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Comment le Swatch Group va se retrouver aux commandes chez Hengdeli
 
Le 03-07-2012
de Business Montres & Joaillerie

Quelques brèves d’une actualité horlogère à bout portant…

Pourquoi Nick Hayek aurait mieux fait de garder pour lui ses 100 millions de dollars…

Ne manquez pas la nouvelle génération des téléphones rétro-numériques d’Ice-Watch…


••• SWATCH GROUP (1) : ne le répétez pas trop (le Swatch Group refusant toute communication à ce sujet, ce n’est donc pas officiel), mais Nick Hayek et devenu – sans trop le vouloir – le premier actionnaire de référence du réseau Hengdeli, premier groupe de distribution chinois pour les montres suisses. L’été dernier (25 août, info n° 3), Business Montres vous avait révélé comment le Swatch Group avait accordé un prêt personnel de 100 millions de dollars à Zhang Yuping, le président d’Hengdeli. Un prêt garanti par le nantissement d’un gros paquet d’actions, qui assurait au groupe suisse le contrôle de 20,4 % du capital du groupe chinois. Opération intéressante, sauf qu’il y avait sans doute une pilule empoisonnée dans cette combine, comme l’analysait Business Montres en début d’année (10 janvier, info n° 3) : ce paquet d’actions pouvait aussi devenir le moyen d’embarquer le Swatch Group dans l’aventure Hengdeli, contre son gré et pour le pire plutôt que pour le meilleur. Comme Business Montres le signalait récemment (19 juin), on s’interrogeait, ces jours-ci, sur la volonté de remboursement de l’honorable Zhang Yuping…



••• SWATCH GROUP (2) : eh bien, c’est sûr, Zhang Yuping n’a pas l’intention de rembourser son prêt personnel de 100 millions de dollars, qu’il avait à l’époque réinvesti dans des spéculations immobilières qui semblaient profitables, mais qui le sont beaucoup moins du fait de l’explosion de la « bulle » immobilière en Chine. Ce serait donc une bonne affaire pour le Swatch Group - les actions nanties l'avaient été à un prix unitaire intéressant et inférieur au cours du marché à l'époque -, sauf que l’action Hengdeli a beaucoup baissé ces derniers mois à la Bourse de Hong Kong : son cours n’est d’ailleurs plus soutenu que par les propres rachats du groupe (qui reprend ses actions pour limiter la casse) ou par les achats du CEO lui-même, Zhang Yuping préférant consacrer son cash à maintenir le prix de l’action Hengdeli. Les perspectives financières restent très plombées pour Hengdeli avec le coup d’arrêt de l’économie chinoise du luxe : depuis le début de l’année, surstocké au delà du raisonnable, Hengdeli avait pratiquement cessé de passer commande aux marques suisses, et il ne le faisait plus que très parcimonieusement pour les marques du Swatch Group. Bref, ça tourne mal ! Zhang Yuping ne prend plus Nick Hayek au téléphone. Il faut la sourde oreille quand on lui propose de tout mettre sur la table et, surtout, il refuse de venir s’expliquer en Suisse. Donc, sur la papier, le Swatch Group est désormais le propriétaire virtuel de 20,4 % du capital d’Hengdeli…



••• SWATCH GROUP (3) : on pourrait se féliciter de voir le groupe pivot des montres suisses prendre le contrôle du groupe pivot de la distribution des montres suisses en Chine. Sauf que cette prise de contrôle n’arrange personne. Et surtout pas le Swatch Group, qui n’avait pas besoin d’un tel paquet d’actions et qui va peut-être devoir assumer ses responsabilités d’actionnaire en « remettant au pot » pour soutenir les opérations chancelantes d’Hengdeli. Ce nouveau leadership du Swatch Group chez Hengdeli n’enchante pas non plus les marques concurrentes, qui avaient confié leur distribution chinoise au réseau Hengdeli : en tant qu’actionnaire de référence, le Swatch Group aura accès à toutes les informations confidentielles sur les activités commerciales des marques qui sont ses compétiteurs en Chine. Une situation pas très saine : qui aura envie de pédaler pour le compte du Swatch Group, avec Nick Hayek sur le porte-bagages ? On peut donc s’attendre à un reclassement rapide du portefeuille des marques distribuées par Hengdeli. Ce qui fragilisera d’autant l’investissement du Swatch Group, surtout au moment de la montée en puissance de Sincere…



••• SWATCH GROUP (4) : on peut d’ailleurs se demander si les clés du décryptage de l’opération Hengdeli ne sont pas à trouver, précisément, du côté de Sincere. Business Montres le signalait dès le 27 février dernier, en donnant quelques clés du code dans les informations du 1er mars sur la milliardaire chinoise Pollyanna Chu, véritable dame de platine qui tire toutes les ficelles avec la bénédiction du Parti communiste chinois - pas facile à suivre : relire nos révélations pour essayer de comprendre ! -. Zhang Yuping n’a rien à refuser à Mme Chu, mais alors rien du tout : c’est dans le jet privé d’Hengdeli que Mme Chu voyage entre Hong Kong, Singapour et la Chine. Dans le cercle très fermé des « milliardaires rouges » (et pour le moins « roses ») de Hong Kong, on connaît les relations féodales de Zhang Yuping avec sa suzeraine. Et on peut se demander - ce n'est qu'une hypothèse de travail -, s’il ne se prépare pas un transfert du meilleur business horloger (celui du haut de gamme) sur Sincere, qui reprendrait les principaux points de vente chinois d’Hengdeli par un jeu de sous-traitance ou de distribution déléguée dont les Chinois ont le secret. La nervosité des boursiers de Hong Kong au sujet d’Hengdeli en dit long sur la complexité d’une situation qui peut, comme l’expliquait Business Montres, reformater toute la distribution des montres suisses en Asie.



