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Un catalogue de printemps sans excès d’honneur, comme sans indignité, qui aura cependant du mal à faire la différence avec les propositions beaucoup plus consistantes des leaders du marché (Christie’s et Sotheby’s)...
Antiquorum semble avoir intériorisé le fait de jouer en seconde division, sans clairement oser la contre-programmation ou une vraie alternative.
Ce qui est dommage pour la dynamique globale du marché...
••• UN CATALOGUE QUI POURRAIT BIEN
DÉPASSER LES SIX OU SEPT MILLIONS DE FRANCS SUISSES...
Deux des « pointures » d’Antiquorum, Thomas Perazzi et Charles Tearle, sont passées avec armes et bagages (comprenez avec carnets d’adresse et clients, italiens pour le premier, américains pour le second) chez Sotheby’s, qui était le concurrent le plus « immédiat » d’Antiquorum (révélation Business Montres du 14 mars, info n° 8). Dur pour le moral d'un challenger ! La maison d’enchères américano-genevoise n’en fait pas moins bonne figure avec son catalogue de mai : 469 lots, qui seront dispersés dimanche 12 mai, en deux sessions.
••• Bon niveau général de la proposition, sans excès d’honneur comme sans indignité, avec les habituelles séries de montres neuves déstockées par les détaillants (C1-D 1-01-M1 dans le code Antiquorum), les classiques de la collection sur le segment des montres vintage (quelques Jaeger-LeCoultre rescapées des ventes précédentes), les indispensables montres de poche plus ou moins émaillées (dont une amusante montre-bracelet datée de 1845 : lot n° 41), des montres « chinoises » qui ne le sont pas vraiment (ou qui sont trop mal restaurées pour le devenir de façon crédible), les séries de Patek Philippe d’intérêt très divers (certaines très refaites, d’autres franchement douteuses) et tout l’environnement habituel des objet du temps, qui transforment certaines de ces ventes en vrai marché aux Puces (pendulettes, châtelaines, tabatières, cadrans émaillés ou bracelets en vrac, etc.). Parmi les lots les plus intéressants, on peut noter :
• Une profusion de montres de poche récentes : c’est bien connu, les Chinois adorent les montres de poche, donc autant leur bourrer... les poches ! Les « montres de gousset » de la seconde partie du XXe siècle, qui ne se vendaient plus, en retrouvent une nouvelle jeunesse, surtout quand elles sont émaillées et signées des grands artistes genevois de cette fin de siècle. Une pièce exceptionnelle : le lot n° 100, un tourbillon Patek Philippe archi-primé dans les concours d’observatoire ( une de ces pièces devenues rares qui étaient réglées, dans les années 1980, par un certain... Roger Dubuis !)...
• Une montre chinoise exceptionnelle par la qualité de sa décoration et son mouvement à grande sonnerie (lot n° 236), dont le seul défaut serait d’être un « cheval de retour » bien trop connu des collectionneurs – mais pas encore trop connue pas des Chinois, et c’est peut-être ce qui la sauvera...
• Une rare montre « oignon » de 1705 (lot n° 362), pas très cotée pour sa rareté (33 000-55 000 dollars) et d’autant plus rare qu’elle est en or et qu’on n’en connaît guère que quatre de ce type (répétition des quarts). On ne manquera pas non, dans le même esprit « historique », le lot n° 365, une montre de carrosse signée Julien Le Roy et datée de 1740 et estimée 22 000-45 000 dollars – ce qui serait un excellent prix pour une pièce de cette qualité...
• Des Rolex comme s’il en pleuvait : deux Comex, des Submariner par vagues, dont l’exceptionnelle réf. 5512 de l’ancien patron du Mossad israélien : lot n° 296, Business Montres du 2 mai, info n° 6) et une autre réf. 1680 de l’armée libyenne à peu près inconnue,
• Le quarantième anniversaire de la Royal Oak est célébré par une série de lots qui commence au n° 398 (boutons de manchette) pour se terminer avec le lot n° 453, ce qui permet à Antiquorum de survoler, avec de nombreuses références (peu de pièces exceptionnelles, à l'exception du très orné lot n° 428, estimé 6509 000-1,1 million de dollars), quatre décennies de Royal Oak – en séries plus ou moins limitées, dans tous les métaux et dans toutes les couleurs. On attendait mieux pour la seule vente thématique de cet anniversaire...
• Intéressante Patek Philippe réf. 2526 (lot n° 465), en or jaune avec son cadran émaillé noir : une montre dans un excellent état, jamais repolie, devenue rarissime quoiqu’estimée 65 000-110 000 dollars...
• Le planétaire de Passemant (horloger rendu célèbre par son horloge astronomique du château de Versailles) est une pièce exceptionnelle (lot n° 466 : ci-dessus) datée de 1765 et estimée 90 000-130 000 dollars : la combinaison d’art mécanique, de qualité décorative et d’intérêt scientifique en fait un objet de musée, d’ailleurs déjà exposé au musée des Arts décoratifs de Paris. On a pu dire que Passemant était l’ « ingénieur du roi » ou le « mécanicien du roi » : ce planétaire ne peut que nous en convaincre...
• Dernier lot de la vente (n° 469), l’Heures universelle Patek Philippe, réf. 2523 (double couronne), propose un cadran guilloché d’une grande rareté, qui lui vaut une estimation à 550 000-750 000 euros. Jamais repolie et toujours remarquablement « aiguisée », elle est déjà passée sur le marché, mais on n’en connaît guère de trois autres exemplaires en or jaune avec un tel cadran... |