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Economiesuisse désamorce les critiques sur sa campagne après le succès de l'initiative contre les salaires abusifs qu'elle combattait.
Selon son directeur Pascal Gentinetta, economiesuisse essuie les plâtres parce qu'elle s'est retrouvée en première ligne sans l'avoir cherché.
«Ce n'est pas nous qui avons cherché à nous mettre sous les feux de la rampe», déclare Pascal Gentinetta, contacté lundi par l'ats. Et le directeur de constater que son organisation s'est retrouvée contre son gré dans la position de Goliath contre David.
«Je constate simplement que les ténors des partis bourgeois ont été moins visibles que dans d'autres campagnes de votations. Par leur absence, notre campagne s'est retrouvée au centre de toutes les discussions», a-t-il précisé à l'ats.
La faîtière de l'économie n'en a pourtant pas fait plus que d'habitude. «Nous avons réalisé le même travail que lors d'autres votations. Il en est de même du budget, dont le montant - entre 5 et 8 millions, répète Pascal Gentinetta qui précise que les comptes de campagne sont en cours de bouclement - est comparable à ceux d'autres campagnes telles que celle contre l'initiative de l'ASIN, le texte fiscal du PS ou en faveur des bilatérales.
«Notre engagement financier était alors aussi substantiel, voire plus élevé, que contre l'initiative de Thomas Minder. Mais personne ne s'en est offusqué», affirme Pascal Gentinetta.
Le PLR écarte les reproches
Le PLR n'accepte pas ce constat. Lorsque Pascal Gentinetta critique les partis bourgeois, ces reproches ne s'adressent pas au PLR, écrit le Parti libéral-radical dans sa réponse à l'ats. Et sa porte-parole Aurélie Haenni de préciser que, «selon presque tous les sondages, nous sommes le seul parti bourgeois dont la base a tenu le cap durant l'entier de la campagne».
Le PLR souligne que ses parlementaires nationaux se sont déplacés pour défendre le contre-projet indirect dans pratiquement toutes les assemblées cantonales et dans de nombreuses sections. «Les rares fois où economiesuisse a fait appel à nous, nous leur avons fourni des orateurs», insiste le PLR pour prouver qu'«il n'y a aucune absence d'engagement» de sa part.
Alors que le PDC n'a pu être contacté, l'UDC a pour sa part estimé qu'economiesuisse doit tirer les enseignements de la campagne. «Il s'agit de garder les pieds sur terre, en utilisant un langage suffisamment clair pour que le message soit compris des citoyens», a dit à l'ats le président du groupe parlementaire UDC Adrian Amstutz.
Pas porter le chapeau
Refusant de faire porter à la seule economiesuisse le poids de la défaite, son directeur Pascal Gentinetta écarte aussi toute contestation interne. Du moins pas sur la campagne contre cette initiative. Il n'y a pas, selon lui, d'opposition entre PME et grands groupes au sein d'economiesuisse sur cette question.
La décision de combattre le texte de Thomas Minder a été prise à l'unanimité de toutes les instances représentant un large panel de toutes les branches et Chambres de commerce cantonales. Mais l'opinion publique était fortement cristallisée, à 75-80% pour l'initiative. «Nous sommes partis au combat sachant que nous avions très peu de chances de gagner», relativise le directeur d'economiesuisse.
Economie pas divisée
Comme après chaque campagne, qu'on gagne ou qu'on perde, on procédera à une auto-critique, a précisé Pascal Gentinetta qui souligne que la situation de départ était très défavorable. Sur cette base, on tirera les enseignements nécessaires aux prochaines votations. Les milieux économiques ne se sont pas divisés après cette défaite.
Si economiesuisse n'apparaîtra pas en première ligne de la prochaine campagne contre l'initiative sur les salaires des Jeunesses socialistes, dite 1:12, ce n'est pas par défiance ou sanction, mais en fonction d'une répartition des tâches entre elle-même et l'Union patronale suisse. Selon un accord, cette dernière prend en charge les sujets concernant les assurances sociales et le marché du travail.
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