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La marque a créé 19 calibres en propre en quatre ans. Ralentissement des ventes évoqué en Chine
«Nous voulions devenir incontournables dans la haute horlogerie et nous y sommes parvenus», s’est félicité mardi Bernard Fornas, président de la marque de luxe Cartier. Dans le cadre d’une conférence de presse tenue à La Chaux-de-Fonds, où la société dispose de son principal site de production horloger, il a toutefois très vite précisé que les efforts allaient se poursuivre. Même s’accélérer. En quatre ans, la société a notamment développé 19 nouveaux mouvements en interne. Et elle a présenté hier une montre concept, pas destinée à la vente, dotée d’une réserve de marche de 32 heures, soit supérieure à la moyenne usuelle. Le mouvement comprend deux barillets à doubles ressorts en microfibre de verre. L’utilisation de ce matériau serait une première dans la branche, affirme la marque. Preuve en est aussi les multiples projets d’agrandissement d’usines ou de nouveaux lieux de production actuellement en cours ou à venir au sein de l’entreprise appartenant au groupe Richemont.
Concernant celui de Cartier Joaillerie aux Brenets (NE) qui sera soumis au vote des habitants, le président a été limpide, même s’il se dit serein quant au résultat: «Si c’est refusé en référendum, nous irons alors ailleurs.» Voilà la population prévenue des conséquences éventuelles sur cette implantation qui doit générer quelque 400 nouveaux emplois. Et le président, qui prendra sa retraite à la fin de l’année, de rappeler que ce ne sont pas les alternatives qui manquent pour ce projet de 50 millions de francs. La population des Brenets se prononcera le 27 août.
Ventes triplées en dix ans?
Ailleurs, Cartier prévoit un nouvel emplacement à Couvet (NE) devisé à 30 millions, qui viendra s’ajouter à ceux de Glovelier, Buttes, Meyrin et Villars-sur-Glâne. Dans son fief horloger de La Chaux-de-Fonds – comptant 1150 collaborateurs –, la marque se trouve déjà à l’étroit. Raison pour laquelle une nouvelle extension est prévue. Cartier, marque phare et pépite de Richemont puisqu’elle dégage deux tiers du résultat d’exploitation du groupe, envisage d’y construire un nouveau bâtiment. Avec à la clé environ 300 créations d’emplois, dans un premier temps.
A quelque six mois de passer le témoin à Stanislas de Quercize, actuel directeur général de Van Cleef & Arpels, c’était aussi l’occasion de tirer un bilan sur les dix ans de présidence de Bernard Fornas. «Ce dont je suis le plus fier c’est peut-être d’avoir encore augmenté la désirabilité de cette marque. C’est une alchimie très complexe, jamais acquise, faite d’innovation, de créativité. Un seul élément mal maîtrisé peut ruiner tout cet ensemble.» Et qu’en est-il de l’évolution du chiffre d’affaires? Il n’en dira rien, la marque appartenant à une société cotée. Des analystes estiment que les ventes ont triplé sur la période. «Mais bon sang je ne suis pas encore à la retraite», rétorque le Français. Il restera en effet au sein du groupe, où il occupera diverses fonctions, notamment de conseil.
Quant à la marche des affaires, le président de Cartier reste discret. Il évoque certes un ralentissement en Chine. Selon lui, le phénomène est cependant compensé par les achats que les descendants de Mao effectuent à l’étranger. «La frénésie à l’intérieur du pays fera son retour dès que le nouveau gouvernement sera en place», anticipe Bernard Fornas.
Bastien Buss
LE TEMPS
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