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Quatre catalogues d’enchères et 1 895 lots à disperser en quatre jours : les sessions de mai 2012 s’annoncent chargées.
Que retient-on en priorité des quatre catalogues de ces grandes maisons ?
C’est le grand retour des montres de poche, donc de la culture horlogère !
Sur le catalogue Antiquorum (ci-contre), on a même l’impression que le tourbillon de poche Patek Philippe bouscule l’Heures universelles (même marque), qui est pourtant un lot-phare.
Trois Breguet à la une : deux montres de poche pour Christie’s, une pour Sotheby’s (en fait une pendulette). Une Patek Philippe de poche pour Antiquorum. Une A. Lange & Söhne de poche pour Auktionen Dr. H. Crott (Allemagne).
C’est la première fois depuis très longtemps, sinon depuis toujours dans l’histoire des enchères horlogères, que les montres de poche se taillent simultanément la part du lion en couverture des principaux catalogues...
Le marché des montres de collection est en pleine mutation : il vient d’être réveillé par le ferment de la culture horlogère.
Les amateurs ont soif de nouvelles connaissances, non plus sur un siècle de montres-bracelets et de marques fortes, mais sur cinq siècles de tradition mécanique appliquée aux objets du temps.
Les nouveaux amateurs « émergents » n’ont pas les complexes des collectionneurs européens, qui avaient cessé de s’intéresser aux montres de poche dans les années 1990 : les nouveaux enchérisseurs sont plus attentifs à la qualité mécanique de l’objet, et non à sa marque. Ils privilégient le densité du savoir-faire, de l’histoire et de la « culture » condensée dans l’objet plus que sa valeur ostentatoire...
On remarquera la part croissante des notices explicatives et l’espace accordé à cette culture horlogère, notamment dans le catalogue Sotheby’s du 15 mai. Les notices consacrées aux montres Breguet exceptionnelles du catalogue Christie’s sont dignes d’un livre d’histoire de l’horlogerie (rédaction : Arnaud Tellier, on s’en doutait !)...
Et ce n’est pas fini, puisque Sotheby’s annonce, par exemple, une grande vente de la collection horlogère de George Daniels pour le mois de novembre prochain, avec des pièces d’un immense intérêt pour l’histoire et la culture horlogère.
On repère bien d’autres « signaux faibles » de la révolution culturelle en cours dans l’horizon horloger, avec de nombreuses expositions itinérantes - attention, ce sera bientôt terminé pour « L’horlogerie à Genève » : Business Montres du 13 décembre 2011 -, des conférences pour le grand public - ne pas manquer celle de Jean-Claude Sabrier, organisée par Sotheby’s juste avant les enchères de mai, à Genève - et tout un effort collectif d’évangélisation patrimoniale - l’opération Anticythère de Hublot est ici aussi exemplaire que symptomatique -...
Rien qui puisse choquer Business Montres, qui répète depuis deux ou trois ans que le grand enjeu des années 2010 est la « révolution de la culture horlogère » : il y a une vie après les montres et il y a tout un monde après les marques ! Il y a une tradition des mécaniques du temps plus de deux fois millénaire (Anticythère : 2 200 ans !) et une fascination immémoriale pour la mesure du temps (30 000 ans pour le premier calendrier lunaire, gravé sur un os d’aigle)... |