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LE SNIPER DU VENDREDI : Dans les coulisses judiciaires de l'affaire Antiquorum...
 
Le 11-05-2012
de Business Montres & Joaillerie

Décidément, le dossier Antiquorum n'est pas refermé, et surtout pas à New York, où le bras-de-fer continue.

Et ça ne sent pas bon (devinez pour qui ?)...

POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DES MONTRES DANS SA LIGNE DE MIRE, LE SNIPER DU VENDREDI A...


1)
••• ENTENDU QUELQUES ÉCHOS TROUBLANTS
D’UNE DÉGRADATION RÉELLE DE LA SITUATION SUR LES MARCHÉS ASIATIQUES...
Apparemment, ça commence à tanguer, en Chine continentale comme en Chine périphérique. Des chiffres circulent à propos de Hong Kong : entre moins 20 % et moins 30 % d’activités pour les montres, avec un net ralentissement des flux de consommateurs chinois de l’intérieur. D’autres informations font état d’une brusque recrudescence des contrôles douaniers aux frontières : on voudrait dissuader les voyageurs de ramener des montres de leurs séjours en Europe qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Jusqu’ici, ces « importations » sauvages étaient à peu près libres : depuis que le Parti communiste a décidé de fortifier son marché intérieur pour gérer une croissance par la consommation (et non plus par les exportations), les douaniers font du zèle – ce qui incite les amateurs à acheter les montres en Chine, où elles sont nettement plus chères...


2)
••• COMPRIS QUE LA MACHINE ASIATIQUE
NÉTAIT PLUS L'ASPIRATEUR À MONTRES SUISSES QU'ELLE ÉTAIT...
On peut magré tout (voir ci-dessus) se poser des questions sur la réalité des prix pratiqués en Chine continentale (mainland). Les grandes marques et les grands groupes ont tellement « bourré les tuyaux » (sell-in) que le sell-out ne suit plus et que le surstockage menace, chez les détaillants comme vers l’amont (réseaux, distributeurs, importateurs, filiales) : il faut bien maintenir la fiction de statistiques d’exportation élevées ! Ne serait-ce que pour ne pas désespérer les analystes boursiers qui étudient la cotation de ces groupes... Problème : les déstockages parallèles destinés à oxygéner les trésoreries. On trouve aujourd’hui à peu près ce qu’on veut hors boutiques de montres, y compris pour les grandes marques à succès sur ce marché, et à des prix plus qu’intéressants, qui correspondent à peu près aux prix pratiqués en Europe : les Chinois sont de très avisés internautes, pour lesquels les moteurs de recherche n’ont plus de secrets. Du coup, il y a encore moins de monde dans les boutiques officielles, d’où les chiffres alarmants de baisse pour la fréquentation et les ventes...


3)
••• CONSTATÉ QUE LES CHIFFRES OFFICIELS
NE REFLÉTAIENT ABSOLUMENT PAS CES CONSTATATIONS PESSIMISTES POUR L’ASIE...
Les effets d’annonce optimistes se succèdent à la Bourse de Hong Kong, où Graff s’apprête à lever un milliard de dollars. On s’y prépare très activement à la relance et à la reconsolidation du réseau Sincere (les opérations avaient été déstabilisés par les révélations de Business Montres sur les manœuvres obliques de la « dame de platine »). Le réseau Emperor – qui n’est pas sans liens avec les opérateurs de Sincere – annoncent une croissance de 15 % dans leurs 80 boutiques haut de gamme (Chine, Hong Kong, Macau), avec une augmentation du panier moyen autant que du nombre de clients. Les exportations officielles de montres suisses vers la Grande Chine devraient se maintenir entre 15 % et 20 % pour le mois d’avril : pas belle, la vie ? Sur le papier, c’est tout rose. Sur le terrain, c’est plus gris...


