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«Il devient toujours plus compliqué de trouver le personnel adéquat dans l’horlogerie»
 
Le 11-03-2013

Marc Alexander Hayek évoque un très bon début d’année. La Chine n’inquiète pas le patron des marques Breguet, Blancpain et Jaquet Droz, appartenant à Swatch Group

C’est l’héritier de la famille Hayek. Représentant de la troisième génération du clan horloger, Marc Alexander Hayek est destiné à reprendre un jour les rênes de Swatch Group. Son implication est déjà multiple. Membre de la direction générale depuis 2005, après avoir été appelé à la direction générale élargie du groupe en 2002, il dirige Breguet, Blancpain et Jaquet Droz.

Le Temps: Comment se sont comportées vos trois marques en 2012?

Marc Alexander Hayek: Je suis assez satisfait dans l’ensemble. Les trois marques sont parvenues à accroître leurs chiffres d’affaires. Avec une progression à deux chiffres pour chacune d’entre elles. Mais nous aurions pu faire mieux encore.

– C’est-à-dire?

– Nous avons connu des difficultés au niveau de la production. Notre offre n’a pas pu répondre entièrement à la demande. Les capacités étaient trop limitées pour Breguet en début d’année et en deuxième partie d’exercice pour Blancpain. Produire toujours davantage est une véritable gageure. On ne peut pas décréter du jour au lendemain qu’il faut augmenter les volumes de 3000 pièces ou davantage. Cela prend du temps. D’ailleurs, nous ne voulons absolument pas faire de forcing.

– Du coup, les clients doivent patienter?

– En effet. La problématique est cependant horizontale, avec des délais à tous les niveaux de la production. Deux exemples suffisent à comprendre cet effet domino sur l’ensemble de la chaîne. Il y a ainsi un temps d’attente de cinq semaines pour de toutes petites pièces de rouage. Mais le problème s’étend aussi au décolletage au vu de la complexité de nos composants. Du coup, cela se répercute jusqu’au client final.

– La limite serait-elle donc uniquement au niveau de l’outil de production?

– Avec Breguet, nous avons atteint 30 000 pièces l’an dernier. Chez Blancpain, nous dépassons maintenant les 20 000 montres. Quand j’ai repris la direction de cette marque, en 2002, nous produisions 3000 montres. Voyez plutôt l’évolution en peu de temps. Faire plus, comme déjà mentionné, serait dangereux. Nous ne nous rendrions pas service, ni bien sûr à nos clients. Pour Jaquet Droz, nous arrivons encore à suivre le rythme étant donné les quantités plus limitées, avec 3000 pièces par année.

– On serait tenté de dire qu’il suffit d’engager du personnel…

– C’est bien plus facile à affirmer qu’à réaliser. Nous ne cessons d’ailleurs d’étoffer nos effectifs, et ce dans les trois marques. Mais il devient toujours plus compliqué de trouver le personnel adéquat. Ce phénomène ne touche plus seulement les horlogers qualifiés mais dorénavant également les polisseurs et bien d’autres activités horlogères connexes. Former une personne prend énormément de temps.

– Quels sont vos besoins pour cette année?

– Chez Blancpain et Breguet réunis, une trentaine de postes sont ouverts à ce jour. La première emploie désormais 700 personnes, la deuxième 900, en comprenant la manufacture de boîtes Breguet, et Jaquet Droz un peu moins.

– A combien s’est élevé le chiffre d’affaires de ces trois marques l’an dernier?

– Nous avons frôlé la barre symbolique du milliard de francs de ventes. Cette année, nous dépasserons sans problème le milliard. Plus de la moitié est réalisée avec Breguet.

– Comment se passe ce début d’année?

– Janvier s’est bien déroulé, malgré les nombreuses incertitudes qui planent encore sur l’ensemble de l’économie mondiale. Le fait que le Nouvel An chinois arrive plus tardivement cette année qu’en 2011 a également constitué un défi supplémentaire. En ce qui concerne février, cela a très bien fonctionné. Nous en sommes actuellement à une croissance à deux chiffres.

– Quelles sont vos priorités pour 2013?

– Elles sont de deux ordres. D’abord réduire les délais d’attente sur les pièces concernées. Ensuite, j’aimerais étendre encore la présence de Breguet en Chine. Pour l’heure, Blancpain bénéficie d’une plus grande notoriété que sa grande sœur dans l’Empire du Milieu. Il faut que cela change.

– En ouvrant par exemple des boutiques?

– Pas forcément. De manière globale, nous allons davantage rénover ou déplacer nos boutiques dans des endroits mieux placés dans les villes où nous sommes déjà présents. Dans l’absolu, le rythme d’ouverture de nouveaux points de vente va légèrement décélérer. Tout dépendra cependant des opportunités qui se présenteront et que nous saisirons bien évidemment. Il faut toutefois constater que l’achat ou la location dans certaines villes est devenu hors de prix. Une quarantaine de boutiques par marque devrait être un maximum pour atteindre un quart du chiffre d’affaires total, ainsi que quelque 500 points de vente pour Blancpain et 450 pour Breguet.

– La Chine a interdit les publicités des produits de luxe, comme les montres, à la TV et à la radio. Cela vous inquiète-t-il?

– Pas vraiment. La Chine est et restera de toute manière un débouché très important, comme les Etats-Unis. La clientèle chinoise fait déjà preuve de plus de sensibilité pour la tradition horlogère. C’est un pays de connaisseurs. Lesquels continueront d’apprécier les montres suisses. En dépit du ralentissement observé dans le pays l’an dernier et du tourisme d’achat, il ne faut pas croire que les Chinois n’achètent plus. Ils continuent au contraire de plébisciter fortement nos produits.

– A plus long terme, quelles sont vos perspectives?

– Il est toujours plus difficile d’aligner exercice après exercice des taux de croissance de 20 ou 25%, voire davantage. Bien sûr, nous visons toujours plus haut et ces niveaux me raviraient. Toujours est-il qu’il y a encore de la place pour réaliser de beaux résultats. Je pense que nous pouvons parvenir à des progressions de l’ordre de 10%. Au moins pendant plusieurs années. Nous ne sommes qu’au début d’un long cheminement, qui reste très positif.

– Et pour Breguet?

– Mon objectif, et j’imagine que cela ferait plaisir à mon grand-père ndlr: Nicolas Hayek, fondateur du groupe et décédé à l’été 2010], est de parvenir assez rapidement à un milliard de francs de chiffre d’affaires. Chez Breguet, la limite au niveau de la production se situe entre 40&

 



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