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Superbe exposition à l'EPHJ de Genève, tant par l'esthétique générale que par le nombre des visiteurs : c'est sans doute la plus belle édition de ce salon depuis sa création, même si la grogne des exposants se ressent de plus en plus clairement avant la grande compétition face à la Lausannetec, en 2013.

Pour beaucoup de maisons, qui ne peuvent pas faire les deux, il ne sera pas facile de faire le bon choix !

POUR SON ZAPPING DU MILIEU DE SEMAINE, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPER A ZAPPÉ SUR...

1)
••• LA GRANDE AFFLUENCE SUR LE STAND D’AJS
POUR DÉCOUVRIR LA FAMEUSE « PLATINE ADDITIONNELLE »...
Révélée par Business Montres (4 juin), qui la qualifiait de « révolutionnaire », cette platine additionnelle était hier un des principaux pôles de curiosité de l’EPHJ : rude épreuve pour André et Anthony Saunier, qui n’avait pas trop de mots pour expliquer le concept à leurs nombreux visiteurs. Apparemment, on lit beaucoup Business Montres dans les vallées...


2)
••• LE LASER DE GUERRE IMAGINÉ PAR MIMOTEC
CONTRE LES FAUSSAIRES DE LA MONTRE HAUT DE GAMME...
C’est une des meilleures bonnes nouvelles de l’EPHJ : une réponse high-tech aux défis de toutes les contrefaçons de montres de luxe, désormais si bien imitées qu’on peut les faire passer pour des vraies. L’équipe de Mimotec (Hubert Lorenz) est parti d’une idée développée par l’ARC et repérée par Business Montres en juin 2010 : info n° 2 sur la nanostructuration invisible d’un cadran, pour créer des images virtuelles (hologrammes) avec un faisceau laser. Bonne idée, mais finalement pas trop difficile à reproduire (documentation : SSC sur ces « structures diffractives »)...
••• Il faut toujours garder une génération d’avance sur les faussaires : c’est l’immémoriale dialectique de l’épée et du bouclier. Comme beaucoup de professionnels, Mimotec a pu remarquer les contrefacteurs des montres de haut de gamme n’avaient pas encore « attaqué » la reproduction des pièces créées en LIGA (silicium et matériaux de nouvelle génération). On a encore pu le vérifier dans un reportage de la RTS Suisse sur les faux tourbillons Hublot (alerte Business Montres du 21 mai dernier, info n° 6) : les roues en silicium du calibre original avaient été remplacées par des rouages ordinaires. D’où l’idée de combiner silicium et nanostructuration, pour créer sur des pièces fonctionnelles en mouvement (et non plus sur un cadran) des micro-reliefs capables de réfléchir des dessins, des logos ou même des mots dès qu’ils sont frappés par une source lumineuse de type laser. Cette nano-sculpture diffractive (silicium et nouveaux matériaux) est bien maîtrisée par Mimotec (procédé Liga : croissance de matière), qui peut la proposer aux marques soucieuses de pouvoir facilement faire authentifier leurs composants de nouvelle génération, et donc l’ensemble de la montre (puisque les faussaires ne s’y risquent pas encore) dans un SAV, chez un détaillant ou dans un service douanier.
••• Pour mieux découvrir cette parade intelligente aux contrefacteurs, rendez-vous sur le stand EPHJ, mais on peut également en comprendre l’impact avec quelques mini-vidéos diffusées sur la chaîne images Business Montres Vision...
• D’abord, une présentation du procédé Liga (croissance de matière) par Mimotec (02:21 mn)...
• Ensuite, le jeu du laser pour créer des figures colorées capables de certifier la pièce ou la montre (00:34 mn)...
• Enfin, l’appareillage laser pour projeter ce pinceau lumineux capable de refléter logos ou mots (00:15 mn)...


3)
••• LES MATÉRIAUX « MOUS SUR DURS » CRÉÉES
PAR MIMOTEC AVEC UNE GÉNÉRATION D’AVANCE SUR LES CONTREFACTEURS...
Du laiton hyper-dur, mais qui reste du laiton, ce qui permet de l’usiner tout en lui donnant des qualités de résistance jamais vues (200 Vickers). Demain, peut-être, d’autres matériaux, et pourquoi pas de l’or « durci ». Ne pas manquer sur le stand de Mimotec quelques innovations dans ce genre : c’est la révolution dans les engrènements « mous sur durs » (Ni-250 HV ou Cu-200 HV). Les directeurs de production en sont très excités...


