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C’était un des peintres les plus remuants de la scène française, même s’il avait été récemment éclipsé par les marchands d’art contemporain.
C’était même le dernier « grand peintre » français, et un des plus célèbres à travers le monde.
Créateur et père de l’abstraction lyrique (le nom est à lui seul un concept magistral), il a peint des épopées magnifiques d’un pinceau nerveux qui donnait la priorité au réflexe, à l’instinct, à l’émotion et au mouvement.
André Malraux l’avait qualifié de « calligraphe occidental », ce qui est très bien vu. C'est sans doute pour cela que les Japonais en étaient fous...
Lui-même fou de peinture et riche d’une immense culture historique, Georges Mathieu a dynamité la peinture « officielle » tout en introduisant en France des artistes comme Jackson Pollock et en libérant la peinture de son corset « classique » – posant de ce fait les codes d’une nouvelle modernité, dans laquelle s’engouffreront tous les faiseurs de l’art marchand contemporain.
Il écrivait en 1964 : « La toile est fouettée, bousculée, sabrée ; la couleur gicle, fuse, transperce, virevolte, monte, s’écrase. L’artisanat, le fini, le léché des idéaux grecs, tout cela est mort. La tension, la densité, l’inconnu, le mystère règnent et gagnent sur tous les tableaux. Pour la première fois dans l’histoire, la peinture est devenue spectacle, et l’on peut assister à sa création comme on assiste à une jam-session. ... La peinture est devenue action » (à lire dans son Epître à la jeunesse).
Si sa fulgurance érudite n’était plus à la mode, Georges Mathieu n’avait rien perdu de sa puissance : ses œuvres sont dans les plus grands musées du monde. Sans lui, nous n'aurions pas le même rapport aux émotions esthétiques, à l'essence de l'art et à la geste créative.
C’est le moment de redécouvrir son influence, et surtout son importance dans l’histoire de la peinture au XXe siècle : beaucoup de jeunes créateurs horlogers devraient d’ailleurs méditer ses œuvres...
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