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Face au dollar, la devise suisse serait 63% trop chère, calcule «The Economist»
La guerre des monnaies n’est pas le seul apanage des marchés financiers ou de quelques politiciens. Elle fait aussi rage dans certaines assiettes. Le célèbre Big Mac Index, publié deux fois par an par The Economist depuis 1986, s’est invité au menu des hostilités. Voici le hors-d’œuvre pour se mettre en bouche: le yen a perdu près de 20% de sa valeur face au dollar en trois mois, l’euro bat de nouveaux records face au dollar, soit son plus haut niveau depuis mi-2011, et le franc a entamé depuis plusieurs semaines un régime minceur face à la monnaie unique tandis qu’il a plutôt pris de l’embonpoint vis-à-vis du billet vert. C’est dans ce contexte que le Big Mac Index risque encore davantage de gâcher le repas. Comparant le prix du hamburger homonyme dans différents pays, avec comme monnaie de référence le dollar, il révèle une survalorisation de 63,1% du franc face au billet vert.
Le sommelier met cependant très vite en garde contre tout risque de surinterprétation: si, pour analyser les déséquilibres entre les devises, l’hebdomadaire britannique utilise la notion de parité de pouvoir d’achat (PPA), le coût du travail local n’est, lui, pas pris en considération. Ce qui peut expliquer une partie des différentiels.
Ramifications politiques
Reste que, de l’avis unanime des spécialistes, le franc est clairement surévalué. Face autant au dollar qu’à la devise européenne, mais peut-être pas dans les proportions énoncées par le hamburger. Une situation qui risque d’ailleurs de perdurer, selon Bernard Lambert, chef économiste à la banque Pictet. Elle s’explique notamment par l’avance que la Suisse possède dans son cycle économique par rapport à nombre d’autres nations. Un phénomène soutenu par la croissance conjoncturelle, la progression de l’emploi et la santé du marché immobilier.
La Suisse n’est toutefois pas une exception. Le fameux hamburger, démontre aussi une surévaluation de l’euro. Soit de 11,7% en ce début d’année, le prix moyen du Big Mac dans la zone euro s’établissant à 3,59 euros, ou 4,8 dollars (6,50 francs jeudi à Neuchâtel). Plusieurs responsables de la zone euro, dont François Hollande, se sont d’ailleurs inquiétés ces derniers jours de la hausse de la monnaie unique et de son éventuel impact sur la reprise économique.
Le franc ou l’euro ne sont cependant pas les seules devises surévaluées. Dix monnaies au total s’avèrent trop chères, d’après le Big Mac Index. Sans surprise, les devises refuges arrivent en tête de classement.
Bastien Buss
LE TEMPS |