéressant du bureau de style Nelly Rodi, qui a repéré trois courants dominants : le « Monarchic » (inspiration historique dérivée de l’Ancien régime), la « culture prolo » (détournement des codes beauf) et la « sport culture » (les horlogers pratiquent depuis toujours ce sport chic). A suivre...
••• MÉDIAS SOCIAUX : quelle place pour les marques de luxe dans les médias sociaux ? Une étude Press Index dévoile quelques chiffres-clés et amorce une réflexion sur l’approche croisée presse papier/presse numérique des marques de luxe (dont Cartier) : « La virtualité ne va pas contre la marque de luxe et peut bien au contraire la porter et lui donner de nouveaux moyens de promotion et d’expression. Paradoxalement, nous ne sommes pas ou plus dans le mass média, mais dans des communautés à la fois horizontale –les consommateurs entre eux – et verticale – la marque vers le consommateur, et réciproquement. Tout est question au fond de positionnement et de choix, de stratégie et de ciblage. La présence et le profil médiatiques ne se calcule plus ici en volume mais en pertinence. C’est pourquoi, la seule interrogation qui vaille est de savoir ce que l’on veut faire de sa marque »...
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