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Richemont est plus rentable que jamais, malgré le freinage en Asie
 
Le 12-11-2012

Le bénéfice du groupe est en hausse de 52% sur un an. Les effets de changes ont bien aidé à améliorer les marges et les touristes asiatiques ont bien soutenu les ventes en Europe

«Solides», «remarquables», «très bons». Vendredi, les analystes n’ont pu que favorablement accueillir les chiffres semestriels présentés par Richemont. Le groupe genevois, propriétaire d’une bonne quinzaine de marques de luxe, dont Cartier, Vacheron Constantin, Jaeger-LeCoultre, Piaget ou Purdey, poursuit sur la voie de la croissance à deux chiffres. Presque sans écueil.

Presque, car à l’image de l’économie chinoise, qui traverse une période de ralentissement de sa forte croissance, Richemont constate que sa conquête de la région Asie-Pacifique marque légèrement le pas. «Cela ne signifie pas que cela va mal», coupe d’emblée l’analyste de Bordier&Cie, Christophe Laborde. D’ailleurs, vendredi, la direction a préféré parler de «modération», après deux ans de croissance «exceptionnelle».

A fin septembre, sur un an, Richemont a augmenté son chiffre d’affaires global de 21%, à 5,1 milliards d’euros. A taux de changes constants, il s’affiche en hausse de 12%. «Les arbres ne montent pas au ciel», continue le spécialiste de Bordier. «Il est forcément plus difficile de conserver le même rythme, lorsque l’on a affiché des croissances de 30% par an au cours des dernières années.» Selon lui, ce léger ralentissement ne fait que confirmer ce qui a été récemment observé chez les autres géants du secteur du luxe, comme Burberry, LVMH ou PPR.

Pas de quoi paniquer, donc. Ce d’autant moins que, pendant que l’Asie reprend son souffle, ses touristes voyageant en Europe, eux, restent insatiables. Nourri par la faiblesse de l’euro durant la période sous revue, ce phénomène «compense le ralentissement en Asie-Pacifique», assure Richemont.

Sur le Vieux Continent, les ventes ont progressé de 19%, à taux de changes constants, contre 9% en Asie et 4% dans la zone Amériques. L’Europe a ainsi compté pour 36% des ventes.

«En Europe comme au Moyen-Orient, les meilleures performances ont été enregistrées dans les boutiques en propre», précise le groupe, qui continue d’ailleurs d’étendre son réseau. En un an, il a ouvert une quarantaine de boutiques et en compte presque un millier autour du globe. Avec 51% du chiffre d’affaires, contre 47% il y a deux ans, les ventes au détail dépassent désormais les ventes en gros (voir graphique ci-contre).

Michael Heider, analyste chez Helvea, se dit, lui, surtout frappé par «la capacité du groupe à transformer cette croissance en une rentabilité plus que proportionnelle». Il souligne, par exemple, les marges des deux divisions phares que sont la joaillerie (36,7%, soit +280 points de base en un an) et l’horlogerie (32,2%, +560 points de base). Au final, Richemont a vu son bénéfice net bondir de 52%.

Le groupe ne cache pas que cette performance est aussi liée à des effets de changes en sa faveur. Le franc est stabilisé depuis septembre 2011. En outre, l’affaiblissement de l’euro contre le dollar et le yen, notamment, a embelli les comptes à fin septembre, sachant que Richemont les tient en euros.

Au-delà de ce premier semestre, le groupe constate un nouveau ralentissement de la progression de son chiffre d’affaires en octobre (+ 7% sur un an).

Est-ce le début de la fin d’un cycle? Chef de la recherche chez Kepler Capital Markets, Jon Cox relativise et qualifie ce chiffre de «raisonnable». Même si, souligne-t-il, «en monnaies locales, les ventes asiatiques et américaines ont reculé. C’est un signe plutôt négatif».

Servan Peca
LE TEMPS

 



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