|
La croissance du PIB pourrait être meilleure qu’attendu. Les exportations seront l’un des principaux leviers
Credit Suisse l’a affirmé cette semaine. L’économie helvétique a surmonté le choc de l’appréciation du franc. C’est la première fois que des économistes le disent de manière aussi péremptoire. Si l’on en croit la deuxième banque du pays, il aura donc fallu trois ans pour digérer les turpitudes de la devise nationale. «L’industrie d’exportation a franchi le creux de la vague et ainsi vu sa situation s’améliorer. Pour 2013, nous tablons sur une progression des exportations dans de nombreux secteurs», s’est réjoui l’établissement dans son moniteur conjoncturel pour le premier trimestre de l’exercice en cours, un document publié jeudi. Le tourisme représente cependant toujours une exception.
Alors que Credit Suisse faisait déjà partie des instituts les plus optimistes en ce qui concerne les prévisions économiques, la banque a confirmé ses attentes. Et ce en dépit d’un contexte économique compliqué et d’un franc toujours surévalué. Sur l’ensemble de l’année, la banque prévoit une croissance de 1,5% du produit intérieur brut (PIB) pour la Suisse. Soit une accélération par rapport au 1% de l’année précédente.
Credit Suisse estime que la situation sur le front des changes devrait continuer à se détendre durant l’année. Tandis que la parité franc-euro s’est éloignée du seuil de 1,20 décidé par la Banque nationale suisse depuis le début de l’année, la banque prévoit une dépréciation progressive du franc suisse face à la monnaie unique dans les mois à venir. «Une valeur de 1,30 à la fin de l’année nous semble réaliste», s’enflamme même la banque. De quoi rendre encore plus compétitifs les produits suisses à l’exportation, ou alors enfin d’accroître les marges des entreprises. «La conjoncture suisse résiste mieux que prévu et je rehausse aussi très marginalement ma prévision de croissance», témoigne Roland Duss, directeur de la recherche de la banque Gonet. Il souligne que la consommation, pilier de la dynamique suisse, bénéficie d’une très modeste hausse des salaires réels et, surtout, que le chômage se stabilise (à 3,4% en février). Ainsi, comme l’épargne est jugée abondante, le consommateur a suffisamment de pouvoir d’achat et en fait usage.
«Le fléchissement du franc, tant vis-à-vis de l’euro que du dollar, soutient les exportations vers les pays émergents, alors que notre principal partenaire commercial, l’Allemagne, demeure bien orienté. Il en résulte que nos exportations resteront soutenues et progresseront», d’après Roland Duss.
Le panel des experts sondés par l’institut conjoncturel zurichois KOF partage également ce sentiment de regain de confiance. Les 20 économistes interrogés par le KOF en mars s’attendent à des exportations en hausse de 2,7% sur l’année alors que le consensus ne misait que sur 2,2% en décembre. Credit Suisse augure même une augmentation réelle de 4% des exportations. Le panel du KOF n’en relève toutefois pas encore ses anticipations pour le PIB, les maintenant à une croissance de 1,2%. Un pas qu’a toutefois déjà franchi l’institut conjoncturel bâlois BAK. Ce dernier table désormais sur une progression de 1,4% du PIB cette année. Jusqu’ici, il pronostiquait une croissance de 1,2%.
Du côté des risques qui menacent l’économie suisse, ils sont connus et demeurent les mêmes qu’il y a quelques mois, comme les incertitudes liées à la situation européenne. Elles semblent toutefois s’atténuer légèrement. En ce qui concerne la Suisse, seules une brusque interruption de l’immigration, une envolée subite des taux d’intérêt ou une augmentation massive du chômage dans le pays pourraient mettre en péril le rebond, d’après Credit Suisse.
«Or, aucun de ces scénarios catastrophes ne nous semble probable, jusqu’en 2014 inclus», estime la banque. D’ailleurs, elle s’est déjà risquée à faire un pronostic pour l’année prochaine: le PIB suisse pourrait progresser de 2%.
Bastien Buss
LE TEMPS
|