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« Les sept règles d’or de l’amateur intelligent »
 
Le 26-11-2012
de Business Montres & Joaillerie

Quelques principes simples à respecter pour s’équiper des bonnes montres aux bons prix et pour bien les porter dans les bonnes circonstances… Un rappel utile pour une nouvelle génération d’amateurs…

Il y a une dizaine d’années, la culture horlogère n’était pas ce qu’elle est devenue, après une décennie de « suppléments horlogers » et, surtout, après l’explosion de l’information disponible sur Internet. « Le Meilleur des Montres », supplément horloger de L’Express conçu et créé par Grégory Pons, se faisait alors une règle d’initier ses lecteurs aux arcanes d’une collection intelligente - ce texte est aujourd'hui introuvable sur Internet, d'où sa republication dans nos archives…



LES SEPT RÈGLES D’OR DE L’AMATEUR INTELLIGENT

••• On possédait autrefois une montre pour toute sa vie d’homme ou de femme. On en change aujourd’hui plus aisément, au gré de ses humeurs et du programme de chaque jour. En neuf comme en occasion (pourvu que les modèles soient révisés), on peut varier les plaisirs sans se ruiner. Comment devenir un collectionneur intelligent tout en protégeant son investissement ?

1. LES BELLES MONTRES, TU AIMERAS

••• Tout le monde n’a pas vocation à devenir collectionneur, mais tout le monde peut devenir amateur éclairé. Il n’y a pas d’âge pour aimer les montres, qu’il s’agisse de sa première Flik-Flak (la « Swatch des tout-petits ») ou de l’ultime Patek Philippe (celle qui salue le départ en retraite du vieux manager méritant). Il n’y a pas de sexe pour les apprécier : longtemps réservée aux hommes, la passion horlogère gagne les femmes, qui forment aujourd’hui les gros bataillons des acheteurs (65 % du marché). Il n’y a pas de milieu social pour s’adonner à cette passion : des passionnés issus de milieux modestes jonglent chaque matin avec les références de prestige de leur somptueuse collection personnelle.

• Ne jamais perdre de vue qu’une montre, c’est beaucoup plus qu’une montre : c’est un concentré unique d’avancée micro-technologique, d’ambition patrimoniale, de fascination socio-culturelle et d’hédonisme strictement individuel. Aucun autre objet de notre quotidien n’est plus chargé de sens et de signification. Non contente d’écrire le temps qui passe, chaque montre est l’objet de statut personnel qui exprime le mieux l’air du temps et l’idée qu’on se fait de soi.



2. DE COLLECTIONNER N’IMPORTE QUOI, TU TE GARDERAS

••• Une collection n’est une accumulation hétéroclite de montres ramassées au hasard. Une collection de se construit. Imaginons les quatre premières montres d’un amateur malin. Son premier modèle sera, de préférence, une montre qu’on peut porter tous les jours, à peu près en toutes circonstances : un modèle acier, si possible mécanique (remontage manuel ou automatique), d’une marque reconnue, à un prix décent (le plancher pour une bonne mécanique et de bonnes finitions est au-dessus de 8 000 francs – soit 1800 euros d’aujourd’hui). Sa seconde montre sera plus sportive, étanche, éventuellement chronographe, avec un bracelet (métallique ou peau traitée) capable de le suivre à la piscine ou en catamaran. La réputation des grandes marques est une garantie de fiabilité pour les montres sportives. Sa troisième montre sera plus habillée, et donc un peu plus précieuse et chère : or jaune ou gris, sobriété, élégance et marque de prestige. C’est peut-être le moment de se laisser aller à une « complication » (calendrier, quantième, phases de lune, etc.). On reconnaît les vrais collectionneurs à leur quatrième montre, nécessairement un des « montres sacrés » de la tradition horlogère (voir les vingt-cinq modèles proposés par ce Meilleur des montres) : ce modèle complètera les trois choix précédents, par exemple, du côté des rectangulaires. A partir de la cinquième montre, n’espèrez plus la moindre guérison…



3. AU BON CALCUL FINANCIER, TU PROCÈDERAS

••• Ne croyez jamais un vendeur qui vous affirme, droit dans les yeux, que le modèle dont vous rêvez est de toute façon un bon placement financier. Toute montre n’est pas un jack-pot financier. On peut décider d’investir dans un objet de luxe hors du commun : valeur spéculative (certaines montres exceptionnelles ont vu leur cote multipliée par 10, 100, voire 1 000 entre leur mise initiale sur le marché et leurs dernières enchères connues). On peut assouvir un vieux fantasme pour une montre qu’on aimait dans sa jeunesse sans pouvoir se l’offrir : valeur sentimentale. On peut vouloir léguer quelques belles montres à ses descendants, sans forcément sacrifier au racket des droits de succession : valeur patrimoniale. On peut constituer méthodiquement une collection cohérente, avec l’idée de la revendre un jour, quand on en aura bien profité : valeur personnelle. On peut s’offrir une montre par nécessité professionnelle, ludique ou sportive, qu’on soit pilote d’hélicoptère, amateur de plongée ou cuisinier du dimanche anxieux pour la cuisson de ses œufs à la coque : valeur fonctionnelle. Autant de stratégies financières personnelles.

