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Une lumière vient de s’éteindre dans notre ciel. Dominique Baron nous a quittés. C’était une des pierres les plus précieuses de la couronne féminine de notre horlogerie, qui lui doit quelques-unes de ses meilleures créations de ses dernières années. C’était une étoile de la décoration. Une des dernières. Elle va nous manquer.
••• D’abord, une pensée pour sa famille et pour ses proches. Et une pensée pour l’horlogerie en général, qui perd avec elle un immense talent de miniaturiste et d’émailleuse. Nous sommes fiers d’avoir pu l’aider à recevoir, en 2010, une récompense comme le Talent de l’Elégance - attribuée en même temps à son principal partenaire artistique, le graveur Olivier Vaucher -, pour leurs créations chez Van Cleef & Arpels (on pourra la découvrir dans la vidéo ci-dessous). Star de la décoration horlogère, émailleuse d’art en même temps que miniaturiste d’une immense talent, Dominique Baron avait « explosé » ces dernières années – médiatiquement parlant – grâce aux complications poétiques de Van Cleef & Arpels, mais aussi par la grâce de ses cadrans qui ont rappelé aux horlogers une tradition un peu oubliée : celle des beaux-arts de la décoration horlogère. Cette magicienne de la poudre colorée (pigments) et des pinceaux à un poil croulait sous les commandes. Sans nous ledire, elle avait retrouvé des secrets d’émaillerie oubliés depuis deux ou trois siècles. On retrouvera sur son site personnel quelques-unes de ses créations, notamment ses chefs-d’oeuvre de l’art animalier (souvent pour DeLaneau) ou même ses joailleries, qui constituaient une des parts les plus secrètes de son travail. Des maisons comme Laurent Ferrier (ci-dessous), Roger Dubuis, Patek Philippe, Cartier, Montblanc, Jaeger-LeCoultre ou, ces dernières années, Stern Créations (groupe Richemont) lui doivent beaucoup. Et on ne peut pas citer tout le monde…
••• Dominique Baron avait du charme à revendre, et des sourires d’une immense générosité. Sa modestie et sa simplicité étaient aussi fortes que son talent. Il ya a évidemment beaucoup d’injustice à la voir nous quitter aussi vite, à la suite d’une maladie impitoyable, qu’elle ne cachait pas mais qui donnait à son amitié encore plus d’intensité. Ses projets étaient immenses, et son envie de créer magnifique. Elle emporte avec elle le secret de « tours de main » qu’elle n’aura pas eu le temps de transmettre, comme elle souhaitait le faire. Aujourd’hui, c’est toute l’horlogerie qui porte le deuil d’une de ses plus grandes dames – et les dieux savent qu’il y en a peu et que nous en manquons…
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