••• SWATCH GROUP (5) : ce n’est pas 100 millions de dollars en plus ou en moins dans les caisses qui vont mettre en péril le Swatch Group, d’autant qu’ils seront comptablement compensés par la valeur déclarée des actions Hengdeli. Sur le papier, c’est même une belle initiative ! Sur le terrain, c’est moins évident : ce n’est pas Zhang Yuping qui a perdu la face devant les « fantômes étrangers » - le gentil nom que les Chinois réservent aux Européens au visage pâle - ! Au contraire, on se félicite sur place de ses qualités manoeuvrières – qui n’ont pourtant rien d’exceptionnelles. En revanche, c’est maintenant au Swatch Group de ne pas la perdre et de reprendre la main, alors que l’action Hengdeli s’apprête à replonger et que les grandes marques qui constituaient les joyaux de la couronne Hengdeli s’interrogent : on se souviendra ici que le groupe LVMH est aussi actionnaire d’Hengdeli, désormais avec une participation très minoritaire qui a perdu tout intérêt stratégique. A suivre : attachez vos ceintures, ça va secouer !



••• PÉQUIGNET : les répliques du séisme de la dernière vente privée (comprenez massive), révélée par Business Montres le week-end dernier, n’ont pas manqué. Comme prévu avant-hier (Business Montres du 1er juillet), quelques repreneurs sérieux ont fait savoir aux administrateurs qu’ils se retiraient, l’avenir de la marque étant trop plombée par ce déstockage contre-stratégique – dont c’était peut-être un des objectifs cachés. Le seul espoir des administrateurs – qui ont des doutes sur la capacité d’un « grand investisseur » tel qu’il est invoqué par l’actuelle direction – reste la reprise par un groupe qui serait tenté, non par la marque, mais par les plans techniques du mouvement, et qui aurait la capacité de tout reprendre, en France ou plutôt en Suisse, pour une des marques de son portefeuille. Dans cette hypothèse, le statut du personnel pourrait être partiellement préservé - c'est un des buts de la négociation politique en cours -, mais évidemment pas celui de l’actuelle direction familiale, qui exploite toujours, sur son site, les publi-rédactionnels laudatifs commandés voici quelques mois, mais toujours pas payés aux médias qui les ont déjà diffusés – encore un facteur qui compromettra la relance éditoriale de la marque…



••• ICE-PHONE : il n’y a pas que les grandes marques de montres à se lancer dans le téléphone. Alors que Swatch a déserté ce terrain depuis quelques années, Ice-Watch lance ces jours-ci sur le marché, en abordant l’Europe par le Royaume-Uni, une nouvelle ligne Ice-Phone, pour créer une nouvelle offre et pour générer un volume d’affaires supplémentaire chez ses détaillants. Vous avez aimé les icônes horlogères pastichées avec humour par Ice-Watch ? Vus allez adorer les Ice-Phone, qui se décline dans dix couleurs et qui constituent plus une base amusante pour iPhone qu’un vrai téléphone, même si les codes de la téléphonie pré-mobile y sont, comme le combiné filaire à l’ancienne, le charme du dring-dring vintage ou le socle qui était autrefois en bakélite noire. Comme on est à l’âge numérique, ce Ice-Phone est compatible avec des réseaux comme Skype (ce qui est très pratique) et il bénéficiera d’une application disponible à l’App Store, avec plein de fonctionnalités amusantes…

••• CONSOLIDATION : les entreprises chinoises qui opèrent en Europe tentent de se structurer pour agir plus efficacement : le Quotidien du Peuplenous apprend ainsi qu’une « Alliance des entrepreneurs Aigo » devrait ouvrir des bureaux à Londres et à Bruxelles pour s’entraider à se développer en Europe. « L’alliance compterait environ 100 membres, mais de nombreux nouveaux membres pourraient sous peu les rejoindre, y compris les sociétés qui ont déjà une présence en place à l’étranger. Les entreprises chinoises investissent de plus en plus à l’étranger : plus de 13 000 entreprises nationales avaient investi dans 178 pays et régions à la fin de l’année 2010, selon le ministère du Commerce. « La création de marques est différente que le seul but de faire du commerce, car cela exige une honnêteté absolue. Notre alliance va superviser les membres et assurer des produits de qualité », a expliqué Feng Jun, président de la technologie numérique Aigo. Il estime également que les filiales à l’étranger des entreprises chinoises doivent créer de la valeur pour les communautés locales et il encourage les membres de l’alliance à « élargir le cadre de co-entreprises avec des sociétés étrangères, plutôt que des acquisitions« . Une inflexion stratégique intéressante à observer dans les mois à venir…



••• BELL & ROSS : pour rassurer les lecteurs à propos de notre horloge Bell & Ross (en haut de la colonne de gauche sur les pages de votre Quotidien des Montres), ce n’est pas une publicité ! Business Montres reste un média d’informations horlogères 100 % liberté-0 % publicité – exemple unique dans le monde ! Cette horloge très originale est une initiative personnelle et une production indépendante, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs : elle a été ponctuellement développée en collaboration avec Bell & Ross, sans contrepartie commerciale ou rédactionnelle. Pour Business Montres, c’est un hommage à la qualité « instrumentale » de ce design. Il aurait été dommage de ne pas donner l’heure sur ce site : autant le faire avec un bel objet, de facture singulière…

 



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