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Un fonds dédié exclusivement aux montres fait bien mieux que les bourses
Des bourses cacochymes, des marchés volatils. Tout est réuni pour déstabiliser les investisseurs. Pourtant, il existe des classes d’actifs qui progressent. A l’image de Precious Time, premier fonds d’investissement exclusivement dédié à l’horlogerie. Entre janvier 2011 et la fin du premier trimestre de cette année, ce fonds d’investissement spécialisé de droit luxembourgeois a progressé de 12,17%. La performance du deuxième trimestre sera connue ces prochains jours. Mais on peut d’ores et déjà parler de surperformance face à de nombreuses autres valeurs de référence. Sur la même période, le SMI, indice des actions vedettes de la bourse suisse, a reflué de 3,88% et le CAC 40, son homologue sur la corbeille de Paris, s’est étiolé de 12,23%.
Elite Advisers, qui a lancé ce fonds, est pourtant parti d’un constat somme toute assez simple: l’investisseur n’a plus aucun lien avec son investissement. Les placements qui lui sont proposés sont de plus en plus techniques, compliqués et impersonnels. D’où une offre tangible, concrète. C’est que le fonds achète des montres de collection, dans des ventes aux enchères.
«Pas de risque de bulle»
«A ce stade, nous en avons pour 18 millions d’euros - 21,6 millions de francs - en valeur. Le fonds a acheté 500 montres depuis sa création et en a revendu 50, avec de belles plus-values au passage», explique Alfredo Paramico, gérant du fonds Precious Time et grand collectionneur à titre personnel. Selon lui, ce marché de niche, mais qui fait de plus en plus d’émules notamment en Asie, a encore un très bel avenir devant lui et il n’existe dans ce segment «aucun risque de bulle», malgré les prix élevés des pièces de qualité. «Cela fait depuis 1980 que l’on brandit cette menace. Or, on ne voit toujours rien venir.» Et de citer volontiers un exemple: «L’investisseur passionné qui a acquis il y a vingt ans le chronographe Patek Philippe référence 530 en acier a vu son garde-temps s’envoler à 890 000 euros aux enchères de 2008 chez Christie’s, soit un rendement moyen annualisé de plus de 20%.» Ce cas est loin d’être isolé.
Les ventes aux enchères de ce printemps, notamment à Genève, ont encore confirmé l’excellente santé de ce secteur. «Outre la rareté des très belles pièces, les montres sont devenues une sorte de valeur refuge. C’est un investissement alternatif très intéressant», d’après Alfredo Paramico. Il va même plus loin: ce segment va encore croître à l’avenir. «La légendaire Ferrari GTO, produite à seulement 39 exemplaires entre 1962 et 1964, s’échange actuellement à environ 20 millions d’euros. Son pendant horloger, le fameux chronographe à quantième perpétuel de la marque Patek Philippe, référence 1518, dont il n’existe que quatre exemplaires en acier, vaut selon moi quelque 5 millions d’euros. Il y a donc encore de la marge.»
Sur quelles montres un investisseur profane pourrait-il miser? Precious Time, au cours du premier trimestre 2012, a, parmi d’autres références, acquis trois Rolex, modèle Daytona Paul Newman. A noter que l’existence du fonds n’est pas limitée dans le temps, évitant les écueils d’une gestion liée à une échéance. Quant aux montres, elles sont stockées aux Ports Francs de Genève. Dans cet univers qui se décline en millions, mieux vaut toutefois avoir les reins solides. Le montant d’investissement minimum dans le fonds se situe à 125 000 euros. Et pour ce prix-là, vous ne posséderez pas l’une des montres du portefeuille de Precious Time, fonds autorisé à la distribution en Suisse mais pas enregistré. Juste une fraction du rêve.
Bastien Buss
LE TEMPS |