• En matière de montres, on joue comme on aime, le tout est de ne pas se tromper de scénario. Les spéculations ne sont pas toujours gagnantes : les Swatch décrochées à plus de 100 000 F - 15 000 euros - aux enchères dans les années quatre-vingt-dix ne se revendront pas de sitôt à ce prix ! L’achat d’une Rolex ou d’une Patek Philippe relève, depuis un demi-siècle, du bon réflexe patrimonial des pères de famille avisés. Les passions évoluent : sous-cotées voici dix ans, les Reverso de Jaeger-LeCoultre sont désormais quasi-intouchables. Surcotées, certaines Piaget à quartz n’ont pas tenu la distance. Aujourd’hui, on peut miser sur des marques qui ont émergé sans marketing tapageur, sur la seule réputation de leur qualité (Zenith, Oris). Intéressez-vous à l’histoire de la montre : certaines mécaniques sont des « trésors » horlogers méconnus (Minerva).



4. UNE MONTRE ADAPTÉE AUX CIRCONSTANCES, TU PORTERAS

••• Non, on ne porte pas n’importe quoi n’importe où n’importe quand. A part le James Bond du Docteur No, qui porte un smoking sous sa combinaison de plongée ? De même qu’on évitera les montres pavées de diamants pour faire de l’apnée, on se gardera donc d’exhiber sa montre de plongée ou son gros chrono d’aviation les soirs black tie. Tout dépend de l’heure et du milieu. Levi’s et Tank de Cartier : c’est décalé. Blancpain et costume de Prisu : c’est recalé. Avec un Swatch « rigolote » en plastique rose à bracelet fluo, vous passerez pour un petit rigolo chez Paribas, mais on vous prendra pour un créatif chez Publicis. L’Inde ne jure que par l’or jaune, que les Emirats rejettent. Les bons usages voulaient, voici quelques années, qu’on ne porte jamais d’or jaune le soir, mais uniquement du métal blanc. D’où la mode des montres habillées en platine, métal précieux et rare par excellence. On n’est plus aussi formaliste, mais n’oubliez jamais qu’une montre attire les regards : l’homme de qualité se défie du clinquant horloger. Le vrai chic reste toujours la montre qu’on a l’air d’avoir hérité de ses parents : Patek Philippe a d’ailleurs très intelligemment bâti toute sa communication sur cette idée. Précision : Nicolas Hayek – président du Swatch Group, qui compte une quinzaine de marques de prestige – doit rester la seule personne au monde à porter deux belles montres… à chaque poignet !



5. À DES VENDEURS SÉRIEUX, TU T’ADRESSERAS

••• Où acheter une montre ? Pour une montre neuve, les revendeurs agréés – boutiques des marques, concessionnaires officiels – restent la meilleure façon de ne pas se tromper, d’être conseillé et de bénéficier des garanties liées à tout produit de luxe. On commence à trouver de très prestigieuses références dans les corners horlogers de certains grands magasins. Vérifiez que le service après-vente de l’endroit où vous achetez la montre dispose d’un horloger agréé par la marque : ce n’est pas si fréquent et, en cas de réparation défectueuse hors du réseau officiel, aucune protection ne vous sera reconnue. N’espérez pas le moindre miracle en achetant du neuf à prix cassé sur Internet, où traînent d’hallucinantes quantités de contrefaçons parfaitement imitées, ni en considérant comme l’affaire du siècle les « 50 % off » offerts sur le marché « gris » d’un caravansérail asiatique. Précision utile : même si elles fonctionnent correctement, les montres « neuves » proposées sur les marchés méditerranéens ne sont pas forcément des montres de marque et leur acquisition relève généralement du délit.

