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Selon le KOF, la monnaie suisse se situe encore nettement au-dessus de sa valeur d’équilibre comparé à la devise commune
La question de la valeur d’équilibre du franc par rapport à l’euro continue de diviser les économistes. D’un côté, la Banque nationale suisse (BNS) réaffirme à chaque occasion que le franc suisse est largement surévalué par rapport à l’euro. De l’autre, certains spécialistes estiment que le franc se rapproche progressivement de sa valeur d’équilibre, notamment en raison de l’inflation plus élevée qui existe dans l’Union européenne qu’en Suisse. La parité de pouvoir d’achat est estimée aux alentours de 1,35 franc par euro, moins que le niveau de 1,4 franc cité l’été dernier avant l’intervention de la BNS. En juin, Credit Suisse évaluait cette parité à seulement 1,3 et 1,34 franc par euro.
Le centre de recherches conjoncturelles KOF, qui a effectué une présentation sur ce thème jeudi à Zurich, a analysé l’évolution du franc par rapport à la monnaie de son principal partenaire commercial, l’Allemagne, depuis 30 ans. Il a recouru à quatre modèles reposant sur les différences de taux d’intérêt, de croissance, d’inflation et les écarts de la balance commerciale.
Premier constat, le franc n’a pas toujours été trop cher face à l’euro. Au contraire, de 2003 à 2007, la monnaie helvétique a été sous-évaluée par rapport à l’euro, jusqu’à 10% en 2007 et 2008. Mais les turbulences sur les marchés financiers, puis la crise de l’euro, ont rapidement inversé la situation dès la mi-2008.
Un écart dépassant les 14%
Avant l’introduction du taux plancher par la BNS en septembre 2011, le franc a été surévalué dans une proportion de 8,2% (modèle de balance commerciale) à 14,5% (modèle basé sur l’inflation). Une situation «unique» en trente ans, observe le KOF. Fin 2011, après l’intervention de la BNS, cet écart s’est réduit à entre 4,5% (balance commerciale) et 10,4% (inflation). Qu’en est-il désormais? Selon le KOF, la situation n’a «pas changé significativement» depuis fin 2011. Néanmoins, Jan-Egbert Sturm, son directeur, constate une légère réduction des écarts selon la plupart des modèles utilisés. «La surévaluation du franc tend à s’atténuer, sauf en fonction du modèle basé sur l’inflation», note-t-il.
Yves Hulmann
LE TEMPS
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