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Derrière l'euphorie de mise à l'EPHJ, une sourde angoisse pour l'avenir : plus personne ne songe à cacher les reports ou les annulations de commandes passées par les marques.
Autre angoisse : celle du bon choix à faire en 2013, quand il y aura deux offres de salons bien structurés et franchement concurrents...
DANS LE PANIER DU PIQUE-NIQUE DE CE JEUDI, ON PEUT PIOCHER...
1)
••• QUELQUES EXPOSANTS HORLOGERS
À NE PAS MANQUER DANS LES COULOIRS DE L’EPHJ (PALEXPO-GENÈVE)
Attention, quand les Valaisiens débouchent l’Amigne de Vetroz (deux abeilles), on refait plus vite le monde horloger qu’on a le temps de prendre des notes pour le raconter. C’est le côté sympa des bonnes traditions de l’EPHJ : les bouchons sautent à cinq heures de l’après-midi. Champagne pour les uns, spécialités suisses pour les autres, mais c’est toujours de bon cœur et en regardant les amateurs d’abeilles au fond des yeux. Difficile, après, de se remettre au travail. Donc, pour faire gagner du temps à tout le monde avant la fatidique cinquième heure de l’après-midi, quelques bonnes idées glanées ici et là (par ordre alphabétique d’exposant) :
• Bangerter (D 11) : quand tout le monde (ou presque) fait réaiser ses pièces en céramique en Asie, Marc Bangerter maintient la tradition d’une céramique suisse (carbure de titane compris)...
• Bélart (K 76) : un atelier genevois spécialisé dans le casting, les pièces délicates et les créations de joaillerie, qui réalise notamment les mini-trophées (Swiss Made, ceux là !) du Grand Prix d’Horlogerie de Genève...
• Johnson Matthey (J 54) : suivez le palladium ! En 950 PGM, c’est deux fois et demi moins cher que le platine (alors qu’on peut confondre les deux couleurs) et trois fois moins cher que l’or, alors que c’est 20 % plus léger. C'est bien valorisé en commmunication. Et ça commence à bien s’usiner, contrairement à la réputation de ce métal...
• MPS (D 31) : les nouveaux roulements à billes en céramique ou en titane, qui ne réclament plus de lubrification et qui semblent tellement plus high-tech qu'on peut en faire un argument de communication...
• Opal (R 11) : comme toujours, quelques-uns des écrins les plus créatifs de tout l’EPHJ, avec un système de moteur intelligent capable d’analyser le « bruit » de la montre (son battement) pour déterminer son besoin de remontage, voire même pour étalonner le timbre de sa sonnerie (quatre brevets déposés). Toujours chez Opal, un « stylo moteur » pour éviter de se fatiguer à remonter soi-même sa montre mécanique : un micro-moteur, un embout sur la couronne et le tour est joué, sans se casser les ongles ! Tout aussi intéressant : un écrin en corian, matériau synthétique jamais utilisé par les horlogers, mais qui permet de créer des plaques minces (voir l’extraordinaire écrin à résonance de Bvlgari, pour sa montre à répétition des quarts). Bon à savoir : Opal va se lancer dans les « vitrines créatives » pour réveiller par des animations techniques ce marché de la présentation des montres : voir notamment son concept de « lévitation » pour présenter des pièces...
• Régence (G 38) : une astucieuse machine pour tester l'étanchéité des couronnes, avec un système à peu près quinze fois moins cher que l'offre existante. Et, bien sûr, plein de composants horlogers accessibles dans la boîte à malices de Gorges Léger (Gecoh), le fournisseur qui sait tout faire, même ce dont il n'a pas le droit de parler...
• Rhodior (K 09) : beau travail de décoration (pièces et mouvements) par un ancien du groupe Franck Muller et de BNB, qui a dans les tiroirs la perspective d’une nouvelle marque...
• SICT (S 04) : une nouvelle génération de remontoir automatique, T-Power, sur lequel nous reviendrons bientôt parce que c’est, pour la première fois, à la fois techniquement irréprochable et totalement Swiss Made...
• Stäubli (D 63) : les nouvelles perspectives de la robotique horlogère, avec des automates d’une précision inouïe, capables à la fois de... danser (ne pas manquer l’animation deux fois par heure : trois « danseuses » synchronisées, dans le style Guerre des clones) et de jouer au bonneteau avec des composants complexes. S’il y avait une tendance technique à définir pour caractériser cette édition de l’EPHJ, ce serait d’ailleurs la domination de cette nouvelle robotique de production...
