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L’horlogerie commence à percevoir le ralentissement conjoncturel
 
Le 01-10-2012

Des entreprises, comme Universo, ne reconduisent pas de nombreux contrats à durée déterminée. Plusieurs sous-traitants se voient contraints de licencier

Le point d’inflexion a apparemment été atteint. L’horlogerie ne pouvait pas faire exception éternellement. Les vents contraires du marasme conjoncturel commencent à souffler aussi sur cette industrie, virevoltante depuis plus de trois ans. Ce n’est peut-être que passager mais des entreprises, notamment des sous-traitants de l’Arc jurassien, prennent des mesures au niveau de l’emploi. C’est donc en amont de la chaîne de production que les effets se font pour l’heure ressentir, alors que les exportations horlogères, elles, continuent de surfer sur la vague de taux de croissance à deux chiffres.

Ainsi, Universo, fabricant chaux-de-fonnier d’aiguilles – en mains de Swatch Group –, n’a pas reconduit le contrat temporaire de 80 employés, a appris Le Temps. Le numéro un mondial de l’horlogerie confirme les faits, tout en précisant que sa filiale a engagé 270 personnes supplémentaires depuis 2010. Parmi eux, les intérimaires dont les contrats ne sont pas reconduits «en vue de la normalisation du marché». Universo compte environ 550 personnes, «et, avec ses nouvelles structures et nouveaux processus de fabrication ainsi que sa productivité améliorée, la société continue de croître», selon la porte-parole de Swatch Group.

Première demande de RHT

Par mesure de précaution, une autre entreprise de la cité horlogère, active dans le haut de gamme, en a fait de même avec 75 de ses collaborateurs munis de contrats à durée déterminée, arrivant à échéance à fin septembre. Le fournisseur du pôle horloger d’une grande marque de luxe, active dans d’autres secteurs comme la parfumerie ou la lunetterie, a également stoppé certains de ses contrats temporaires. Une société locloise s’est aussi résignée à le faire, mais avec une ampleur nettement moins importante. Un fabricant jurassien de boîtes de montre n’a pas renouvelé le contrat d’une dizaine d’intérimaires. Les sociétés ont confirmé ces informations, sous le couvert de l’anonymat pour préserver leur activité.

«Cela freine des quatre fers dans l’horlogerie», regrette Francisco Pires, syndicaliste auprès d’Unia Neuchâtel. Quelques sous-traitants – plutôt les co-traitants, comme préfère les appeler François Courvoisier, docteur ès sciences économiques, professeur HES et doyen de l’Institut du marketing horloger – ont même été contraints de se séparer d’une partie de leur personnel. Telle cette entreprise neuchâteloise spécialisée dans l’étampage, qui a licencié récemment une dizaine de collaborateurs. Ou cette autre des montagnes jurassiennes, active dans le polissage, également contrainte de réduire la voilure. Pas plus tard que mercredi, une société de cadrans a licencié dix de ses 25 employés. «Dans le canton du Jura, on déplore également quelques licenciements», selon Pierluigi Fedele, secrétaire régional d’Unia Transjurane. Par ailleurs, les premières demandes anticipées de réduction de l’horaire de travail (RHT) commencent à tomber, selon François Matile, secrétaire général de la Convention patronale de l’industrie horlogère.

« Attentisme des clients »

«En cas de fléchissement des affaires, ce sont toujours les contrats à durée déterminée qui font en premier lieu office de verrou de sûreté», selon Francisco Pires. Une pratique qui permet aux entreprises de ne pas licencier et, en cas de reprise des activités, de réengager sans que le cycle de production en soit peu ou prou affecté. Le patron d’une PME spécialisée dans les boîtes et les bracelets de montre acquiesce: «L’horizon devient un peu plus flou. Il y a un mélange d’attentisme et d’incertitude chez nos clients.» Il tient à préciser que la situation n’est en aucun cas comparable à celle de 2009, lorsque les marques avaient annulé «du jour au lendemain et de manière brutale leurs commandes».

Un autre relativise: «On roulait depuis trois ans à 160 km/h. Ce n’est pas plus mal de retrouver une vitesse plus adaptée.» La conjoncture n’explique cependant pas tout. «Les grands groupes internalisent toujours plus de compétences. Ce qui a un impact sur les fournisseurs avec le temps», d’après Pierluigi Fedele. L’humeur n’est donc plus à l’euphorie, mais à une consolidation à un haut niveau.

Bastien Buss
LE TEMPS

 



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