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La société se concentre sur l’Europe et l’Asie. Les Etats-Unis pour plus tard
«Un ralentissement des ventes? Quel ralentissement? Comme toujours, le milieu de gamme est nettement moins sensible aux aléas conjoncturels que le segment du luxe.» Adrian Bosshard, patron de la société horlogère Certina, balaie du revers de la main tout doute. Malgré le fléchissement des exportations horlogères observé en avril, les affaires de la marque basée au Locle (NE) se portent «à merveille», assure-t-il. A tel point que depuis le début de l’année, le taux de croissance de la filiale de Swatch Group s’élève au même niveau que celui de 2011. Une année déjà record pour Certina. Le directeur général tient à préciser qu’il parle bien là de sell-out, soit de ventes réelles.
«Bien sûr, il convient de distinguer par continent et par pays. L’Asie pour nous continue à se développer à un rythme effréné. En Europe, les détaillants sont évidemment devenus un peu plus prudents, notamment dans les pays fortement affectés par la crise de la dette souveraine», détaille celui qui est à la tête de la marque depuis dix ans et ancien coureur moto professionnel. Selon lui, même lorsque le gâteau horloger se réduit, il est possible de gagner des parts de marché et, de facto, de croître. «C’est ce que nous parvenons à faire. Même en Espagne, où notre progression n’est pas loin de 10%», complète-t-il.
Certina, marque modeste en termes de chiffre d’affaires dans le portefeuille du numéro 1 mondial de l’horlogerie, perçoit par ailleurs encore de multiples leviers de croissance. C’est que sa présence géographique demeure pour l’instant assez limitée, avec comme principales zones la Chine, Hongkong, la Malaisie, l’Europe occidentale et de l’Est. L’entreprise n’est toutefois pas encore active en Italie ou en France et – élément plus rare pour le secteur – pas davantage aux États-Unis, pourtant deuxième marché pour l’horlogerie suisse. «A moyen terme, il est probable que nous nous y implantions. Mais je préfère pour l’instant me concentrer sur les pays de mon réseau. De bien les établir, de les faire encore croître, avant de lorgner ailleurs», complète l’ancien champion.
Proximité avec Tissot
A tous les niveaux, la marque, dont les ventes ont doublé en dix ans, profite de la puissance de feu du groupe. Notamment de sa proximité avec Tissot, avec qui elle partage non seulement les locaux loclois mais aussi toute l’informatique, les finances et les ressources humaines. Mais peut-être le plus important: également la logistique, élément vital pour ces deux marques de volumes, même si Tissot évolue dans une tout autre ligue.
Certina emploie en direct une centaine de personnes, propose des produits dont le prix oscille entre 300 et 2000 francs, tandis que la clé de voûte de la collection se situe entre 400 et 800 francs.
Adrian Bosshard envisage par ailleurs un avenir radieux pour Certina et plus globalement pour l’horlogerie suisse. «Il se consomme chaque année environ 1 milliard de montres-bracelets sur la planète. La Suisse ne représente dans cet ensemble que 30 millions de pièces, pour 60% de la valeur totale de la production horlogère mondiale. On peut donc facilement doubler le nombre de pièces. Il ne s’agit pas d’un rêve. C’est tout à fait réaliste.»
Bastien Buss
LE TEMPS
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