• Valiance (R 30) : la nouvelle génération des bracelets caoutchouc, avec des inserts qui permettent des utilisations très créatives en termes de formes, de souplesse, d’ergonomie et d’élégance
• Vaudaux (Q 31) : des écrins très « féminins » pour la joaillerie, très classiques dans le goût rétro (Cartier) ou très écolos dans le choix des matériaux (Chopard), mais toujours très créatifs (pour le luthier JMC) et très innovants (voir le très viril coffret en cuir à parements « bouchonnés » dans le goût horloger)...
• Voir également nos suggestions de visite et notre compte-rendu d’hier (Le Zapping du mercredi)...
2)
••• LA VRAIE QUESTION QUE SE POSENT
TOUS LES EXPOSANTS DÈS QU’ILS ONT UN MOMENT EN TÊTE-À-TÊTE...
La bonne humeur d’une superbe édition de l’EPHJ, dont on a du mal à imaginer que ce pourrait être le chant du cygne de la manifestation, ne doit cependant pas faire oublier l’autre grand sujet de conversation. Celui qui revient immanquablement dans la discussion passées les mondanités professionnelles : où faut-il aller l’année prochaine ? Comprenez : Genève ou Lausanne en 2013 ? Si personne ne veut d’un double salon (faute de temps et de budget), tout le monde y semble résigné, mais les exposants pointent du doigt un certain nombre de dérives ou d’erreurs. Au cas où les organisateurs ne l’auraient pas compris, ce jeudi 7 juin est un jour férié (Fête-Dieu) dans plusieurs cantons chrétiens, ce qui a passablement agacé les Jurassiens et les Valaisans, très attachés à leur « pont » de la Fête-Dieu. Des rumeurs alarmistes d’augmentations des prix en 2013 circulent, sans qu’il soit possible de les vérifier. Les grandes manœuvres d’intoxications et de manipulations ont commencé : l’instauration d’un « Prix du meilleur exposant » à l’EPHJ est-il si innocent dans un combat pour la cohésion des gros bataillons de Palexpo ?
3)
••• LA VRAIE BATAILLE POUR 2013,
QUI COMMENCE AUJOURD’HUI DANS LES ALLÉES DE L’EPHJ...
Tout va se jouer sur le basculement en faveur de Lausanne ou de Genève d’une majorité (sinon de la totalité) des exposants regroupés au sein d’HorloExpo, association qui représente plutôt les intérêts des professionnels des « vallées » (loin de Genève). Leur assemblée générale aura lieu le 3 juillet : si Lausannetec ne néglige rien pour se faire aimer - au besoin par des allusions à de possibles bonifications financières pour les membres de l’association -, l’équipe de l’EPHJ est plus revêche, nettement moins soucieuse de transparence, pas vraiment tournée vers l’ouverture et plus qu’enfermée dans les certitudes de sa tour d’ivoire. Au sein même d’HorloExpo, on est encore loin de l’unanimité. L’avis de l’assemblée générale sera collectif et indicatif : il engagera donc la totalité des adhérents, mais forcément sans contrainte opposable aux dissidents qui ne respecteraient pas la consigne. Estimation Business Montres : avec une évaluation (basse) de 200 adhérents pour HorloExpo, on peut compter que 150 exposants suivront les décisions de l’assemblée générale. Ce qui représente un tiers des exposants horlogers de l’EPHJ et la quasi-totalité des exposants horlogers de Lausannetec ! L’enjeu n’est donc pas mince...
4)
••• LA NOUVELLE TURBINE TOXIC QUI FAIT
JOUER LES PIRATES (OU LES BIKERS) À PERRELET...
210 diamants se cachent sous les 12 pales de la turbine, mais ils révèlent, au moindre mouvement, cette tête de mort qui servait d’emblème aux pirates et qui sert aujourd’hui de signe de ralliement à tous les bikers qui roulent en Harley-Davidson. Rien de plus tendance que la skull, comme Business Montres l’a souvent raconté. Avec le concept Turbine développé par Perrelet, on aborde un système de dévoilement visible-invisible très subtil (image ci-dessus) : la tête de mort ultra-serti est là, mais sans y être, de façon subliminale, et elle n’apparaît qu’avec la rotation des pales. Pourquoi « Toxic » ? Parce que cette tête de mort est aussi le symbole international pour les produits dangereux : quoi de plus dangereux qu’une montre au poignet pour exprimer sa personnalité ? Au choix : pour les mâles, ce sera du 50 mm, mais leurs compagnes pourront se contenter de 41 mm.
5)
••• UNE NOUVELLE VIDÉO ANTICYTHÈRE SUR L’EXPOSITION
AU MUSÉE D’ATHÈNES, LES TRÉSORS ARCHÉOLOGIQUES ET LA « MACHINE »...