4)
••• PÊCHÉ QUELQUES HISTOIRES CROUSTILLANTES
DANS LES PUBLICATIONS JUDICIAIRES DE L’ÉTAT DE NEW YORK...
On vit une époque formidable, ne serait-ce que pour la transparence de certaines institutions. A l’approche des ventes aux enchères de ces prochains jours, plusieurs lecteurs m’ont demandé où on en était de l’« affaire Antiquorum » (plaintes croisées entre Osvaldo Patrizzo, l’ancien créateur et manager de la maison, et ses successeurs). Côté genevois : rien ! Tout est sous le coude des juges instructeurs, dont on peut dire qu’ils n’abusent pas des actes de procédure et qu’ils se meuvent avec une grave prudence et beaucoup de circonspection : on en déduira que les accusations très graves lancées par Antiquorum contre Osvaldo Patrizzi ont perdu de leur consistance au fil de l’instruction et que le peu qu’il doit en rester n’a plus beaucoup d’intérêt pour la justice genevoise (qui a d’ailleurs libéré quelques montres séquestrées)...
••• A New York, en revanche, où se joue le second volet judiciaire de cette « affaire Antiquorum », toute la procédure des différents tribunaux est en ligne. On y découvre le détails des griefs d’Osvaldo Patrizzi contre ses anciens associés (Evan Zimmermann, qui était son avocat avant de passer dans le camp d’en face), ainsi que les arguments du même Evan Zimmermann, dont on rappellera qu’il est aujourd’hui le président d’Antiquorum. C’est beau, la transparence ! Mais c’est moins beau, ce qu’on découvre dans les coulisses de cette bataille autour de ce qui était – mais qui n’est plus, et de loin – la maison d’enchères de référence internationale pour les montres de collection...
••• Une pépite dans les documents récemment mis en ligne : une nouvelle plainte d’Osvaldo Patrizzi et de son premier actionnaire, Habsburg Holdings, contre Evan Zimmermann et Michael Levine, plainte relayée auprès de ce qui serait la commission disciplinaire des avocats new-yorkais auprès de la Cour suprême de l’Etat. Les chiffres des sommes escamotées ou évanouies ne sont pas anodins (deux millions de dollars par ci, trois millions de dollars par là), les comportements sont stupéfiants et les accusations de « conspiration » ne sont pas moins graves. Là encore, ce coup de projecteur sur les arrière-boutiques des auctioneers indépendants éclipse tous les westerns financiers que peut nous servir Hollywood. Coup de chance : les acteurs de ce western horloger seront tous présents à Genève ce week-end, et on pourra même leur demander des autographes !


5)
••• RELEVÉ QUELQUES CHIFFRES INTÉRESSANTS
À PROPOS DU RÉCENT ET NEUVIÈME « TOP MARQUES » DE MONACO...
34 700 visiteurs pour un concept voitures et montres de luxe, ce n’est pas rien ! 250 millions de ventes sur place annoncées par les exposants, qui tablent sur 250 autres millions de ventes différées, ce n’est pas rien non plus que ça tendrait à prouver que le salon bénéficie, certes, d’un visitorat curieux, mais aussi de l’attention des riches passeurs de commande qui ont commencé leur migration de la belle saison vers le Rocher. Les célébrités n’ont d’ailleurs pas manqué au Top Marques, à commencer par S.A.S. le prince Albert II, rejoint sur place par des champions automobiles, des sportifs, des couturiers ou des stars de la télévision (Pamela Anderson a fait une forte impression sur les messieurs). Le nouvel espace réservé aux marques de montres de joaillerie a trouvé son équilibre au-dessus des 42 stands qui présentaient plus de 60 véhicules de luxe (entre autres Koenigsegg, Pagani, GTA Motor, Tushek Supercar, Noble, Roding Automobile, Savage, Fisker, Soleil Motors, MS Design, Mansory, Gembella, Hamann, Merdad Collection, MTM, DeLavilla, Pace-Insider Cars ou Aston Martin, Ferrari and Jaguar, sans oublier les motos DK Motorrad, Greber, Avinton). Quelques premières mondiales ont été présentées à ce Top Marques...
••• Ne pas oublier non plus les bateaux (Van Dutch, Spire Boat, Powerboat, Maori Yachts, Brita Marine, Hydrolift, EAMS Luxury Water Toys, Hunton), et même la capsule spatiale Space Expédition SXC (tourisme spatial privé), puisque le salon évoluait cette année dans les trois dimensions (terre, air, mer). Sachant que, côté horloger et joaillier, on a également assisté à quelques « premières mondiales » dans les présentations publiques (nouvelles complications chez Franck Muller, haute joaillerie horlogère pour Roger Dubuis ou Backes & Strauss, accessoires pour milliardaires chez Stardust. Pour découvrir l’ambiance du Top Marques, une excellente vidéo trouvée sur Fashion TV (350 millions de spectateurs cumulés dans le monde)...


