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Les sessions d’enchères de ce printemps 2012 sont un des épisodes les plus stratégiques de la « guerre des auctioneers depuis dix ou quinze ans...
Christie’s s’avance à la bataille avec un gros catalogue, d’une densité exceptionnelle en pièces « historiques » que les collectionneurs du monde entier ne sont pas prêts de revoir sous le marteau.
Coup de projecteur sur les plus intéressants des 414 numéros de son catalogue...
••• LA SECONDE SESSION CHRISTIE’S NOUS PROMET
UNE IMPRESSIONNANTE PLUIE DE RECORDS SOUS LE MARTEAU D’AUREL BACS
(revue rapide, sans pouvoir hélas s’arrêter sur tous les lots marquants tellement il y en a...)...
On va donc reprendre dès 14 heures, pour une session qui devra être terminé vers 18 heures... pour des raisons bassement stratégiques ! Il faut, bien sûr, libérer la salle, mais il faut surtout permettre aux marchands italiens de pouvoir reprendre soit le dernier train, soit le dernier avion pour Milan (vers 19 heures) : ceci au cas où ça pourrait les dissuader de dépenser leur argent le lendemain, chez Sotheby’s - interprétation purement personnelle et sans doute mal intentionnée -...
••• On aura noté, au passage, la nouvelle décoration de la salle Christie’s, ses nouveaux jeux de lumière (capables de renforcer l’intimité ou la théâtralité des lots mis en jeu), ses nouveaux écrans et toutes les attentions portées par Aurel Bacs à la qualité du spectacle : il tiendra le marteau, avec le pupitre de commandes des effets spéciaux sous la main...
••• PASSONS MAINTENANT AUX CHOSES SÉRIEUSES
ET À CE QUI SE PASSE(RA) DANS LA SALLE...
••• Pour se remettre dans le bain de la vente après la pause, une série de pièces courantes(lots n° 187 à 209), avant de recommencer à se faire les dents sur des lots plus consistants, comme la Patek Philippe réf. 3971 (lot n° 210 : double fond vissé et saphir, 140 000 dollars), suivie de lots plus courants (n° 211 à 219), avant de revenir à du sérieux (lot n° 220 : Patek Philippe réf. 130 : 170 000 dollars), du rare (lot n° 221 : Patek Philippe réf. 3428, la seule connue de ce type, estimée 280 000 dollars)) et du bizarre (lot n° 222 : Patek Philippe réf. 1491, jamais vue avec son bi-chrono hypertrophié et donc estimée 440 000 dollars)...
••• Puisqu’un gros million de dollars aura changé de mains en quelques minutes, on calme ses battements de cœur avec quelques montres de poche historiques (n° 223-229), avant d’attaquer les sommets de la journée : une série de Breguet comme on en voit peu sous le marteau. Business Montres (10 avril) a déjà signalé l’exceptionnel lot n° 230, une Breguet à double mouvement : nous n’y reviendrons pas, sinon pour signaler, sur la chaîne images Business Montres Vision, une présentation de cette montre par Aurel Bacs.
••• Cette montre, pour laquelle nous maintenons notre pronostic à quatre ou cinq millions de dollars minimum (contre 1,6 millions pour l’estimation) fait l’objet de toutes les conversations et de toutes les spéculations. Non seulement deux musées seront en lice (Patek Philippe et Breguet), mais quelques amateurs voudraient bien faire un « coup d’image » avec une montre capable de les faire entrer dans la légende et de donner une valeur ajoutée supplémentaire à l’ensemble de leur collection. Donc, même en faisant la part des manœuvres d’intoxication classiques avant une telle vente, il ne serait pas étonnant qu’on soit, au coup de marteau final, au-delà de la demi-dizaine de millions estimée par Business Montres...
••• Une quasi-certitude : dans tous les cas, on battra un record. Soit celui qui tient pour une montre Breguet. Soit celui qui tient pour une mécanique horlogère Breguet (pendules comprises)... Et pourquoi pas celui d’un objet du temps du XIXe siècle, ou même plus...
••• Les lots Breguet qui suivent ne sont pas moins exceptionnels. Le lot n° 231 (Breguet « simple à nouveau calibre » de 1803 assurera la transition avec l’autre lot-phare de la journée, le n° 232, une équation du temps à répétition, qui sera sans doute moins disputé entre les musées (il en existe déjà une au musée Patek Philippe et au musée Breguet), mais qui permettra aux amateurs de se refaire de leur déception du lot précédent, au besoin en dépassant l’estimation haute à 1,6 million de dollars. Ces collectionneurs de Breguet savent que c’est la dernière pièce de cette série de cinq, réalisée par Breguet entre 1817 et 1821, à passer en vente avant de très longues années...
