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Les horlogers suisses vont tirer profit de taux de change plus favorables qu’il y a un an
A un souffle du record absolu. Il ne manque plus que 35 centimes au titre du groupe de luxe genevois Richemont pour qu’il dépasse son plus haut niveau historique en bourse, à la clôture. Mercredi, l’action du numéro 2 mondial a terminé à 60,95 francs (+0,16%), frôlant la valeur de 61,25 établie début août. Ce scénario infirme ainsi les craintes de nombreux spécialistes. Beaucoup d’entre eux anticipaient en début d’année une stagnation – voire un reflux – des valeurs du luxe en général et de celles de l’horlogerie en particulier.
Depuis début janvier, Richemont a cependant gagné 28%, Swatch Group 16% et le français LVMH 25%. Seule la maison Hermès s’inscrit en baisse (–2%). Pour comparaison, le SMI, indice des valeurs vedettes de la bourse de Zurich, affiche une progression de quelque 10% en sept mois et demi. Swatch Group est pour sa part un peu plus éloigné de son record absolu. Clôturant hier à 408 francs (+0,25%), le titre du numéro 1 mondial de l’horlogerie n’a pas encore retrouvé son jalon établi en mars 2012, à 439,70 francs.
Si les experts s’attendent à un ralentissement des activités durant la deuxième partie de l’année, deux éléments pourraient porter Richemont et Swatch Group. Ils n’auront pas forcément un impact sur l’évolution du cours boursier mais auront une influence positive sur les marges de deux entités, de l’avis des analystes.
D’abord, le franc a perdu des plumes face au dollar et s’inscrit dans la stabilité face à l’euro depuis le 6 septembre dernier, suite à l’intervention de la Banque nationale suisse. Certes, les cours de change se situent encore à un niveau qualifié «d’extrêmement bas» par Nick Hayek, patron de Swatch Group, mais ils ont connu une sorte de stabilisation au cours des six premiers mois de l’année. Résultat: pour la première fois depuis longtemps, les turpitudes des devises ont eu une influence légèrement positive (+1,6%) sur le chiffre d’affaires semestriel du groupe biennois. En 2011, les effets des taux de change avaient eu un impact «massivement» négatif (de 696 millions de francs, ou –10,8%, au niveau des ventes). L’année précédente, ils avaient diminué le chiffre d’affaires de 164 millions. Richemont, qui consolide ses résultats en euros, pourrait également profiter de cet effet si le billet vert se maintient.
Baisse du prix des diamants
Ensuite, le groupe genevois bénéficiera en parallèle d’une baisse des prix des diamants, estime René Weber de la banque Vontobel. Gros consommateurs de carats, notamment pour ses marques Cartier et Van Cleef & Arpels, Richemont peut donc les acquérir à meilleur compte. Selon PolishedPrices.com, les prix de ces gemmes ont baissé de 15% sur un an en août. L’effet diamant sera par contre moindre sur Swatch Group, d’après Patrick Hasenböhler, analyste à la banque Sarasin.
Bastien Buss
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