6)
••• COMPRIS QU’IL SE PASSAIT QUELQUE CHOSE
D’INHABITUEL À L’EXPOSITION ANTICYTHÈRE DU MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE D’ATHÈNES...
De mémoire de conservateur, jamais une exposition thématique n’avait mobilisé autant de visiteurs que la présentation des objets retrouvés sur le site d’Anticythère. Et les gros bataillons de touristes commencent à peine à débarquer en Grèce. Les musées du monde entier – dont le Louvre à Paris, mais aussi New York – ont demandé à bénéficier d’une « tournée » de ces objets – ce qui pose problème aux Grecs, la « machine d’Anticythère » étant un trésor national interdit de sortie du territoire ! Il n’est cependant pas interdit d’en réaliser des copies intégrales. Dans tous les cas, la montre Hublot offerte au musée d’Athènes sera du voyage tellement elle est considérée comme un témoignage de respect contemporain et un hommage logique de notre modernité aux mécaniciens de l’Antiquité : Hublot au Louvre, ça ferait des jaloux !
••• Reste à comprendre l’engouement des Grecs (le grand public populaire) pour Anticythère et pour cette « machine » venue en ligne droite de notre plus lointain passé. Il se dessine comme un réflexe de fierté nationale à un moment où le pays s’enfonce dans une crise engendrée par les gaspillages et les pillages de sa classe politique. Anticythère, c’est le symbole retrouvée d’une Grèce qui inventait les codes politiques, les principes philosophiques et les bases scientifiques de notre civilisation européenne : par-delà les siècles, ces rouages extraordinaires sont l’expression inaltérée du génie grec et l’essence même de son apport à l’histoire des hommes. Le peuple grec – adultes et enfants, qui se pressent autour de la cargaison d’Anticythère et de sa « machine » – ne s’y trompe pas : Anticythère, c’est la consolation en même temps que la raison d’espérer. Compte tenu de la crise, cette exposition n’aidera sans doute pas Hublot à vendre beaucoup de montres sur un marché totalement déprimé, mais on joue là dans un registre moral : dans cette opération Anticythère, Hublot a sans doute gagné ce « supplément d’âme » qui formalise, dans la pérennité, l’entrée dans l’Olympe des vraies grandes marques...


7)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ ÉDITORIALE...

••• HUBLOT : amusante, l’apparition de Wenger (montres et couteaux suisses, donc un concurrent de Hublot) dans le teaser réalisé par Hublot pour la promotion de sa montre King Power Alinghi 4000. C’est à la minute 00 :13 de la vidéo à retrouver sur la chaînes images Business Montres Vision. Au fait, 4 000 m d’étanchéité pour une montre de régate dédiée à l’équipage d’Alinghi, c’est peut-être un peu beaucoup, non ? À moins que ça ne prépare Alinghi à plonger dans les profondeurs du classement, mais ce n’est peut-être que 4 000 m... du rivage !

••• JACOB & CO : gros caprice pour les enfants gâtés qui ont déjà tout, sauf les boutons de manchette que leur a préparé ce cher (très cher) « Jacob the Jeweler ». De chaque côté de cette paire : 21 carats d’un superbe diamant jaune canari (taille émeraude, cerclé de 10 carats de diamants baguette. Plus quelques autres diamants baguette du côté fermoir ! Ça, c’est la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est qu’il faudra mettre 4,2 millions de dollars sur la table pour glisser ces boutons dans ses manchettes : on peut toujours essayer sur sa wish list de la Fête des Pères (source : Cufflinks)...

