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Bernard Arnault, vous avez raison de vouloir quitter un pays qui promet l'enfer fiscal
 
Le 13-09-2012

Bernard Arnault, en demandant la nationalité belge, a déclenché un tollé en France. "Casse-toi riche con", a écrit, en une, "Libération". Ce qui a poussé la première fortune de France à porter plainte contre Libération pour injures publiques. Notre contributeur associé, Frédéric Georges-Tudo, défend le patron de LVMH...

Cher Monsieur Arnault,

N’ayant pas l’honneur de vous compter parmi mes amis, j’ignore tout des motifs réels et sincères liés à votre désir d’acquérir la nationalité belge. Ce qui ne m’empêche pas d’avoir mon idée sur la question. A l’instar de la majorité de mes concitoyens, j’ai quelques difficultés à ne pas soupçonner une motivation fiscale… Vos dénégations demeurant pour le moins floues, elles ne parviennent pas à me convaincre totalement. Reste que cela n’a aucune importance, dans la mesure où votre vie privée ne me regarde pas. En outre, vous seriez tout à fait en droit de vouloir quitter un pays qui honnit tout ce que vous représentez et qui veut aujourd’hui vous punir d’avoir réussi.

Oui, Monsieur Arnault, puisque votre patrie traite les entrepreneurs prospères comme des parias, et que vous occupez la position du plus prospère d’entre eux, il n’y aurait rien d’illogique à vous voir vous exiler.

Vous qui vous êtes enrichi grâce à votre talent, votre intelligence et votre énergie, rien ne vous oblige à accepter de rendre (avec le sourire, en plus) la quasi totalité de vos gains.


Vous pouvez envoyer un signal fort à l'État

Vous qui vivez dans un pays assoiffé de revanche vis-à-vis de votre classe sociale, un pays qui vous promet l’enfer fiscal, vous êtes tout à fait en droit de rechercher ailleurs votre coin de paradis.

De même, vous qui comptez parmi les principaux contributeurs de la croissance française (la vraie, pas celle qui inclut les dépenses publiques) vous êtes autorisé à envoyer un signal fort à un État qui veut aujourd’hui vous faire payer la facture des décennies de sa propre gabegie. Surtout, personne ne peut vous forcer à vous lever le matin, afin de permettre à votre pays de continuer dans cette voie sans issue.


La presse vous insulte
Enfin, vous qui avez créé des dizaines de milliers d’emplois en France, vous avez le droit de refuser les leçons de morale de cette cohorte de supposés patriotes qui n’a jamais rien fait d’autre pour son pays que de réclamer plus de générosité avec l’argent des autres. Quoiqu’il en soit, en tant que membre d’une minorité – si privilégiée soit-elle – rejetée par sa patrie, rien ne vous oblige à accepter l’inacceptable au nom du patriotisme.

Bien sûr, vous avez aussi la possibilité de rester en France et de continuer à vous acquitter d'un taux de prélèvements obligatoires comptant parmi les plus élevés du monde. Mais cette décision relève de votre choix individuel. Pas de celui de vos compatriotes auxquels vous ne devez rien de particulier. Ni de celui de la presse de caniveau qui vous insulte.

Bien à vous.

PS : une dernière chose, si telle est votre aspiration, vous avez aussi le droit de continuer à vous enrichir en développant vos entreprises.

Par Frédéric Georges-Tudo
chroniqueur politique
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