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La Fondation de famille Sandoz parachève sa verticalisation. Rencontre au SIHH
Il aura fallu quinze ans de travail minutieux et patient et des investissements à hauteur de centaines de millions de francs. Parmigiani, marque horlogère haut de gamme en mains de la Fondation de famille Sandoz, peut désormais s’appuyer sur un outil industriel entièrement verticalisé.
«Nous maîtrisons maintenant toutes les étapes de la production à l’interne et, mieux encore, avons atteint notre rythme de croisière au niveau des volumes produits», a fait remarquer lundi Jean-Marc Jacot, directeur général de la manufacture horlogère de Fleurier (NE) au Salon international de la haute horlogerie (SIHH). S’appuyant sur les autres sociétés du groupe, comme Elwin à Moutier, Atokalpa à Alle, Vaucher Manufacture à Fleurier, Les Artisans Boîtiers et Quadrance & Habillage, toutes deux à La Chaux-de-Fonds, l’entreprise dispose ainsi d’un outil de production intégré, très rare dans la branche, allant des organes réglants jusqu’aux mouvements, en passant par les boîtiers et les cadrans. Le pôle industriel et ses 600 employés dégagent même désormais des bénéfices.
Le fabricant de mouvements Vaucher ne peut d’ailleurs plus accueillir de nouveaux clients malgré les demandes régulières de tiers et dans un contexte de diminution des livraisons de composants de la part de Swatch Group. Cette entité produit maintenant plus de 20 000 pièces par année, avec des clients comme Corum, Richard Mille ou Hermès (d’ailleurs actionnaire à hauteur de 25%). L’ensemble du pôle fournit par ailleurs des composants à 15 marques externes.
Des investissements massifs ces dernières années dans le réseau de distribution de la marque Parmigiani ont retardé l’équilibre de ses comptes mais les premiers bénéfices sont attendus d’ici à trois ans. La société s’est résignée à ouvrir ses propres filiales dans différents pays (neuf pour l’heure) pour pallier la difficulté de trouver des distributeurs à la hauteur. Mais aussi parce que les grands groupes «asphyxient les autres marques par des méthodes très agressives», analyse le directeur.
Hausse prévue de 10 à 15%
A une croissance tous azimuts, souvent dictée par les actionnaires des groupes cotés, Jean-Marc Jacot préfère une progression saine et mesurée. Il parle ainsi d’un «exercice 2012 très satisfaisant». Ce qui n’empêche pas une mise en garde de taille: «Certains marchés deviennent gentiment saturés en produits horlogers.» En d’autres termes, les stocks des détaillants ont tendance à gonfler, quand bien même on est encore très loin des niveaux atteints en 2008, lors de la précédente crise.
En 2012, Parmigiani, avec 150 employés, a écoulé 6000 montres, pour un prix public de 60 000 francs moyen par pièce. Dans un horizon de trois à quatre ans, Jean-Marc Jacot vise des ventes de 9000 à 10 000 unités. Le nombre de points de vente devrait passer de 230 à 300.
Malgré un contexte incertain et un ralentissement attendu de la branche, Jean-Marc Jacot envisage «sereinement» l’année 2013, avec une hausse budgétée des ventes de 10 à 15%. «La Chine se porte bien mieux qu’on ne le dit, aux Etats-Unis la croissance est au rendez-vous et l’Europe s’en sort grâce aux flux touristiques», complète le directeur.
Bastien Buss
LE TEMPS
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