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« Les PME ont très bien réagi à l’envolée du franc »
 
Le 30-04-2012

Le responsable des PME romandes chez Credit Suisse est impressionné par leur capacité d’adaptation

Le responsable des PME romandes chez Credit Suisse est impressionné par leur capacité d’adaptation

Depuis le début de 2012, Michael Willimann, 49 ans, est installé dans l’un des bureaux du troisième étage du bâtiment de Credit Suisse, rue du Lion d’Or, à Lausanne. Côté lac, avec vue panoramique sur le Léman et les Alpes françaises. «Le seul hic, c’est que je vois le logo d’un concurrent par cette fenêtre (ndlr: en fait, la Banque Cantonale Vaudoise), rigole le nouveau responsable de la clientèle PME en Suisse romande. Au moins, cela me rappelle constamment qu’il faut être bon parce ce que la compétition est permanente.»

Dans le Jura mis à part, où Credit Suisse jouit d’une présence historique forte, les banques cantonales mènent le marché des PME dans tous les cantons romands. Mais la grande banque les talonne à peu près partout.

Michael Willimann œuvre depuis vingt ans au sein de Credit Suisse. Avant le 1er janvier, il gérait les affaires de crédits comportant «un risque accru» pour la Suisse. Désormais, le profil de sa clientèle va de l’artisan, qui a deux ou trois employés, jusqu’aux grandes PME, sociétés cotées en bourse non comprises, en passant par les acteurs de l’immobilier, non cotés là aussi. Une palette suffisamment large pour lui permettre de percevoir les tendances actuelles.

Le Temps: Comment se portent les PME romandes?

Michael Willimann: Nous sommes en plein dans la période d’étude des bilans de nos clients. Et je dois dire que les PME ont très bien traversé l’année 2011. Il semble en plus que les premiers mois de 2012 se profilent positivement. Même s’il est vrai que, souvent, les entreprises qui sont en bonne forme nous fournissent leurs comptes avant les autres…

– Les craintes de retour en récession étaient exagérées?

– Je ne sais pas si c’était injustifié. En tout cas, les derniers mois d’activité les ont rassurés. Ce qui continue de les préoccuper le plus, c’est le faible degré de prévisibilité. Tout le monde reste sur ses gardes.

– La crise de la dette en Europe, toujours et encore…?

– Oui. Très concrètement, les PME ont redouté et craignent encore un credit crunch en zone euro. Ce qui réduirait, voire gèlerait les investissements de leurs clients européens.

– Ces craintes latentes sont dues au traumatisme de l’arrêt brutal de l’activité, à fin 2008?

– Sans doute. Mais cette prudence n’est pas excessive pour autant. A l’avenir, les changements de rythme économique seront plus rapides. En tout cas les cycles se raccourcissent, c’est certain.

– Le sont-elles davantage?

– En tout cas, je suis très impressionnée par leur capacité d’adaptation. Les PME ont très bien et très vite réagi à l’envolée du franc suisse, l’an dernier. Certains patrons avaient anticipé le problème. Ils savaient que l’euro était un risque majeur. En 2006, par exemple, un client avait déjà acheté une entreprise en Allemagne dans le seul but de pouvoir, en cas de baisse de l’euro, faire du «hedging naturel», en augmentant la part de ses coûts dans la monnaie unique.

– Aujourd’hui, comment gèrent-elles les risques de change?

– Depuis septembre, c’est plus la Banque nationale qui s’occupe du hedging… Mais le tissu économique suisse est exportateur presque par définition. Ainsi, j’ai un client qui n’emploie pas plus d’une centaine de personnes mais qui exporte dans 67 pays différents! Avec de tels profils, il n’y a pas que l’euro, il y a le dollar, et les autres. Donc les questions de franc fort restent centrales.

– Les PME partent-elles du principe que les montants qu’elles gèrent sont trop petits pour pouvoir recourir à des outils bancaires de couverture de changes?

– Je n’ai jamais entendu cela. Chez Credit Suisse, il est possible de faire des opérations à terme à partir de 50 000 francs. Et des exceptions sont possibles. Nous avons par ailleurs mis en place des services spécifiques pour ce genre de problématiques. Une équipe est exclusivement dédiée à ces opérations. Et l’un de nos collaborateurs rend visite à nos clients et leur propose différents services de gestion de leur trésorerie.

– La part de l’activité «gestion de trésorerie» des PME va-t-elle dépasser celle de l’octroi de crédit?

– Bien que nous ayons à peu près autant de ligne de crédit que de dépôts en termes de volume, l’octroi de crédit reste de loin notre métier principal.

– De quel genre de prêts ont actuellement besoin les PME?

– Tout dépend de leur profil. Les petites entités prennent des lignes de crédit simples qui comprennent un service de conseil régulier. Les moyennes et les plus grandes entreprises, ainsi que les sociétés immobilières recourent de plus en plus au leasing. Avec un tel système, comparable à celui qui se pratique dans le marché automobile, c’est la banque qui achète le bâtiment industriel, l’hôtel ou la machine, et le client lui rembourse progressivement l’investissement.

Servan Peca
LE TEMPS

 



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