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C’est maintenant quasiment certain : le défi français Energy Team (Loïck et Bruno Peyron) disputeront la 34e America’s Cup.
Corum a misé sur le bon bateau !
Un accord de dernière heure va même permettre à Loïck Peyron (un ambassadeur de Corum en même temps qu'un des meilleurs marins du monde des multicoques) de régater à chances égales avec les meilleurs équipages...
Les Français peuvent-ils rapporter la Coupe en Europe ?
1)
••• UNE COMPÉTITION NAUTIQUE PLUS LOYALE
ET NETTEMENT MOINS « CAPRICE DE MILLIARDAIRE » QUE LES AUTRES ÉDITIONS...
Les lecteurs de Business Montres (28 mars, info n° 5) avaient déjà été alertés au sujet de cette présence française quasi-certaine dans la Coupe : les frères Peyron sont de fins renards, sur les plans d’eau sur sur les tapis verts des négociations. Les deux autres syndicats français ont dû abandonner, faute de budget : pas eux ! Ils sont de la fête en Californie, et avec la clé-logo de Corum dans leurs voiles : Antonio Calce (ci-dessus, avec Loïck Peyron) a eu le nez creux en intégrant Loïck Peyron dans son équipe et en posant son sac à bord d’Energy Team – alors même qu’il n’avait pas la moindre visibilité concernant cette participation à la Coupe de l’America’s. Vista ou baraka ? A chacun d’en décider…
••• Puisqu’on parle de chance, le meilleur coup reste cependant celui des frères Peyron, qui ont signé un accord technologique décisif avec les Américains d’Oracle (qui sera le Defender sous les couleurs de Team USA. Cet accord a été négocié au plus haut niveau, entre marins qui se respectent (Loïck Peyron et Russell Coutts) et qui préfèrent en découdre à armes égales plutôt que de voir des considérations budgétaires et des infériorités technologiques parasiter la compétition.
••• Selon les termes de cet accord, qui sera révélé sous peu, l’équipe française va bénéficier de tous les développements architecturaux et technologiques déjà acquis par Oracle pour la construction de son prochain AC 72 (le catamaran monotype sur lequel devrait se courir la 34e America’s Cup). Energy Team aura librement accès à toute la base de données d’Oracle, ce qui va permettre aux frères Peyron de combler leur retard technologique - les Américains travaillent depuis deux ans sur cet AC 72 - et de repousser la mise en chantier de leur propre AC 72 à l’été 2012, en faisant de sérieuses économies en R&D tout en bénéficiant des ultimes avancées des Américains.
••• Cet accord avec Oracle change complètement la donne pour Energy Team et pour ses futurs partenaires. Non seulement les frères Peyron peuvent faire des offres très compétitives à leurs prochains sponsors, mais ils peuvent en outre leur garantir – au moins moralement – une très belle place sur le podium final. L’essentiel des budgets ira au sport et à l’art de régater : on a déjà pu vérifier, dans les phases préparatoires de la Coupe, que Loïck Peyron était un sacré trouble-fête et un concurrent que personne ne peut se permettre de négliger…
2)
••• UN TRANSFERT TECHNOLOGIQUE QUI REND LA PAROLE
AUX HOMMES EN RÉDUISANT LA PUISSANCE SOUVERAINE DU FRIC...
Évidemment, ce transfert de technologie n’est pas innocent. Il prouve simplement le grand réalisme des Américains, qui ne sont pas victimes d’une crise de francophilie aigüe. Ils savent que, en armant leur principal concurrent - les Français ont toujours été parmi les meilleurs professionnels des multicoques -, ils sauvent l’America’s Cup de ses vieux démons – l’inflation terrifiante des budgets, la course à l’armement, la loi de l’argent et la pénalisation des compétences par l’opulence. Patron d’Oracle et Defender depuis la 33e édition, Larry Ellison – qui est tout sauf un naïf et qui fera tout pour gagner la Coupe – ne veut pas d’une coupe au rabais, où il n’aurait pas d’adversaires à sa hauteur : en partageant ses acquis technologiques, il redonne du piment au sport et à la compétition en permettant à la course de se focaliser sur la qualité des hommes, et non plus sur le gigantisme des machines…
••• Accessoirement, cette main tendue aux « petits Français » va permettre à ces derniers d’être moins exigeants financièrement pour boucler leur budget, donc de sélectionner de meilleurs partenaires qui seront plus motivés à défaut d’être plus fortunés. La qualité de spectacle – déjà assurée par un règlement de course très médiacompatible – peut ainsi se doubler d’une qualité accrue de l’assistance directe (les marques engagées avec les équipages) et indirecte (les publics de la Coupe) : le low cost technique peut ici générer une vraie valeur ajoutée dans le choix des sponsors.
•••C’est là que le coup de chance d’Antonio Calce (Corum) devient réellement insolent : non seulement, il sera de l’aventure de cette 34e America’s Cup, mais ce sera peut-être (et même sans doute) une des Coupes les plus médiatisées de l’histoire ! Tout a été reformaté pour la qualité du spectacle : les meilleurs marins du monde à égalité sur les meilleurs multicoques du monde ! Pour peu que les vents soient les meilleurs du monde, on va exploser les compteurs médiatiques – et la cote d’amour de Corum ne devrait pas plus mal s’en porter, au contraire…
•••C’est aussi là qu’on regrette que certains animateurs (et vainqueurs) des précédentes éditions n’aient pas été assez fair-play pour revenir dans la compétition. La bouderie d’Alinghi, qui va s’afficher cette saison sur des circuits subalternes, prive la Suisse d’un place qui lui revenait dans le plus ancien, le plus célèbre et le plus médiatisé des grands événements nautiques internationaux. En redistribuant les cartes au profit des Français, Larry Ellison démontre qu’il n’est pas exactement ce qu’on nous dépeignait à Genève : il prouve ainsi qu’il a son propre code d’honneur sportif. Aux petits malins Français, adeptes des méthodes « commando », d’en profiter…
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