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Braquages : les bijoutiers sonnent l'alarme
 
Le 11-10-2007

Les vols à main armée, comme celui de l'avenue Montaigne samedi, ont augmenté de 52 % l'année dernière. La profession se mobilise.

TRENTE millions d'euros. Telle est la dernière estimation du butin record raflé en quelques minutes samedi dernier par le gang qui a braqué Harry Winston, joaillier des princesses et des stars sur l'avenue Montaigne, à Paris. « Des professionnels », grincent les enquêteurs. Les malfaiteurs, au nombre de trois ou quatre, ont agi avec un calme déconcertant. Encagoulés et munis d'armes de poing, ils ont fait irruption vers 10 heures dans la boutique. Parfaitement renseignés et minutant leur hold-up, ils ont neutralisé les six employés qui se présentaient au travail avant de se faire ouvrir les coffres abritant une collection exceptionnelle de bijoux et des pierres précieuses. « Il y avait aussi un lot de montres dont la moins chère valait 15 000 euros, précise une source informée. Mais cela semble anecdotique au regard des parures disparues... »

Cet audacieux hold-up ravive le débat sur la sécurité dans le milieu feutré de la bijouterie- joaillerie. Pas moins de 253 agressions ont visé ce secteur l'année dernière, soit une hausse de 20 % par rapport à 2005. N'hésitant pas à comparer 2006 à une « période charnière dans l'évolution de la criminalité », un récent bulletin d'alerte interne émis sous l'égide de la Fédération des bijoutiers, et dont Le Figaro a eu connaissance, dresse, statistiques à l'appui, un préoccupant état des lieux. Si les cambriolages ont reflué de 8 %, les vols à main armée ont quant à eux explosé de 52 %, passant de 88 à 134 l'année dernière. « Les forfaits sont presque toujours perpétrés aux moments clefs de la vie d'une boutique, insiste le document. Les débuts de matinée, comme les fins de soirée, sont des phases critiques où la vigilance des personnels peut avoir tendance à se relâcher. »

Six cas de séquestration depuis le début de l'année

Pour éviter tout débordement, les malfrats ciblent les créneaux horaires où la clientèle est réduite. Face à la sophistication des sas et des alarmes électroniques, ils font en revanche preuve d'une violence inédite. « Il n'est plus rare qu'un commerçant, devenu le maillon faible, se retrouve avec un pistolet sur la tempe », déplore Bernadette Pinet-Cuoq, présidente déléguée de l'Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles (BJOP). Un tiers des attaques se soldent par des atteintes physiques. Et les coups pleuvent à la moindre résistance. Certains commandos recourent même à la séquestration à domicile : femmes ou enfants de propriétaires de collections ou de magasins sont pris en otage le temps d'obtenir le numéro du coffre-fort. Six affaires ont été recensées depuis le début de l'année. Dans le même temps, les bijoutiers ont subi une soixantaine de vols à main armée.

Côté cambriolages, Paris et sa couronne restent un théâtre privilégié : « Par les toits, par les caves ou les murs mitoyens, les équipes de professionnels ne reculent devant rien pour s'introduire dans les magasins, relève la note d'alerte. Presque toujours, ce sont les vitrines qui font les frais de ces audacieuses atteintes... » L'explosif n'est utilisé que de manière rarissime. Avenue Montaigne, samedi, le commando n'a pas eu à faire parler la poudre.

Les bijoux volés seront démontés et les pierres retaillées, ce qui leur fera perdre 80 % de leur valeur marchande. Il faut remonter à septembre 2004 pour trouver un butin du même ordre : deux diamants, d'une valeur totale de 11,5 millions d'euros, avaient été volés à la Biennale des antiquaires du Louvre, à Paris. Les pierres n'ont toujours pas été retrouvées.

Le Figaro.fr

 



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