• Pour les montres d’occasion, le parfum de l’aventure est souvent puissant. Quelques boutiques très sérieuses sont spécialisées en vraies occasions de luxe soigneusement révisées : à Paris, on peut citer MMC (Montres modernes et collection) ou Explor’Heure (Romain Réa). Aux enchères, les bonnes affaires sont rares dans le haut de gamme, plus fréquentes dans les montres courantes. Sur Internet, qui compte plusieurs centaines de sites de vintage watches, c’est la loterie permanente : il faut cependant savoir que certains modèles sont sous-évalués aux Etats-Unis par rapport à l’Europe. Les enchères sur Internet (eBay, en particulier) relèvent du grand frisson, mais on y déniche quelques perles rares. Précision utile : surtout si elles fonctionnent correctement, les luxueuses montres « d’occasion » proposées à l’aube sur les marchés aux puces ne sont pas forcément des montres honnêtement acquises et leur recel relève des tribunaux…



6. DES EFFETS DE MODE, TU TE MÉFIERAS

••• Une montre doit témoigner de votre goût et non de votre soumission aux tyrannies de la mode ou de la gestion de patrimoine. Pour se faire plaisir ou pour frimer auprès de ses ami(es), on peut acheter une montre ostensiblement griffée d’un grand nom de la couture, mais elle prendra rarement de la valeur. Parce qu’une nouvelle marque fait beaucoup de publicité dans les médias, on peut se laisser prendre au piège

• Les Breitling frime des années fric se revendent très mal (ce qui n’est pas le cas des plus récentes ou des plus anciennes), alors que la cote des Reverso de Jaeger-LeCoultre ne cesse d’augmenter d’année en année, entraînant à la hausse les autres références de la marque. Il vaut mieux miser sur les réputations émergentes que sur les situations déclinantes : compte tenu de la qualité du mouvement El Primero, les Zenith restent sous-cotées, alors que certaines Ebel, achetées trop cher, sont totalement hors de prix. Bien considérer la valeur historique de certains modèles : la Speedmaster « Moon Watch » devient inabordable dans les modèles les plus anciens (mécaniques d’avant 1966), mais tout-à-fait intéressante dans les références « design » des années soixante-dix et quatre-vingt (Mark II à Mark IV).



7. TES MONTRES, AVEC SOIN TU ENTRETIENDRAS

••• Une montre est une mécanique de haute précision. De même que le propriétaire d’une voiture de sport sait qu’il doit l’entretenir en la faisant régulièrement réviser dans un garage compétent, le propriétaire d’une belle montre doit régulièrement procéder aux révisions de rigueur. Pour un usage normal, un passage tous les trois ou quatre ans chez l’horloger suffit (cinq ans au grand maximum) : le service après-vente agréé de ce dernier ouvrira la montre, la nettoiera, huilera les parties qui doivent l’être, changera les pièces mobiles usées, vérifiera les joints d’étanchéité (sur les montres étanches, ils doivent être systématiquement remplacés après chaque ouverture), changera éventuellement la pile, testera la précision du mouvement et refermera la montre selon les règles. Pour un usage plus intensif (sports violents, plongée, usage fréquent d’un deux-roues, etc.), une révision plus rapprochée est indispensable. Quoiqu’en disent les horlogers, plus une montre est compliquée, et riche de nombreuses pièces mobiles, plus elle est fragile. Une montre doit vivre : moins on la porte et plus elle se dégrade (son huile se fige). Pour conserver sa précision, une montre automatique arrêtée ne se relance pas sans précautions : on prendra soin de la remonter pour garantir un rythme régulier à son balancier. On ne déclenche pas son chronographe sous l’eau. Ne jamais remettre à l’heure ou à la date une montre à quantième perpétuel (calendrier complet) entre 22 h 00 et 2 h 00 du matin, sous peine de la détériorer définitivement. Eviter les coups répétés : tennis et golf sont deux ennemis de la montre. Proscrire les chocs thermiques : on ne se jette pas dans l’eau glacée après une longue exposition au soleil. Attention aux douches violentes pour les modèles non étanches à trente mètres. Un brossage doux à l’eau savonneuse (le liquide vaisselle est parfait) permet de dégraisser boîtiers et bracelets métalliques, mais attention aux bracelets de cuir : même traités waterproof, requin et alligator souffrent de l’humidité. Une montre bien entretenue, au mouvement régulièrement révisé par une professionnel compétent (si possible agréé par la marque), dont on aura conservé les boîtes d’origine, ainsi que les papiers, conservera toute sa valeur dans le temps.


COMMENTAIRE 2012

Pas sûr qu’on puisse ainsi citer aujourd’hui, autant de marques sans la génuflexion rendue obligatoire par le culte publicitaire : écrire certaines des lignes ci-dessus vaut immédiatement quelques coups de téléphone à la direction du magazine ! Heureuse époque, à l’aube d’Internet, où il était encore possible de faire des affaires dans un commerce transatlantique. Sinon, rien à redire à ces sept règles d’or, qui n’ont pas perdu de leur intérêt et qui gagneraient à être plus souvent rappelées à la nouvelle génération des nouveaux amateurs.

 



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