4)
••• LES NOUVEAUX BRACELETS NYLON (TYPE OTAN)
DE PROTEXO, UNE DES DERNIÈRES MANUFACTURES GENEVOISES DE BRACELETS...
Les fournisseurs de bracelets en cuir se font rares dans le bassin genevois, mais Protexo Chêne-Bourg) va plus loin avec une nouvelle gamme de « Nato » (OTAN) réalisables dans de multiples textures de tissage, avec une gamme de couleurs infinie, des largeurs à la demande et la possibilité d’intégrer des logos ou des dessins dans la trame. Soit exactement ce que cherchent les montres. Atout supplémentaire : ce n’est pas du « Made un China », mais du « Made in France », ce qui peut faciliter la supply chain. Plus révolutionnaire encore : l’intégration de cet esprit « Nato » dans un bracelet en cuir de facture traditionnelle (rembordement latéral en cuir, dans le « Nato » de son choix). A voir sur le stand de Protexo (G 41) : un îlot intelligent d’ateliers genevois, qui regroupe un motoriste de renom (MHC de Pierre Favre : Manufacture de hautes complications), un graveur et un émailleur.


5)
••• LA PREMIÈRE STÉRÉOLITHOGRAPHIE EN CÉRAMIQUE
(DE QUOI CRÉER DES PROTOTYPES, MAIS AUSSI DES PIÈCES UNIQUES)...
Un procédé encore jamais présenté dans un salon horloger : au lieu des « cires » qu’on utilise habituellement pour créer des stéréolithographies (toujours utiles pour des évaluations volumétriques des prototypes), on peu désormais injecter de la céramique dans ces résines. En tenant compte des paramètres de « retrait » de la matière au frittage (quand on a évacué les résines), il devient possible d’obtenir une pièce définitive en 3D, qui sera soit un prototype plus résistant et donc plus fonctionnel, soit une pièce unique en céramique. Une innovation qui devrait intéresser beaucoup d’horlogers et qu’on peut découvrir sur le stand de 3D Ceram (E 87) : une entreprise de Limoges (France), où on travaille depuis toujours la porcelaine, cette lointaine cousine de nos céramiques high-tech...


6)
••• LA PREMIÈRE APPARITION PUBLIQUE (EN SUISSE)
DE LA MONTRE JULIEN COUDRAY (ATELIER IMH DE FABIEN LAMARCHE)...
Mieux qu’une montre ou une marque de plus, Julien Coudray est un concept d’excellence, sinon un creuset qui concentre de multiples métiers d’art et de la mécanique horlogère pour rendre hommage à un des premiers créateurs connus de « montres » portatives : en 1518, Julien Coudray avait réalisé pour le roi François Ier une paire de dagues décorées de montres. A découvrir sur le stand IMH (Innovations manufactures horlogères, Le Locle), au L 01 : chaque détail est un immense plaisir pour les puristes des beaux-arts de la montre. Le cadran est une « tuerie » pour l’émaillage complexe des index. Business Montres vous en reparlera très vite...


7)
••• LES SCULPTURES EN LIBERTÉ
DE L’ATELIER DE DÉCORATION HORLOGÈRE BLANDENIER...
Christophe Blandenier est une référence sur la place de Genève : inutile de citer la liste (impressionnante) de ses prestigieux clients. Il démontre son savoir-faire à l’EPHJ avec un nouveau procédé de « guillochage manuel », qui consiste à sculpter à la main du métal, selon des motifs qui rappellent la symétrie du guillochage, mais avec la liberté et la fantaisie créative que donne la main du sculpteur et du sertisseur. Ceci pour le cadran, soigneusement retravaillé à la gouge, mais aussi pour le mouvement, dont chaque pont peut devenir tige de fleur et chaque rubis un pistil de fleur (image ci-dessus) : on reste au cœur des traditions de la « belle montre genevoise », avec des « artistes » qui travaillent en direct sur le stand N11. L’avantage de l’atelier Blandenier, c’est de fonctionner comme un « guichet unique » pour les marques confrontées à des problèmes de décoration haut de gamme (gravure, anglage, sertissage)...


