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Des faussaires transforment le tungstène en lingots d’or
 
Le 28-09-2012

Une fonderie suisse a été victime d’imitations à New York la semaine dernière

La pratique n’est pas nouvelle. Mais pour la première fois, la semaine dernière, PAMP, l’une des plus grandes fonderies de lingots au monde, en a été victime. Une dizaine de fausses barres d’or estampillées du sceau de l’entreprise basée au Tessin ont été achetées à New York. En réalité, il s’agissait de simples blocs de tungstène plaqués or. Un métal industriel connu pour avoir quasiment la même masse volumique que celle du métal jaune mais dont le prix ne dépasse guère un dollar l’once, contre 1765 pour l’or.

«C’est la première fois que notre marque est confrontée à un tel incident, confirme Mehdi Barkhordar, directeur de PAMP. Si le problème est sérieux, le nombre de lingots concernés reste toutefois très limité comparé aux millions que nous produisons chaque année.»

La flambée du prix du métal précieux (+ 460% depuis 2002) semble toutefois allécher les faussaires. «Les premiers faux lingots en tungstène sont apparus il y a cinq ou six ans», explique Jean-François Faure, le président d’Aucoffre.com, une plateforme de vente et d’achat de pièces d’or. Des banques centrales en avaient fabriqué pour donner de fausses pistes aux trafiquants. «Mais, au final, tout s’est mélangé», précise Jean-François Faure. Aujourd’hui, un site internet chinois explique même comment fabriquer soi-même son lingot en tungstène. Et propose aux courtiers d’en commander pour «les offrir comme cadeaux souvenirs aux clients VIP … ou garnir les vitrines lors d’expositions»…

Une question de réputation

Présenté comme un ancien étudiant de la Columbia University au bénéfice d’un master en ingénierie chimique par le New York Post , Ibrahim Fadl explique au journal américain avoir acheté quatre lingots avec l’estampe de PAMP à un marchand russe avec lequel il avait l’habitude de commercer. «Nous ne connaissons pas ce monsieur Fadl et ne savons pas qui sont les faussaires, relève cependant Mehdi Barkhordar. Sinon, on les aurait déjà attaqués en justice.»

Si les histoires de faux lingots fleurissent sur Internet, il s’agit toutefois de ne pas tomber dans la théorie du complot, soulignent les experts. Car si les tests de densité ­et de rayon X restent inefficaces, d’autres méthodes permettent d’identifier les lingots contenant du tungstène. Stephan Müller, spécialiste pour le segment d’ETF chez Swiss & Global Asset Management et fin connaisseur des métaux précieux, explique que «pour chaque vente ou achat d’or, un système d’ultrason nous permet de tester la pureté des lingots». Selon lui, «dans un système fermé comme en Suisse, où les lingots s’échangent de banque à banque, chaque barre d’or est donc sûre à 100%».

Alors que les faussaires ont tout intérêt à utiliser de grands noms pour leurs imitations, comme pour les montres, Mehdi Barkhordar souligne que, pour les acheteurs d’or, «il est impératif de ne traiter qu’avec des distributeurs à la réputation intacte».

Sebastien Dubas
LE TEMPS

 



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