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L’horlogerie suisse a décidément les idées larges...

Très larges, même, et franchement généreuses !

Des petits malins ont déposé la marque Louis Cotttier, qui n’est autre qu’un de ses créateurs horlogers les plus féconds du XXe siècle...

Hélas, c’est pour camoufler du « Made in China » derrière ce pavillon de complaisance genevois !

Louis Cottier au service de l’entrée de gamme asiatique (150 à 180 euros chez tous les bons déstockeurs) : le maître-horloger genevois – qui était la modestie même – aurait été surpris de voir son nom apposé sur les montres présentées par la page Facebook de la marque Louis Cottier (montres plutôt bien dessinées, d’ailleurs)...

Il faut dire qu’il n’est pas très bien traité chez lui, ce grand monsieur qui a conçu les fameuses montres « Heures universelles », réalisée dès 1931 pour le joaillier genevois Baszanger, puis pour Patek Philippe (ces pièces détiennent aujourd’hui plusieurs records du monde aux enchères), pour Rolex, pour Vacheron Constantin et pour d’autres marques suisses...

Vous chercherez en vain, sur Wikipedia, une notice francophone sur Louis Cottier (1894-1966) – la seule qui existe est italienne ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’hommage horloger des marques suisses qui lui doivent le plus est assez modeste. De même que la reconnaissance des maisons d’enchères qui doivent leurs records à Louis Cottier est plus que discrète...

Sur le site de la FHH, dont on rappellera qu’elle est une fondation à vocation culturelle, Louis Cottier n’occupe guère qu’un renvoi chronologique expédié en moins de vingt mots ! Sic transit gloria mundi. Si un parc de Carouge (Genève) porte son nom, cela paraît concédé du bout des lèvres (voir l’image de sa stèle commémorative dans ce parc)...

Moyennant quoi, pourquoi se gêner en détournant son nom pour en faire une marque horlogère pas très valorisante ?

Louis Cottier, qui n’avait jamais réalisé que 455 montres à « heures universelles » dans sa vie, griffe désormais des milliers de chinoiseries - parfaitement honorables en soi, répétons-le - promises aux discompteurs en ligne. Sa postérité – et le respect dû à son nom – méritait sans doute mieux...

••• Pour se consoler, un des « trésors » de Louis Cottier : le lot n° 87 du catalogue Christie’s du 14 mai prochain (image ci-dessus). Une très rare Patek Philippe réf. 605 de 1950, dont le décor émaillé représente le continent américain : estimation 230 000-440 000 dollars, mais le résultat sous le marteau devrait situer dans le haut de l’estimation, voire au-delà (d’autant que cette montre de poche est accompagnée – lot suivant, n° 88 – d’une toute aussi rare Patek Philippe avec le même décor, datée de 1955, mais cette fois en montre-bracelet : beaucoup de collectionneurs voudront la paire !)...