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L’Asie propulse Richemont vers des cimes inconnues
 
Le 21-05-2012

Sur un an, les ventes sont en hausse de 46% dans la région Asie-Pacifique. Le directeur Johann Rupert vogue entre fascination et doute

La région Asie-Pacifique, Chine continentale et Hongkong en tête de cordée, continuera-t-elle longtemps à tirer Richemont vers de nouveaux sommets? Entre l’ivresse et le vertige des cimes, Johann Rupert hésite. Le directeur général est avant tout fasciné par le dynamisme chinois. «On se bat pour agrandir Heathrow et pendant ce temps, plus de 200 aéroports sont en chantier en Chine», a-t-il lancé mercredi, à l’occasion de la présentation des résultats annuels du groupe genevois de luxe.

Sa célèbre prudence est mise à rude épreuve. Il faut dire que les pays d’Asie-Pacifique ont encore une fois été les moteurs de l’exercice 2011-2012 clos à fin mars. A taux de changes constants, les ventes y ont progressé de 46%. Alors que le bureau d’études Bain&Co s’attend à ce que le luxe y avance encore de 16% cette année, la région génère désormais 42% des 8,87 milliards d’euros de revenus totaux enregistrés à fin mars, qui sont, eux, en hausse de 29%.

Cette dépendance concentre forcément les interrogations. D’autant plus que c’est aussi grâce aux vagues de touristes chinois que, dans une Europe en pleine tourmente, Richemont parvient à afficher des revenus en hausse de 17% dans la région. Jon Cox, analyste de Kepler Capital Markets, estime que la moitié des ventes du groupe sont directement liées à des acheteurs chinois, en Chine ou ailleurs.

«Comment va la Chine? On me le demande sans cesse», a répondu Johann Rupert à un analyste, avant de retrouver son habituelle précaution: «J’apporte des bonnes nouvelles …] Mais je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Il y a un volcan, quelque part, et nul ne sait où ni quand il explosera.» Si retournement il y a, il ne peut venir que d’un facteur exogène, comme une taxe à l’importation ou une faille dans le système bancaire, a imaginé le directeur. «Mais les consommateurs chinois, eux, aiment nos produits «Made in Europe.»

Mercredi, deux mois après que les bilans annuels de LVMH ou de Swatch Group ont eux aussi montré combien la région asiatique tire le luxe vers le haut, il a aussi été question de chiffres. Des chiffres «purement et simplement impressionnants», dixit Patrick Hasenböhler, analyste de Sarasin: la division horlogère, qui comprend Jaeger-LeCoultre, Piaget ou IWC, affiche un chiffre d’affaires en hausse de 31%, à 2,32 milliards d’euros. La marge opérationnelle (EBIT) atteint 23,3% (+180 points), en dépit des coûts liés à la réorganisation de Baume &Mercier. Marque qui, par ailleurs, est sortie des chiffres rouges, affirme Richemont.

Les ventes de la joaillerie (Cartier, Van Cleef and Arpels) sont, ­elles aussi, en hausse de presque un tiers, à 4,6 milliards. La marge flirte désormais avec les 33%. Globalement, la rentabilité du groupe a atteint 23%, contre 19,7% à fin mars 2011. Un niveau dont Johann Rupert ne sait pas s’il sera soutenable très longtemps. Ni à quel niveau une marge peut être considérée comme telle.

Pour l’avenir, le groupe privilégiera la croissance interne et veut surtout investir dans l’accroissement de ses propres capacités de production. Sur les 2000 personnes que le groupe compte engager en Suisse d’ici à fin 2013, il en est à environ 800. «Cela devient difficile de recruter, alors nous allons miser sur la formation», a expliqué le directeur adjoint, Richard Lepeu, notamment en référence au campus horloger prévu à Meyrin.

Après avoir ouvert 90 boutiques au cours de l’exercice écoulé, Richemont veut en inaugurer 70 autres cette année. En Chine, au Vietnam, en Indonésie ou au Brésil. Alors que ses deux canaux de distribution comptaient chacun pour moitié l’an dernier, les ventes au détail (53%) ont désormais dépassé les ventes en gros (47%).

Au mois d’avril, le premier de l’exercice en cours, les revenus ont progressé de 29%. Mais un optimisme mesuré, et non chiffré, prévaut. Quid des effets de la crise européenne et du possible ralentissement de la croissance en Chine sur le secteur? «Si je me trompe sur le potentiel de ce pays, nous, et d’autres, aurons des problèmes», a assuré Johann Rupert.

Servan Peca
[LE TEMPS

 



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