600 visiteurs par jour pour Anticythère : du jamais vu de mémoire de conservateur ! C’est l’exposition qui fait du bien à la mémoire des Grecs et qui leur sert de pansement sur leur fierté nationale humiliée : Anticythère est le souvenir mécanique d’un temps où les Grecs savaient compter ! Une nouvelle vidéo présente l’exposition temporaire du Musée archéologique national d’Athènes (tous les vestiges retrouvés sur le site du naufrage d’Anticythère : une des plus fabuleuses cargaisons de l’Antiquité !) , ainsi que la salle (permanente) dédiée par le musée à la machine d’Anticythère (dès la minute 02:27) et à sa jeune cousine, la montre Anticythère réalisée par Hublot (dès la minute 03:04). La vitrine qui abrite les fragments de la machine a été réalisée par Xavier Dietlin. A découvrir sur la chaînes images Business Montres Vision, avec un retour sur nos analyses à propos d’Anticythère (Business Montres du 5 avril)...
6)
••• UNE BELLE HISTOIRE DE PIERRE MAILLARD
AU FOND DES BOIS : « LA FORÊT DES HORLOGERS »...
Il nous raconte comment Ebauches S.A. (futur Swatch Group) possédait, avant la crise du quartz, d’immenses domaines forestiers. « Les bijoux de famille historiques de l'horlogerie suisse sont donc des forêts ». Le forestier qu’il a rencontré lui ouvre des horizons insoupçonnés : « Mais au coeur de la débâcle, Nicolas Hayek est arrivé et il a arrangé tout ça. Il a racheté les usines et avec elles, les forêts restantes. Notre forestier a donc continué à être forestier, mais forestier du Swatch Group, cette fois-ci ». Et Pierre Maillard de s’interroger : « Je ne connais personnellement pas de membre de conseil d'administration qui écourte les délibérations pour aller aux champignons. Et d'ailleurs, est-ce que les réviseurs du luxe sont sensibles au poids symbolique de la forêt, si ce n'est à son poids économique ? Que pèsent aujourd'hui les forêts dans la balance du Swatch Group ? Ou de Rolex, peut-être? Est-ce que Richemont a vendu toutes les forêts de Jaeger-LeCoultre ou la Grande Maison en conserve-t-elle ? Combien d'hectares de forêts possède Audemars Piguet ? Et Philippe Dufour n'est-il pas aussi garde-forestier ? » Il est en reportage : « Puis je suis allé voir comment, ici et là, on fabriquait des spiraux. En les regardant de plus près, j'ai pensé qu'ils étaient en tout point semblables aux cernes d'un tronc. Et que tous deux, arbre et mouvement de concert comptaient et inscrivaient le temps. Et je me suis dit alors que tous les horlogers devraient planter au moins un arbre. De quoi faire une forêt où se réfugier si jamais le temps venait à virer. Avec une forêt, on peut toujours se chauffer » (Worldtempus)...
7)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES NOTÉES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ ÉDITORIALE...
••• CHAISES MUSICALES : Alexandre David quitte Ikepod, après avoir passé quatre ans à relancer la marque, non sans succès. Son actionnaire, le richissime collectionneur d’art contemporain Adam Lindemann souhaitait vendre, mais il n’a pas accepté le prix proposé par son actionnaire minoritaire (Alexandre David avait 20 % du capital). Fin d’une belle histoire personnelle, et peut-être d’un beau rêve horloger, parce qu’on a du mal à imaginer la renaissance d’Ikepod sans animateur passionné et obstiné aux commandes (révélation Business Montres du 6 juin)...
••• JEAN-CHRISTOPHE BABIN (TAG HEUER) : finalement, il renonce à se porter candidat à la municipalité de Préverenges (révélation Business Montres du 5 juin, info n° 2). Il en avait pourtant très envie, mais les problèmes d’emploi du temps l’ont emporté : il s’en est expliqué – puis excusé – publiquement, sous les applaudissements de l’assemblée, conquise par cette honnêteté (24 heures)...
••• LUXURY INSTITUTE : la révélation par Business Montres des résultats de l’enquête LBSI 2012 pour les montres de luxe a effectivement choqué, inquiété ou ravi les intéressés – selon leur rang de classement. Le communiqué officiel étant arrivé bien après la publication dans Business Montres, il serait dommage d’en priver les lecteurs, d’autant qu’il contient quelques données supplémentaires que nous n’avions pas exploitées : rien de changé dans le contenu, c’est bien Breguet (n° 1), Patek Philippe et Boucheron qui repoussent Rolex du podium, en reléguant la couronne dans une délicate quatrième position...
