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Les hommes, les marques et les faits de l’été 2012, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres.
Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère, qui nous annonce de sérieuses perturbations dans les mois qui viennent…
DANS LES LÉGENDES DU TEMPS
1) ••• NEIL ARMSTRONG (premier homme à avoir marché sur la Lune)
Même s’il ne portait sa Speedmaster Omega pour son « petit pas pour l’homme » (dont tout le monde convient qu’il était effectivement un « pas de géant pour l’humanité »], le commander Armstrong restera le plus fantastique ambassadeur horloger de tout le XXe siècle. Aucun autre homme ne sera allé plus loin que lui pour un événement aussi marquant (ci-dessus, en haut de page). Sa disparition à 82 ans est celle d’une des légendes de l’âge d’or des montres. Dommage qu’Omega n’ait pas cru bon de lui rendre hommage…
GRAND BEAU
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
2) ••• JEAN-CHRISTOPHE BABIN (TAG Heuer)
Dans tous les cas, quel que soit le gagnant de l’élection présidentielle américaine, il portera une montre TAG Heuer. Démocrate ou républicain, les deux candidats en portent une de façon plutôt ostentatoire, même s’ils ne portent pas que cette montre : c’est une assez belle illustration de la pénétration de la marque aux Etats-Unis, où sa « popularité » – avec l’aide d’une intelligente pression marketing – lui a permis de maintenir ses parts de marché en dépit de la crise qui ravage actuellement l’économie américaine (Business Montres du 20 août).
3) ••• ALEXANDRE DAVID (MB&F)
À peine libéré de sa direction internationale d’Ikepod (marque qui a totalement disparu des écrans depuis son départ), Alexandre David vient renforcer le management de MB&F, pour y compléter ce qu’il faut bien appeler une des plus belles dream teams de toute l’horlogerie (Business Montresdu 11 août). Un renfort d’autant plus précieux que la crise qui s’annonce sera impitoyable pour les « petites » marques et les créateurs indépendants qui n’ont pas anticipé le retour durable des « vaches maigres »…
4) ••• STEVEN HAEFELI (Harry Winston)
Le nouveau directeur général de la manufacture Harry Winston à Genève (Plan-les-Ouates) est un professionnel aguerri, qui a déjà réussi l’industrialisation des manufactures Vacheron Constantin, notamment la finalisation et la fiabilisation des mouvements « maison » en Vallée de Joux. Son arrivée consolide une fabrique genevoise dont Frédéric de Narp veut faire le tremplin de ses nouvelles ambitions pour la marque. Le tout avec le renfort d’un super-consultant de luxe : Bruno Moutarlier (Business Montresdu 22 août)…
5) ••• RICHARD MILLE (Richard Mille)
Excellente opération d’ambush marketing pendant les jeux Olympiques : volontaire ou providentielle, planifiée ou inopinée, on en discutera longtemps, mais le résultat est spectaculaire ! Pendant plusieurs jours, Yohan Blake, le nouvel « ambassadeur » de la marque, a été le sprinter le plus médiatisé de la planète pour cause de montre au poignet (Business Montres du 10 août). A tel point que les autorités olympiques ont cru de s’en émouvoir : même si elles n’ont pas encore rendu leur verdict - alors qu'elles ont "blanchi" Michael Phelps -, on sait qu’elles peuvent infliger une lourde amende à Yohan Blake, sinon le disqualifier en le privant de médaille. Dans tous les cas, la réussite de cette opération ne pourra que donner des idées aux professionnels de l’embuscade marketing lors des prochains Jeux brésiliens…
VARIABLE
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
6) ••• WOLFGANG SICKENBERG (ex-Audemars Piguet)
Exécuté plutôt sèchement dans les grandes chaleurs de l’été, le directeur commercial d’Audemars Piguet (qui était également directeur des opérations en Europe) paye à la fois pour sa proximité avec le précédent CEO et pour son ambition un peu désordonnée trop vite affichée lors du limogeage de ce dernier. Manifestement, François-Henry Bennahmias est décidé de se reconstruire une équipe à sa main, même si le conseil d’administration semble décidé à ne pas reconduire quelqu’un dans les fonctions abandonnées par Wolfgang Sickenberg, qu’on devrait bientôt réapparaître sur le devant de la scène horlogère (Business Montres du 21 août)…
7) ••• PHILIPPE SPRUCH & LAURENT KATZ (nouveaux actionnaire de Péquignet)
Prudents, ils n’ont pas voulu dévoiler le montant des millions d’euros mis sur la table pour assurer le sauvetage – au moins provisoire – de Péquignet : les deux investisseurs savent déjà qu’ils en auront d’autres à remettre dans un tonneau que certains repreneurs potentiels avaient estimé… danaïdesque ! Souhaitons bonne chance aux repreneurs, qui s’affirment passionnés de montres, à la fois dans leur exploration de nouveaux horizons, mais aussi dans leurs rapports quotidiens avec l’actuel équipe de direction : ces spécialistes du disque dur vont avoir du plain sur la planche pour tout reformater (Business Montres du 2 août)…
AVIS DE TEMPÊTE
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
8) ••• COMCO (Commission suisse de la concurrence)
Heureusement que Business Montres a publié les textes originaux (exclusivité du 9 juillet et analyse Business Montres du 16 juillet) de l’accord « amiable » préparé secrètement entre le Swatch Group et la Comoco (autorité suisse de la concurrence). Sans ce coup de projecteur, largement repris dans la presse, l’été enterrait l’affaire : ces contrats apparaissent comme tout sauf « amiables » pour les clients du Swatch Group, soumis à des pressions qui s’apparentent clairement à un abus de position dominante. Au lieu de défendre la liberté de la concurrence, la Comco consacre ainsi le rapport de forces imposé par l’oligopole industriel qui étouffe l’industrie horlogère. Prière de ne voir aucun rapport entre cette sacralisation par la Comco de contrats léonins et le fait que le ministre responsable de la Comco est un ancien administrateur du Swatch Group…
9) ••• H. MOSER & Cie
Le départ brutal et sans gloire du Dr Jürgen Lange (refondateur historique de la marque) va bien au-delà du simple signal d’alarme (Business Montres du 20 août) : c’est plutôt la sirène d’évacuation d’urgence du navire ! La marque – qui affiche chaque année à peu près autant de pertes que son chiffre d’affaires - estimation Business Montres, non officielle et non autorisée : 11 à 12 millions de CHF - – est devenue une sorte de bateau ivre dont ses actionnaires voudraient bien se défaire, mais tous les repreneurs potentiels sont repartis effarés, tant par l’inanité du modèle économique que par l’ampleur de la restructuration à mener ! La prochaine crise horlogère pourrait être fatale aux naufragés de Schaffhouse…
10) ••• SWATCH GROUP (pour ses activités en Iran)
Les marques (ici, Omega et Swatch) ne peuvent plus échapper aux grands questionnements sociétaux, notamment à ceux qui touchent à l’éthique géopolitique. Aux Etats-Unis, le Swatch Group s’est d’autant plus placé dans le collimateur des lobbyistes anti-iraniens que ses réponses aux pressions – certains diront au… chantage – de l’UANI étaient maladroites, naïves et inappropriées, dans la forme comme dans le fond. Oui, on a le droit de vendre dans tous les pays, y compris l’Iran. Non, on n’a pas à s’en justifier n’importe comment, sous peine de compromettre toutes les autres marques suisses qui sont actives dans ce pays… |