La manufacture a créé 180 postes de travail en 2012. La marque haut de gamme est à la recherche de 150 nouveaux employés

Vacheron Constantin se concrétise. L’an dernier, la manufacture genevoise, basée à Plan-les-Ouates, a accru ses effectifs de 180 personnes, les portant à 850 collaborateurs, a indiqué au Temps Juan-Carlos Torres, directeur général de la société qui a vu le jour il y a près de 260 ans, et rencontré en fin de semaine dernière lors du Salon international de la haute horlogerie (SIHH). Soit une progression de plus de 25% d’une année sur l’autre. Et au vu des plans de développement de la marque sur le moyen terme et de la croissance de ses ventes, elle compte encore en engager 150 rien que durant l’exercice en cours, assure le patron.

«Les travaux d’extension de notre manufacture à Plan-les-Ouates (GE) ont débuté», se réjouit par ailleurs Juan-Carlos Torres. Le nouveau bâtiment, très futuriste, œuvre de l’architecte Bernard Tschu­mi, permettra de doubler la surface de production actuelle. C’est que la société, active dans le haut de gamme et appartenant au groupe Richemont, a de l’ambition. Pour y parvenir, elle va consentir un effort significatif, puisqu’elle va investir quelque 100 millions de francs, rien qu’en Suisse, dans son appareil de production et dans la recherche et le développement ces prochaines années. Et ce n’est pas tout. La construction d’un bâtiment de plus de 5400 m2 au Brassus (VD), devisé à 30 millions de francs, est à bout touchant. Le site devrait être opérationnel cette année encore. La production suivra la même courbe ascendante. Vacheron Constantin prévoit d’élaborer, à terme, (d’ici à trois à quatre ans) 35 000 garde-temps mécaniques, contre 24 000 l’an dernier.

L’approche se veut aussi – et peut-être surtout – qualitative. La société, à l’horizon 2016, ambitionne d’estampiller 100% de ses mouvements mécaniques avec le Poinçon de Genève, contre 80% à ce jour. Une fois tous ces projets achevés, Vacheron Constantin, acquise par Richemont en 1996, emploiera près du double de personnes qu’aujourd’hui, avec des effectifs qui devraient passer à environ 1300 collaborateurs d’ici à huit ans.

Depuis trente ans dans l’entreprise et patron depuis 2005, Juan-Carlos Torres continue, en outre, de verticaliser la production, renforçant ainsi le statut de manufacture de Vacheron Constantin. Récemment, elle a pris une participation de 50% dans l’entreprise Les Cadraniers de Genève, qui compte 20 employés. Et désormais, la marque dispose d’une cellule qui lui est entièrement destinée au sein de Donzé & Baume, fabricant de boîtiers et de bracelets de montres, par ailleurs filiale de Richemont. «La sécurisation de notre approvisionnement est vitale. Ces efforts vont être poursuivis», révèle Juan-Carlos Torres.

«J’ai la sérénité de l’histoire de la marque avec moi, et celle de la vision à long terme. Plus que jamais, il faut voir loin et anticiper. Nous ne voulons pas faire toujours plus, mais toujours mieux», rétorque-t-il, soulignant l’aspect fondamental du développement qualitatif. Dans l’immédiat, Vacheron Constantin se réjouit de la petite dépréciation, depuis plus de deux semaines, du franc face à l’euro. Il espère que ce phénomène perdure et se renforce même.

Au niveau des entrées de commandes enregistrées au SIHH, le patron se dit agréablement surpris. Elles sont particulièrement nombreuses en provenance de l’Australie, de la Corée, de Taïwan et de Singapour. Même la Chine a passé davantage de commandes que l’an dernier, mais pas encore à un rythme similaire à celui observé il y a deux ans. Il faudra attendre le printemps, avec la mise en place du nouveau gouvernement, pour que la mécanique chinoise soit pleinement relancée. En ce qui concerne l’extension de son réseau, la marque va encore dé­velopper sa présence en Chine, mais aussi aux Etats-Unis. Plusieurs ouvertures de boutiques y sont prévues. L’Amérique latine est également dans son viseur. «Un continent très prometteur. Et pas seulement le Brésil», d’après Juan-Carlos Torres. Vacheron Constantin ne publie pas ses résultats ­financiers détaillés (voir infographie).



Bastien Buss
LE TEMPS