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Un institut bâlois pense que le gaz importé remplacera, au prix fort, le nucléaire
La sortie du nucléaire prévue par le Conseil fédéral coûtera nettement plus cher à l’économie que le prétend le gouvernement dans ses «scénarios 2050». C’est la conclusion d’une étude de l’institut bâlois d’études économiques (IWSB) réalisée pour le compte d’economiesuisse. Ce document de 61 pages, daté du 16 avril, a été mis vendredi sur le site de l’Association des entreprises suisses.
Le postulat de base de l’étude est une forte croissance de la demande en énergie à cause de l’augmentation des besoins et de la progression démographique. Le Conseil fédéral pense, au contraire, sur la base des études de l’Office fédéral de l’énergie, que la consommation se stabilisera et pourra même légèrement diminuer d’ici à 2050 grâce à des économies d’énergie et à une meilleure efficacité des appareils et installations. Le recours au gaz ne devrait être que temporaire selon le Conseil fédéral, alors que l’institut IWSB pense qu’il sera définitif.
Les auteurs de l’étude estiment que l’arrêt progressif des centrales nucléaires produira un fort effet de substitution en direction du gaz. Cela devrait multiplier par cinq à sept la quantité de gaz importée d’ici 2050. En 2009, la demande de gaz naturel en Suisse se montait à 99 petajoules, soit l’équivalent de 27,7 milliards de kWh. Si les habitudes de consommation ne changent pas, l’institut bâlois estime que les importations de gaz atteindront 369 petajoules en 2050. La mise en place de la nouvelle politique énergétique du Conseil fédéral, basée sur les nouvelles énergies renouvelables, ferait varier les importations entre 113 et 211 petajoules à l’horizon 2050. L’institut IWSB constate en outre que la sortie du nucléaire accroît la dépendance énergétique de la Suisse à cause des importations d’énergies fossiles.
Variable selon les secteurs
Le coût de la réorientation de la politique énergétique suisse sera fort différent d’un secteur ou d’une entreprise à l’autre. Alors que le coût de l’énergie pour l’industrie du ciment représente 5% du chiffre d’affaires, il tombe à 0,3% pour l’industrie des machines ou 0,1% pour la construction. La part de l’électricité dans la consommation d’énergie des entreprises se situe entre 55 et 57%.
Les auteurs de l’étude pensent que les dépenses pour l’énergie passeront de 28,8 milliards de francs en 2009 à 42 milliards en 2050, voire à plus de 60 milliards en cas d’introduction d’une taxe incitative sur l’énergie. Selon l’institut bâlois, le prix de l’énergie devrait augmenter de 173 à 218% d’ici à 2050 dans le secteur industriel, et de 152 à 193% dans celui des services.
Willy Boder
LE TEMPS |