••• Les lots Breguet qui suivent ce temps fort sont tout aussi passionnants, quoique moins cotés, notamment le lot n° 233, une « petite montre simple » à double boîtier dont le fonds secret, presque ouvert par hasard lors de l’arrivée de la montre chez Christie’s, a révélé un linge tâché de sang dont Aurel Bacs ne dit rien, mais dont la tradition familiale des personnes qui proposent cette montre laisse entendre qu’il pourrait s’agir d’un lambeau de la robe portée par la reine Marie-Antoinette le jour de son martyre sur l’échafaud. On espère que l’enchérisseur fera les analyses ADN nécessaires...
••• On admirera le « placement » des lots suivants, qui seront de vrais lots de consolation pour les amoureux éconduits des numéros précédents. On les a disposé là spécialement pour calmer les frustrations : une Breguet (lot n° 234), la première « heures universelles » astronomique connue (une montre signée de Kuchajewski et datée de 1814 : lot n° 235, estimé 170 000 dollars), un « compteur de tierces » de Louis Moinet, l’élève de Breguet (lot n° 236, dont il serait anormal qu’il n’aille pas très au-delà des 5 600 dollars de son estimation haute), et quelques sympathiques montres de poche (notamment une Berthoud, lot n° 240, répétition des quarts estimée 110 000 dollars)...
••• On glissera rapidement dans les lots un peu bouche-trou qui nous conduisent vers une des gourmandises de cette session, la Rolex Ovettone étoilée du lot n° 268, superbe dans son cadran noir piqué d’étoiles (l’estimation haute à 170 000 dollars devrait être dépassée, compte tenu du vent de folie qui s’est emparé des Rolex de collection (image ci-dessus). Au cas où, les Rolex suivantes (lots n° 269 à 271) oou même les précédentes (belle Daytona avec le lot n° 267) permettront de ne pas tout perdre...
••• Vers le milieu de l’après-midi, on va s’attaquer aux Patek Philippe de légende qui pimentent ce catalogue Christie’s, comme le lot n° 304 (réf. 1579, 170 000 dollars), le lot n° 305 (réf. 2438 : 370 000 dollars) ou le lot n° 306 (Calatrava quatre aiguilles réf. 2597, estimée 610 000 dollars, dans un état de fraîcheur remarquable). Trois lots qui seraient à l’honneur chez tout autre auctioneer, mais qui ne sont ici que des... transitions ! Tout comme, un peu plus loin, les lots n° 350 à 354, qui s’adjugeront entre quatre et cinq chiffres, le n° 354 (réf. 3974 : répétition minutes Patek Philippe de 1991) étant estimé à 444 000 dollars...
••• Plus « originale » (façon de parler !), la Gondolo Patek Philippe rectangulaire de 1913 (lot n° 377, estimé 170 000 dollars) : on pourra vérifier si le marché croit vraiment aux Patek Philippe carrées, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici, mais l’heure de ces montres a peut-être sonné. Plus rassurante, toujours en Patek Philippe, la réf. 130 du lot n° 378 (estimation 420 000 dollars) ou une autre réf. 2597 (lot n° 379, moins impressionnante que le lot n° 306 et donc estimée seulement à 170 000 dollars)...
••• Deux jolies petites Rolex en fin de catalogue, après un tir groupé digne d’intérêt (lots n° 406 à 409) : un chronographe Oyster réf. 6234 (lot n° 410 (si les amateurs ont le sentiment qu’elles sont vraiment sincères, les couleurs très fraîches de son cadran devraient l’amener au-delà des 130 000 dollars de l’estimation haute) et le chronographe Oyster réf. 4500 du lot n° 411 (là encore, l’instinct des collectionneurs sera déterminant pour dépasser l’estimation haute de 130 000 dollars pour une pièce aussi pimpante)...
••• Derniers coups de marteau avec une spectaculaire Patek Philippe réf. 1526 en or rose (lot n° 412, impeccablement conservée et donc estimée à 330 000 dollars, ce qui est sans doute timide pour une pièce dont on ne connaît que deux autres exemplaires) et avec le lot 414, qui bouclera la vente avec un chronographe Patek Philippe réf. 1518 en or rose de toute beauté : cette référence, dans cet or, avec un cadran rose et à plus forte raison avec un bracelet rose, est actuellement la star de toute collection patékienne digne de ce nom. On devrait logiquement frôler, puis dépasser le million de dollars (estimation faute : 890 000 dollars) pour peu que les Italiens soient restés sur leur faim avec les lots précédents...
••• POUR RELIRE LA PREMIÈRE PARTIE :
LE CATALOGUE CHRISTIE’S AU SCANNER (VENTE DU 14 MAI), PREMIÈRE ÉPISODE...
Les 186 premiers numéros du catalogue (session du matin), avec ses Patek Philippe, ses Rolex et toutes les montres de poche qui vont battre des records (Business Montres du 12 mai)... |