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Le luxe suisse appréhende le nouveau monde
 
Le 16-11-2012

A l’IMD, la haute horlogerie a fait face à l’expertise de Joschka Fischer ou Peter Brabeck

Le luxe prend du recul. Mercredi, des dizaines de patrons et représentants des marques de la haute horlogerie suisse se sont retrouvés à l’occasion du 4e Forum de la haute horlogerie, organisé par la fondation du même nom (FHH). A l’IMD, à Lausanne, divers conférenciers se sont succédé pour exposer leur vision d’un nouveau monde, et des grands rééquilibrages que celui-ci induit.

Et ce «nouveau monde», cette fois-ci, ce n’est pas l’Amérique. Hier, c’est la Chine et sa montée en puissance qui ont concentré les intérêts, alors que ce pays, avec Hongkong, représente désormais 25% des exportations de montres suisses.

«L’arrivée d’une nouvelle puissance mondiale provoque toujours de la volatilité, qu’elle soit économique ou politique. Mais il faut suivre le mouvement, sans quoi…», a prévenu Joschka Fischer, ancien vice-chancelier et ministre allemand des Affaires étrangères.

En Chine, pas de jalousie, seulement de l’envie

Ce phénomène, Virginie Raisson l’appelle «la désoccidentalisation». Parmi les nombreux chiffres prospectifs qu’a présentés la chercheuse en géopolitique, il est à retenir qu’en 2050, la moitié de la classe moyenne mondiale sera concentrée en Inde et en Chine.

Leslie T. Chang connaît très bien ce segment de population. L’auteure de Factory Girls, un livre qui retrace le quotidien de jeunes femmes travaillant dans les usines chinoises, a insisté hier sur leurs ambitions et leur vision de l’avenir. «S’il y a des tensions entre très riches et très pauvres? Non, quand les premiers voient les seconds, ils ne sont pas jaloux, ils sont envieux», a-t-elle aussi précisé.

Et pour bénéficier de ces consommateurs en puissance, mieux vaut positionner correctement sa marque, a poursuivi Dominique Turpin, président de l’IMD, qui, sans se limiter au cas chinois, s’est attardé sur la question de l’extension des marques à d’autres produits, à d’autres domaines. Il a évoqué des réussites, comme Yamaha et ses multiples champs d’action, mais aussi des flops, comme Mc Pizza. Il en a expliqué les raisons – «Il faut amener une réponse nouvelle pour le consommateur, avoir de la consistance» – mais n’a pas vraiment répondu à ces deux membres de l’auditoire qui voulaient savoir quelles chances il donnait aux marques de luxe qui, comme Burberry, se sont lancés dans l’horlogerie.

«J’aurais bien voulu parler branding moi aussi», a souri le président du groupe Nestlé, Peter Brabeck. Après avoir présenté ce pour quoi il était invité, la «création de valeur partagée», une notion qu’il défend depuis de nombreuses années, il a quand même fini par évoquer Nespresso. Selon lui, ce concept à succès est «une preuve que, dans le haut de gamme, il faut disposer de son propre réseau de distribution».

Servan Peca
LE TEMPS

 



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