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Bien sûr, on n'est pas obligé de n'inventer que des chef-d'oeuvre immortels, mais à quoi bon mettre sur le marché des montres aussi moches et aussi dénuées de tout intérêt ? Les traditions et la réputation de l'horlogerie française méritent mieux que tous ces nouveautés inutiles, sinon pour faire tourner les usines chinoises qui déshonorent le vrai « Made in France »...
L'HORLOGERIE FRANÇAISE À BASELWORLD
« Une tradition de créativité, de qualité, de diversité »
C'est toujours une promesse de bonheur de recevoir un dossier de presse consacré aux créations de l'horlogerie, bijouterie et joaillerie françaises pour Baselworld 2013 (diffusion Comité Francéclat). Un pays qui a donné naissance à la tradition de la belle horlogerie (l'école de Blois, les huguenots chassés de France), qui a co-inventé le chronomètre de marine, qui a inventé les fabriques d'horlogerie pré-industrielles (Japy), qui a permis à Breguet de passer à la postérité, qui a lancé les premières montres-bracelets automatiques (Leroy) et qui a fait de Cartier une marque-phare dans le monde entier, un tel pays ne peut que briller à Baselworld. Un pays comme la France, qui a donné à l'horlogerie suisse tout son relief contemporain, avec des personnalités créatives comme Richard Mille, François-Paul Journe, Robert Greubel, Vianney Halter ou Bernard Richards - pour ne citer qu'eux -, ainsi que de nombreux designers - impossible de tous les citer -, des dizaines de présidents de marques et la moitié du personnel de la montre suisse, un tel pays a forcément quelque chose à dire aux visiteurs de Baselworld...
Sauf que le dossier de presse de Francéclat s'avère tout simplement consternant : la quantité y est (24 marques), mais on y cherche la qualité, à une poignée d'exceptions près. On y cherche les montres "porteuses de rêves, d'émotions, de séduction" annoncées. On s'y désole de ne pas trouver la trace de cet "esprit créatif alliant tradition et innovation, audace et mesure, luxe et authencité, toujours empreints de cette French Touch symbole de l'art de vivre à la française". Surtout quand on prétend répondre aux attentes du "consommateur d'aujourd'hui, qui se caractérise par une quête incessante d'expériences, de changements, d'innovations, démotions et de sensations, mais aussi par un profond attachementà se sracines, aux valeurs anciennes, à la tradition, à l'histoire"...
Tous les mots y sont : c'est ce qu'on appelle les éléments de langage, indispensable dans toute communication. Mais que met-on en face de ces mots ? Qu'est-ce qui peut correspondre, dans l'offre sélectionnée pour Baseworld, à ces "nouvelles créations françaises qui sauront, du produit accessible et édité en série limitée jusqu’aux pièces uniques ou réalisées sur mesure, séduire une clientèle exigeante, sensible à l’esthétique, désireuse d’affirmer sa singularité au travers de modèles originaux et élégants, gages de savoir-faire et d’authenticité". Là, on sèche ! À chacun de se faire un idée de l'étiage créatif français : pour une fois, les absents ont raison - on n'a sélectionné ici que les montres les plus moches. Et encore, on aurait ajouter une bonne quinzaine de montres à celles qui présentées ci-dessus ! Avec nos excuses aux designers qui ont travaillé sur ces pièces : personne ne doute qu'elles ont été expressément commandées sous cette forme et approuvées par des marques qui n'ont pas forcément tout compris de l'horlogerie contemporaine...
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