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Le groupe biennois prend le contrôle de deux indépendants de la boîte de montres. Une mesure aussi rare que logique pour Swatch Group. Et tout à fait dans l’air du temps.
A Baselworld, Marc A. Hayek s’étonnait qu’aucun groupe suisse n’ait eu assez faim pour avaler La Joux-Perret. Une manufacture fameuse entrée dans le giron japonais.
Selon le patron de Breguet et Blancpain, Swatch Group (UHR 427 3.09%) aurait volontiers sorti sa bourse. Mais les règles de concurrence le lui interdisaient.
Le groupe ne devrait pas avoir ce problème avec le rachat de Simon ET Membrez (250 collaborateurs à Delémont) et la prise de participation majoritaire dans Termiboîte (cinquante à Courtemaîche).
Savoir-faire particulier
Swatch Group assure que Simon Et Membrez «s'intègre parfaitement à l'ensemble» de ses entreprises de production «et vient compléter judicieusement les activités des entreprises Comadur, Ruedin et Lascor spécialisées dans le domaine de l'habillage et de la production de boîtiers».
Analyste chez Vontobel, Pierre Weber confirme. Simon ET Membrez produit des boîtiers spéciaux, haut de gamme. Notamment en platine et en palladium. L’entreprise dispose d’un savoir-faire particulier auquel Swatch Group faisait déjà appel en tant que client. Pour Breguet et Blancpain en particulier.
Termiboîte est de son côté spécialisé dans le polissage. Acteurs importants du secteur, tous deux faisaient partie des rares indépendants. Une espèce en voie de disparition, explique Pierre Weber.
«Les indépendants ont de plus en plus de peine à se financer et acceptent donc de rejoindre les grands groupes. Ce processus de consolidation, visible ces derniers mois, devrait se poursuivre dans l’ensemble de la branche.»
Pas de besoins criants
Tous les grands acteurs horlogers ont déjà bien entamé leurs emplettes. Seul le numéro un était sur la retenue. Swatch Group n’avait rien racheté en 2009 et 2010, pointe Pierre Weber.
Normal, «les autres acteurs avaient des besoins évidents dans certains domaines. Richemont dans les mouvements, LVMH dans les cadrans, par exemple. Ce qui n’est pas le cas de Swatch Group».
Les prochains rachats de Swatch Group dépendront de la disposition des cibles à se laisser avaler. Mais ses besoins ne sont pas criants, au contraire, souligne l’analyste.
En pleine guerre avec Tiffany suite à l’échec de leur partenariat, Pierre Weber identifie toutefois un domaine que Swatch Group pourrait viser. La montre joaillerie. Seule faiblesse du groupe ou presque.
Par Pierre-François Besson
24heures
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