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ARCHIVES : Les heures de gloire (interview de Jean Todt)
 
Le 14-01-2013
de Business Montres & Joaillerie

Il y a tout juste dix ans (2003), Jean Todt se confiait au supplément horloger de L'Equipe magazine : une histoire d'hommes, de mécaniques, de temps. Et donc de montres...

Le futur président de la Fédération internationale de l'automobile dirigeait alors la Scuderia Ferrari et c'était déjà un grand ami des belles montres...




••• Le temps en F1 : ami ou ennemi ?

••• Jean Todt : Le temps n’est ni un ami, ni un ennemi, mais simplement l’instrument avec lequel nous mesurons le résultat de notre travail. C’est grâce au chronomètre que nos vérifions nos prestations et que nous comprenons exactement combien de temps nous devons récupérer ou quel est l’avantage que nous avons sur nos adversaires. Le verdict du temps est toujours sans appel.



••• Le pire des temps perdus pour un pilote de F1 ?

••• Jean Todt : Perdre du temps dans un sport comme le nôtre est un mal. Il est donc difficile d’établir une échelle de valeurs. Pendant la compétition, cela dépend beaucoup de la phase durant laquelle est perdu ce temps. Si le pilote fait un tête à queue lorsqu’il a des dizaines de secondes d’avance sur son plus proche poursuivant et qu’il arrive à se remettre en piste, ce n’est pas si grave. Il en résulte juste une grosse émotion, comme cela a pu m’arriver lors des deux victoires de Michael Schumacher 1997 à Monte-Carlo et en 2000 à Indianapolis. Les quelques secondes perdues lors d’un dépassement un peu distrait de son adversaire direct ont une toute autre valeur. Il y a ensuite le temps perdu par la faute d’autrui. Pour un pilote de Formule 1, cela doit-être une torture de devoir rester bloqué plus longtemps que prévu dans un arrêt au stand lorsque le boulon d’une roue ne serre pas ou lorsque le pistolet d’essence ne fonctionne pas correctement. Dans ces moments-là, le pilote est impuissant et se retrouve entre les mains de son équipe.



••• Le pire des temps perdus pour un patron d’écurie ?

••• Jean Todt : C’est sans doute celui causé par ses propres erreurs. On ne se pardonne jamais ses propres erreurs quand on est patron d’écurie.



••• La seconde la plus longue pendant une épreuve du championnat ?

••• Jean Todt : La Formule 1 est un sport dans lequel chaque seconde peut-être décisive et où on ne peut jamais se relâcher, même lorsque l’on a un tour d’avance. Le pépin technique, l’erreur, la crevaison peuvent arriver à n’importe quel moment : il suffit d’un rien pour anéantir les efforts d’une saison. Dans ce sport, encore plus que dans un autre, on ne peut pas dire que la course est finie tant que le pilote n’a pas passé le drapeau à damier. Il y a des moments forts au départ ou aux arrêts au stand où l’on voudrait que les secondes durent à l’infini , tout comme celles qui suivent une victoire. Dans ma carrière, j’ai eu le privilège de mettre ensemble tant d’hommes de valeurs, d’abord chez Peugeot et aujourd’hui chez Ferrari, avec lesquels nous sommes arrivés à tout gagner : en additionnant toutes ces secondes, je peux affirmer avoir vécu de belles heures.



••• Admirer le fonctionnement d’une belle mécanique horlogère n’est-il pas le meilleur des anti-stress ?

••• Jean Todt : Celui qui est toujours à la recherche de l’excellence, et qui a la passion des montres, ne peut pas rester indifférent devant un objet dont on peut dire qu’il en est amoureux, ni devant sa mécanique. Cette fascination peut générer un certain stress, car, pour être sûr que tout fonctionne parfaitement, il y a toujours quelque chose à contrôler. En général, ceux qui aiment la belle mécanique, aiment également les montres.



••• Combien de montres dans les tiroirs de Jean Todt ?

••• Jean Todt : Quand on est toujours à la recherche de l’excellence, on ne peut qu’avoir la passion des montres, seul bijou concédé aux hommes. Dans mes tiroirs, il y a entre cinquante et cent montres : à toutes je suis très attachés. Certaines d’entre elles ont en plus une valeur symbolique car elles sont liées à des moments particulièrement heureux de ma carrière. En ce moment, je suis amoureux de mon ***, mais ne le répétez pas à mes autres montres !

Propos recueillis par Grégory Pons

(L'Equipe Magazine, spécial montres, 2003).

 



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