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CONTREFAÇON - Le Brésil sous haute surveillance!
 
Le 05-11-2012

Quand on parle chiffres avec un horloger, il a les yeux qui brillent. Exportations, ventes en boutique, emplois: tous les voyants sont au vert. Malgré la crise économique qui fait toussoter l’hémisphère Nord. Pourtant, dès que vous abordez le sujet, plus sensible, de la contrefaçon, ce même horloger répondra par une grimace. C’est un peu comme évoquer le dopage en présence d’un cycliste… Le problème est récurrent. Et on a toujours le sentiment que les “voleurs” ont un coup d’avance sur la police.

La contrefaçon, c’est environ 40 millions de copies produites chaque année dans le monde – essentiellement dans le sud-est de la Chine continentale. Cela représente surtout un bénéfice net d’un milliard de dollars et une gigantesque pieuvre difficile à déloger. “Il ne serait pas très réaliste de croire que nous pourrions un jour stopper la contrefaçon”, affirme Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). Le décor est planté. Personne n’a pourtant envie de rester les bras croisés. “C’est une lutte sans fin, mais, pour nous, il est important de maintenir la confiance du consommateur dans les vrais produits. Si on ne faisait rien, certaines marques seraient totalement submergées par le faux. Avec le risque qu’elles disparaissent du marché.”


Assemblage sur place

Soutenue financièrement par ses membres, la FH joue donc les pompiers de service. Tentant d’éteindre les incendies aux quatre coins de la planète. Elle a fait développer un logiciel qui traque les plates-formes frauduleuses sur la Toile: en 2011, elle a ainsi obtenu la suppression de plus de 320 000 annonces suspectes. Elle forme également les douaniers à reconnaître le faux du vrai. Et tente de sensibiliser les consommateurs sur le sujet grâce à des slogans choc: “Fake watches are for fake people”, scande sa dernière campagne d’affichage. Mais c’est sur le terrain que son activité est la plus percutante…

La Chine est évidemment sa cible principale. Mais le Brésil est aussi placé sous haute surveillance. “On n’y fabrique pas de fausses montres”, précise Jean-Daniel Pasche. “Ce pays est simplement devenu le supermarché de la contrefaçon. Les produits arrivent en kit et sont assemblés sur place.” La politique protectionniste du Brésil n’est pas étrangère à cette situation: en fixant des taxes d’importation rédhibitoires (une moyenne de 46 % du prix payé par le consommateur!), l’État encourage la contrebande. Et fait le nid des faussaires.

“Il y a un an, nous avons accompagné le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann lors d’une mission offcielle en Amérique latine”, ajoute le président de la FH. “Nous avons abordé cette problématique auprès du ministre de l’industrie et du commerce extérieur. Il nous a assuré que ces taxes n’étaient pas dirigées directement contre l’horlogerie suisse.” Une baisse de ces impôts a même été évoquée au cours de la discussion. Sans qu’un calendrier ne soit arrêté. En attendant, la FH poursuit donc sa chasse aux sorcières sur le territoire brésilien. “Nous avons un délégué sur place qui collabore avec des cabinets d’avocats et des sociétés de détectives”, explique Jean-Daniel Pasche. “Leur mission est d’identifier des stocks de contrefaçon et de déposer ensuite une plainte auprès de la police locale. Sans cette impulsion de notre part, il ne se passerait rien!” Les fausses montres sont ainsi saisies, puis détruites. “Nous ne cherchons pas à toucher les vendeurs isolés. Nous visons clairement les grosses filières. Cela nous permet d’intercepter immédiatement une plus grande quantité de marchandise…”

Les contrefacteurs finissent-ils en prison pour autant? Pas vraiment… La FH a misé sur une autre stratégie, plus subtile, pour enrayer la machine: leur causer un préjudice économique. “Pour ces gens-là, la peine la plus sévère, c’est souvent la perte de leur marchandise”, explique Jean-Daniel Pasche. Corollaire: ces actions orchestrées par la FH poussent les faussaires à être plus prudents. “Il y a désormais moins de magasins à avoir pignon sur rue!” constate le président. Un mal pour un bien? S’organisant dans les arrière-boutiques, la contrefaçon est moins visible. Donc moins tentante pour le consommateur. Dans l’ombre, elle devient aussi plus diffcile à pister. Cette guerre économique n’autorise aucune trêve.


Le certificat digital de WISeKey

Et si la guerre contre la contrefaçon passait par une traçabilité plus effcace du produit? Connaître son origine, le nom de son propriétaire… Cette question, la société WIseKey, à Genève, se l’est naturellement posée. Depuis 2008, elle développe en effet des projets pour lutter contre l’usurpation d’identité des personnes sur la planète numérique. Pourquoi ne pas adapter cette technologie à cette problématique “qui se développe de façon exponentielle”? “Finalement, la contrefaçon est une forme d’usurpation d’identité”, constate Carlos Moreno, vice-président de la société.

Lors d’un acte d’achat, les marques horlogères remettent le plus souvent un certificat d’authenticité au client. Avec numéro de série de l’objet et signature. “Le problème, c’est qu’on peut dupliquer ou voler ce certificat”, relève Carlos Moreno. WIseKey a donc créé un certificat digital, avec une puce électronique. Impossible à extraire ou à cloner! “Nous n’avons fait que rematérialiser ce qui existe depuis des siècles.”

Concrètement, l’employé d’une marque – dans une boutique ou au service après-vente – peut vérifier en ligne la nature du garde-temps qu’il a entre les mains: vrai ou faux? Volé ou pas? Rien ne lui échappe. “Notre objectif est d’en faire un standard”, ajoute Carlos Moreno. “Pour l’instant, nous travaillons avec Hublot, Dior et HYT.” En revanche, WIseKey n’a pas suffisamment de recul pour mesurer quel est l’impact de cette “invention” sur le marché de la contrefaçon. Il faudra peut-être attendre que d’autres marques se laissent convaincre de son effcacité pour que les faussaires s’inquiètent vraiment de leurs marges…


Tribune des Arts, octobre 2012

 



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