••• « ROLEX DAYTONA STORY » : les amateurs de Rolex étaient à Las Vegas ce week-end, dans le sillage des salons professionnels. On les trouvait notamment à la IWJG (International Watch & Jewelry Guild), qui organise une sorte de bourse d’échanges pour les montres. Pour en découvrir l’ambiance, un reportage photo de la charmante Giorgia Mondani, la fille de l’éditeur qui a co-rédigé avec Osvaldo Patrizzi (également présent sur place) ce livre « définitif » sur le mythe Daytona. Ouvrage dont on devrait disposer – pour les souscripteurs – dès le mois de septembre...
••• 88, RUE DU RHÔNE : la marque personnelle des petits-fils de Raymond Weil, Pierre et Elie Bernheim, sera finalement lancée en juillet prochain chez Selfridge’s, à Londres, qui bénéficiera d’une exclusivité mondiale jusqu’au mois d’août. L’idée est ensuite d’ouvrir à peu près 300 points de vente pour 88, Rue du Rhone (hommage au luxe genevois), qui va se positionner sur un créneau 300-1000 CHF, avec un design contemporain classique et un mix des collections qui devrait comprendre trois-quarts de mouvements automatiques (suisses, comme il convient)...
••• HUBLOT : ouverture à Budapest de la 50e boutique Hublot dans le monde, avec Jean-Claude Biver pour couper le ruban avec les Hongrois (@jcbiver). Quelques heures plus tard, le président de Hublot était à Istanbul pour une régate d'Alinghi (@jcbiver). Il est passé par ici, il repassera par là...
••• NICK HAYEK : interrogé par 20 Minuten, le président du Swatch Group revient sur ses différents avec l’UBS. Il reste ferme sur ses positions de rebelle parmi les entrepreneurs suisses. Et même de « pirate » (le drapeau est toujours accroché à la fenêtre de son bureau). Précision : il achète lui-même ses montres (Swatch Occupy Your Wrist ou Omega), mais il considère les Breguet « trop chères pour lui », préférant les laisser aux clients tellement la production est limitée. Confidence d’un ancien cinéaste : « Diriger le Swatch Group, c’est aussi amusant que de faire des films : action, comédie, drame, thriller, c’est digne des meilleures performances théâtrales » ! Et il défend, comme toujours, sa liberté d’entrepreneur de vendre ou non à qui il veut, avec la conviction d’aller chercher la croissance pour son groupe ailleurs que dans le seul segment du luxe...
••• PÉQUIGNET : « Le Calibre Royal porte bien son nom, car il est vraiment royal ». La revue allemande Uhren Magazin vient de consacrer six pages à la marque française, pour lui décerner la note de 5,46/6,00 à l’issue de ses tests et lui prédire le plus grand succès dans les grands prix d’horlogerie – le tout sans lésiner sur les superlatifs : ce sera un excellent dictionnaire des synonymes pour réviser son allemand (source : Péquignet). Comme quoi, quand elle est substantiellement motivée, la presse horlogère allemande n’aime pas que les montres allemandes...
••• SEIKO : la Grand Seiko n’a rien à envier aux plus beaux calibres mécaniques suisses et Seiko honore avec passion et précision la grande tradition de l’horlogerie traditionnelle européenne. Un film à découvrir sur la chaîne images Business Montres Vision...
••• « EXTRAORDINAIRE » : le nouveau magazine du réseau Westime (Californie) est à présent disponible en ligne (interviews d’artistes ou de personnalités liées aux marques, événements, chronique mondaine, présentations de montres en série limitée pour les boutiques Westime, infos d’insiders sur les sorties en Californie). Un vrai média life style, dont l’édition digitale (site et application) s’enrichit de vidéos, de liens et de nouvelles images (Extraordinaire)...
••• CHINE : la France reste la destination shopping favorite des riches touristes chinois (avec les Maldives, Dubai et... la Suisse : ouf !). Trois voyages par an, d’une durée moyenne de huit jours, mais la plupart du temps en petit groupe de neuf personnes (Jing Daily)...
••• PUCES MORTELLES : une histoire qui fait froid dans le dos ! C’est celle d’un vendeur de bijoux dans un marché aux puces de Stockton, en Californie. Il a été froidement abattu par ses voleurs (source : Central Stockton). Beaucoup de valeur concentrée sur une petite table, en plein air, sans mesures de sécurité : trop facile pour les malfrats ! Faudra-t-il mettre sous protection policière tous les marchés aux puces et toutes les bourses aux montres ?
••• CULTURE HORLOGÈRE : suite des Rendez-vous du Temps proposés par Louis Vuitton, avec le sixième (la mise en place du spiral) et le septième (le montage du mouvement) épisodes d’une série de vidéos très détaillées, en gros plan, qui sont à découvrir sur la chaîne images Business Montres Vision...
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