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1828: L’horlogerie s’affiche
 
Le 04-04-2012
de SOJH® - Expositions

L’ancêtre du Salon d’aujourd’hui se déroule à Genève en juin et en juillet.

M. Benjamin Oltramare, horloger à la rue de la Machine à Genève, présente «une montre à répétition, avec échappement à cylindre en pierre, parachute et compensateur, boîte et cuvette d’or, cadran d’argent. Accompagnée d’une note où sont les noms des ouvriers qui y ont travaillé, et l’objet que chacun d’eux a exécuté.» Le prix de l’œuvre est de 558 francs, autant dire une véritable petite fortune.

Quant à M. Antoine Tavan, il expose «une montre à secondes mortes et indépendantes. Les secondes marchent, précise-t-il, par la puissance du même ressort qui fait marcher le mouvement. D’où résulte moins d’ouvrage pour son exécution.» En l’espèce, le prix n’est cette fois pas indiqué.

L’horlogerie, née au XVIe siècle, ne constitue pourtant qu’une petite partie de l’exposition des produits de l’industrie genevoise qui se tient au bout du lac au mitan de cette année 1828. Dans un catalogue long comme un jour sans pain, elle vient bien après les «instruments aratoires et produits immédiats de l’agriculture cantonale», les «peignes de cornes», les «machines destinées à l’art militaire» et «l’exploitation des fers».

Crainte et respect

De toute évidence, même si 17% des 30 000 habitants de Genève vivent de l’horlogerie, où une école spécifique a été fondée en 1824, les montres de poche n’ont pas encore conquis le cœur d’un large public et suscitent un respect mêlé de crainte.

Nous en voulons pour preuve le texte de M. de Candolle, écrit d’après les notes des membres de la Commission d’exposition, qui constitue le rapport de l’exposition. «Nous arrivons enfin à l’horlogerie, à cet art si important par ses résultats, si difficile dans sa théorie et dans sa pratique, si compliqué dans ses procédés, qui forme, écrit-il, comme chacun sait la base fondamentale de toute notre industrie et pour lequel il faudrait non pas une portion de rapport, mais bien plusieurs rapports entiers faits par des hommes habiles dans cette partie: si dans toute la longueur de ce travail, j’ai senti vivement tout ce qui me manquait, c’est ici surtout que je demande grâces pour mon insuffisance.»

L’humilité de M. de Candolle s’explique sans doute par le prix – qu’il ne manque pas de qualifier parfois d’excessif – des produits exposés, leur complexité et le souci, tant des exposants que du public, d’en comprendre le fonctionnement et l’utilité.

Il faut dire que l’organisation de cette exposition, que l’on peut appeler «élargie», n’est vraiment pas allée de soi. Il a bien fallu deux ans pour que la Société des Arts de Genève, qui en est la cheville ouvrière, accepte de joindre quelques objets industriels aux tableaux qu’elle a coutume de montrer.

Dans un premier temps, le Comité d’Industrie, qui est celui qui a proposé une ouverture de l’exposition à d’autres activités que la peinture, a été renvoyé à ses chères études: le mélange «d’objets trop hétérogènes qu’elle aurait déterminé» n’étant pas du goût de la Société des Arts.

Puis tout le monde s’est mis au travail, d’aucuns ont ajouté un peu d’eau dans leur vin et, pour le plus grand bien de Genève mais aussi de la Suisse entière, l’exposition de tous les produits industriels a pu avoir lieu.

Pour y parvenir, la Commission «a donné ses soins à ce qu’aucun des objets fabriqués hors du Canton fit partie de l’exposition», lit-on dans le rapport. Il est hors de question, pour les organisateurs, de mettre les fabricants genevois «imprudemment en regard avec l’Europe entière et de favoriser dans les consommateurs ce qu’il peut avoir de goût pour les fabriques étrangères».

Le succès est au rendez-vous: prévue pendant le seul mois de juin, l’exposition est prolongée jusqu’au 12 juillet.


Par Federico Camponovo
24heures

 



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