••• JAEGER-LECOULTRE : lancement du très élégant chronographe trois compteurs Deep Sea (en deux mots : en un seul, c’est chez Rolex !), normalement dédié à l’univers de la plongée. Son indicateur de fonction chronographique (guichet rouge-blanc à 12 h) laisse perplexe. Blanc : chrono non enclenché (on s’en doutait, l’aiguille centrale des secondes restant immobile). Rouge et blanc dans le guichet : chrono enclenché (on s’en doutait : l’aiguille centrale est lancée et ça se remarque). Rouge : chrono arrêté (on s’en doutait : l’aiguille centrale est arrêtée). Cette redondance serait éventuellement plus utile sur une montre de pilote (lisibilité aléatoire), mais c’est clairement une montre de plongée (lunette tournante et nom de baptême), qui, en tant que telle, doit disposer d’une seconde centrale. Bizarre...

••• LOUIS VUITTON : deux nouvelles démonstrations de savoir-faire horloger, en direct de l’atelier genevois de La Fabrique du temps, à découvrir sur la chaîne images Business Montres Vision (l’art de graver un mouvement horloger et l’art de l’angler et de l’empierrer)...

••• RICHARD MILLE : très réussie, la nouvelle version de la RM 016 Black Night (ci-dessus). Beau contraste du titane DLC et du rehaut rouge, qui consonne bien avec le bracelet en caoutchouc rouge. C’est ce qu’on appelle une efficace « bête de distribution » : elle est malheureusement en édition limitée à 10 pièces et elle sera réservée aux détaillants de la marque pour l’Europe, la Russie et le Proche-Orient. Autant dire que c’est comme si elle était déjà sold out !

••• ROGER SMITH : les riches collectionneurs se passent la bonne nouvelle. Roger Smith, l’élève de George Daniels, serait prêt à livrer les premières montres de la série de 35 pièces qu’il prépare sur son île de Man. Compter 260 000 francs suisses pour cette montre « Anniversaire George Daniels », qu’on croirait signée par George Daniels...

••• SOTHEBY’S : en plus des montres de la vente horlogère de mardi prochain (Hôtel Beau-Rivage), ne pas manquer l’exposition de deux collections (pièces phare) qui seront dispersés ultérieurement. D’abord, la collection personnelle des objets du temps de George Daniels (Londres, 6 novembre) : des montres qu’il a fabriqué lui-même, ainsi que des garde-temps attribués aux plus grands horlogers des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Beaucoup de ces pièces n’ont pas été exposées depuis plusieurs années. L’exposition de Genève comprendra notamment un tourbillon une minute en or jaune 18 carats doté d’un mince échappement co-axial que Daniels a réalisé en 1987. Ensuite, une partie de la collection Graves (New York, 14 juin) : certaines des plus belles références signées Patek Philippe, dont des modèles faits pour Henry Graves, jamais exposés ni apparus sur le marché...

••• SWATCH PRÉSIDENTIELLE : en France, il y a quand même un sacré problème entre les montres et les présidents de la République (n’est-ce pas, M. Hollande ?). À la place Nick Hayek, on lui en enverrait une autre...

••• ÉTATS-UNIS : étrange, ce dévissage boursier des groupes horlogers américains (Fossil au-delà des moins 35 % et Movado qui frôle les moins 10 %). Coup de doigt malheureux d’un trader ou signe avant-coureur d’un problème plus grave ?

••• NOSTALGIE : régressif et néostagique, la pendule de l’ORTF et la musique symphonique qui allait avec, en direct d’une époque où tout un pays vivait au rythme des même secondes (à découvrir sur la chaîne images Business Montres Vision). Pour la musique, c’est ici : ça vaut la madeleine de Proust, non ?)...

••• TOI ET TON TATTOO TIC-TAC : un style Casio vintage pour la montre la plus légère du monde, qui doit aussi être la plus extra-plate de toute l’offre horlogère contemporaine (page de la Médiafacture d’informations horlogères depuis 2004)...

••• CHINE : révélatrice, la façon dont les marques de montres chinoises réalisent leurs films publicitaires – avec les mêmes codes que ceux des marques occidentales, acteurs locaux de référence en plus – ce qui est sans doute plus crédible localement (à découvrir sur la chaîne images Business Montres Vision pour le clip lui-même et pour le making of)...

 



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