8)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES NOTÉES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ ÉDITORIALE...

••• ENVIRO FALK : envie de fraîcheur à l’EPHJ ? Cette année, la climatisation n’est pas défaillante comme l’année dernière, mais vous pouvez toujours vous faire offrir un sorbet sur le stand d’Enviro Falk (J 81). C’est servi avec le sourire dans une carriole de glacier à l’italienne, et il y a plein de parfums. Bonne idée de storytelling : Environ Falk est spécialiste de la production d’eau pure et du traitement des eaux usées. Le sorbet n’est-il pas le meilleur ami de l’eau ?

••• JADE : pour tous ceux qui sont encore fascinés par la mirage chinois, ne pas manquer à l’EPHJ les cadraniers qui proposent des cadrans en jade de toutes les variantes. En Chine, c’est la pierre fétiche, mais on en fait maintenant de très distinguées plaquettes pour les cadrans horlogers...

••• CARBONE « GIVRÉ » : la fibre de carbone, c’est un peu has been et trop démocratisé. Tiens, voilà le « carbone givré », à découvrir sur le stand de Composites Busch (P 11) : effet givré, voire irisé, sans l’aspect tramé de la fibre classique, pas technologiquement différent du carbone forgé lancé par Audemars Piguet, mais sans doute plus intéressant d'aspect (tout dépend du broyage des fibres intégrées dans le matériau et de la finition). Ne pas manquer, sur ce stand, les stéréolithographies à base de poudres métalliques (voir ci-dessus, info n° 5 pour la version en céramique)...

••• ANTIQUORUM : il s’insinue comme un doute à propos de la fameuse Omega Constellation mise en vente par Antiquorum New York le 12 juin et dont on nous assure qu’elle aurait appartenu - à partir de là, conditionnel obligatoire - à Elvis Presley. On n’est pas vraiment sûr que le témoin qui la présente ainsi soit digne de confiance : ce ne serait pas la première fois dans l’histoire des enchères qu’on aurait un témoin douteux. D’autre part, il semblerait que, sur la photo destinée à authentifier cette appartenance, la montre soit une Seamaster, et non une Constellation. Enfin, cette montre – qui semble bien être celle qui était passée en décembre 2011 chez Heritage Auction – aurait perdu dans ce transfert son plaqué d’or d’origine : le coup de maquillage aurait été opéré en 18 K, alors qu’un 14 K aurait été réglementaire. Beaucoup de suspicion pour un seul lot : il avait combien de bras, Elvis, pour avoir autant d’Omega (synthèse utile : Perpetuelle)...

••• LE GARDE-TEMPS, NAISSANCE D’UNE MONTRE : Nicolas Maillechort, le « reporter » de cette naissance royale chez Greubel Forsey (Business Montres du 30 mai, info n° 1), raconte tout dans Revolution on line...

••• TRANSIT DE VÉNUS : tout le monde en parle ou en a parlé, même le capitaine Cook, en 1769, au cours de sa célèbre expédition tropicale, puisque son abservation avait servi à « arpenter les cieux ». C’est le titre du livre d’Andrea Wulf, Chasing Venus : the Race to Measure Heavens, qui nous présente les dessins rapportés à l’époque par Cook : émouvant (Brain Pickings)...

••• WATCHONISTA : bizarre série d’articles à l’occasion de l’EPHJ 2012. Plusieurs articles sur ce blog, mais ils remontent à... l’EPHJ 2011, qui ne se tenait à Genève, mais à Lausanne (articles datés d’hier !). Sournois militantisme lausannois de la part d’une équipe lausannoise ?

••• CHINE (1) : mais, oui, ça freine en Chine ! Ce n’est pas Business Montres qui sonne une fois de plus le tocsin, mais le journal télévisé de la RTS suisse qui a promené ses micros et ses caméras dans les allées de l’EPHJ : « Le milieu de l’horlogerie connaît peut-être un tournant après des années d’euphorie ». Joli ce milieu qui tourne...

••• CHINE (2) : du coup, les envolées lyriques sur la Chine « principal marché du luxe dans le monde en 2015 », vous y croyez ? Les multiples comptes-rendus d’une récente étude du BCG (Boston Consulting Group) sont donc très amusants à archiver pour la suite : 2015, c’est demain (Le Point)...