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Le PIB a augmenté de 0,7% au premier trimestre. Une vigueur qu’aucun analyste ni indicateur n’avait laissé deviner
Personne ne l’avait vu venir. Une fois encore, l’économie suisse surprend par sa vigueur et sa résistance aux aléas européens. Alors que la zone euro et la France stagnent, que l’Allemagne croît de 0,5%, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,7% au premier trimestre, a annoncé jeudi le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco).
A l’automne, nombre d’experts, Banque nationale suisse comprise, annonçaient un probable arrêt de la croissance en fin d’année. Les économistes sondés par l’ATS voguaient entre – 0,1 et 0,5%, tout au plus. D’autres avaient même évoqué un passage en récession. Après une hausse de 0,5% au dernier trimestre 2011 – le Seco a révisé son précédent calcul de + 0,1% –, l’économie suisse aura donc largement contredit ces prédictions.
Même l’indicateur avancé du KOF et l’indice PMI des responsables d’achats n’avaient pas laissé deviner une telle performance. Sans doute, éclaire l’économiste de Credit Suisse, Björn Eberhardt, parce que lesdits indicateurs ne sont que peu influencés par le climat de consommation.
Car c’est justement ce dernier qui a soutenu la croissance. La consommation des ménages a augmenté de 0,6%. Mise à part la rubrique «transports», toutes les autres composantes y ont contribué, note le Seco. Les dépenses de l’Etat, soit la consommation publique, sont même en hausse de 2%. «Il se pourrait qu’elles soient moins importantes durant les prochains trimestres», pondère Björn Eberhardt.
Inconnue autour des stocks
L’autre gros contributeur, et qui pourrait, lui aussi, l’être moins dans un avenir proche, ce sont les effets des variations des stocks. Entre janvier et mars, ils ont contribué à hauteur d’un point de pourcentage au PIB. Deux interprétations sont possibles, détaille l’économiste de Credit Suisse. La réjouissante: «Les entreprises ont constitué des stocks parce qu’elles s’attendent à une hausse de la demande». Et la préoccupante: «Elles ont écoulé moins que prévu et sont contraintes de stocker une partie des invendus».
Les investissements dans les biens d’équipement ont, eux, progressé de 1,5% sur un trimestre, après une hausse de 3,3% en fin d’année 2011. «Cela démontre la grande résistance des entreprises suisses aux problèmes européens», estime Björn Eberhardt.
La période glaciale de février a par contre pénalisé les investissements dans la construction (–5%). Les exportations de marchandises ont, elles, reculé de 0,5%. Tant la chimie, les machines, les métaux que les instruments de précision et l’horlogerie sont concernés. Les exportations de services, en revanche, grimpé de 2,6%.
Servan Peca
LE TEMPS
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